Le premier mixtape solo de Future en huit ans, le brut et immédiat Mixtape Pluto, arrive comme une rechute, ramenant à la surface les démons familiers qui hantaient ses projets sombres, nocturnes et torturés comme Monster et 56 Nights il y a une décennie.
C’est une dose rapide de réalité au milieu d’une année de 12 mois marqués par des succès comparativement plus luxueux et cinématographiques. Ses collaborations avec Metro Boomin, We Don’t Trust You en mars et We Still Don’t Trust You en avril, ont toutes deux atteint la première place, offrant aux fans près de deux heures et demie de trap-pop luxueuse, cinématographique et à la pointe de la technologie. À juste titre, il pourrait continuer à briller aux côtés de The Weeknd et Kendrick Lamar, en faisant des raps langoureux sur des samples des Isley Brothers et en sortant des bangers trap avec Travis Scott et Playboi Carti. Mais au lieu de ça, Mixtape Pluto est plus sombre et nocturne, hédoniste à un moment, puis rempli de regrets l’instant d’après, débauché mais blessé. Ou, comme il le rappe dans South of France : «Gotta talk about my dark days so you can see my light».
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Le côté fuckboy de Future, rendu célèbre par des morceaux comme Low Life en 2016, se pavane ici avec des histoires de virées de magasinage, de dépresseurs et de sa sexualité débridée, mais — crucialement — ne semble jamais vraiment satisfait. Il s'achète une flotte de voitures de luxe tout au long de l'album — Bugatti, Ferrari, Rolls Royce Spectre, Mercedes Benz G-Wagon — mais souligne qu'il les conduit de façon imprudente, trop vite et du mauvais côté de la route. Le morceau phare de l’album, Too Fast, est un classique-en-devenir du hip-hop, qui raconte la chute face aux tentations du succès, mais racontée dans le style inimitable de Future. Son argent est dépensé et redépensé pour emmener une fille à Rodeo Drive à Beverly Hills et au Design District à West Hollywood, en mentionnant Hermès, Chanel, Bvlgari, Pucci, Patek et Richard Mille au passage — la twist est qu’il n’est même pas sûr qu’elle lui plaît.
Les chansons légères de deux minutes sur Mixtape Pluto sont en net contraste non seulement avec les vibes hypnotiques et narcotiques de ses albums studio, mais aussi avec les mixtapes classiques auxquels cet album fait écho. Bien que cela ressemble à des démos, les morceaux sont loin d’être bâclés: Future expérimente avec des flows et des voix, devient parfois très verbeux et ne laisse aucune place aux featurings. Produit par une équipe de producteurs habituels — principalement Southside, vétéran de Monster, et Wheezy, le créateur de Pushin' P — les morceaux sont marqués par cette légère distorsion de SoundCloud, classique du son des mixtapes.
Dans Mixtape Pluto, Future titille ses blessures familières, exposant les excès d'une vie décadente tout en les confrontant à leurs conséquences. Les lignes les plus dégoûtantes de l'album, où il évoque débauche et sexe anonyme, ne sont jamais très loin de morceaux comme Lost My Dog, une histoire où il parle de la perte d’un ami à cause du Fentanyl, avec le vers : «Drogues dans mon corps, je pleure encore pour toi». Treize ans et 10 albums numéro un après avoir explosé avec Tony Montana, Future continue de montrer que la vie de Scarface apporte à la fois des hauts enivrants et des bas cruels.
*** 1/2