Près de 10 ans après le succès de son premier album, le duo montréalais Milk & Bone, formé de Camille Poliquin et de Laurence Lafond-Beaulne, fait paraître un nouvel EP, Baby Dreamer. Conçu et enregistré entre Los Angeles et Montréal, ce projet de cinq chansons a été réalisé en collaboration avec Micah Jasper, à qui l'on doit entre autres des chansons de Rebecca Black et Ashnikko.
«On a fait une session avec Micah à L.A il y a deux ans, mais entre temps, on a fait des spectacles et il s’est écoulé presqu'un an avec qu’on puisse revenir à ces chansons-là et en écrire d’autres, dit Laurence Lafond-Beaulne. Ça nous a laissé le temps de créer des chansons, de faire nos trucs et de revenir avec une vision plus fraîche et du recul. Se demander si on les aime encore, lesquelles fittent ensemble. Le recul, c’est quelque chose qu’on a rarement, dans la création, avec tout ce qui se passe dans nos carrières, toutes les tâches connexes.»
Les tâches connexes, c’est vrai qu’elles les empilent! En plus de leur œuvre avec Milk & Bone, les deux musiciennes de formation entretiennent des carrières solo, mais collaborent aussi (entre autres) sur des compositions de bandes originales pour des jeux vidéo. FORGONE, le plus récent single tiré de ce nouvel EP, se retrouve également dans la bande originale du jeu Lost Records : Bloom & Rage, qu’elles ont composé deux ans après avoir signé celle du jeu Atom Eve.
Sur Baby Dreamer, toutefois, le duo opte pour un son moins expansif, qui saura plaire à ceux qui les ont connus à l’époque de Little Mourning. «Camille et moi, on avait envie d’aller chercher l’essence et l’intention qu’on avait quand on a fait les deux premiers albums. Dans la composition et l’écriture, il y a une belle naïveté. Tout n’est pas parfait et c’est ce qui fait que c’est beau. J’ai trouvé chouette que les cinq pièces soient toutes très différentes. Quand je les écoute, je retrouve des échos de ce qu’on faisait à nos débuts.»
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Two Little Mountains ouvre ce nouvel EP avec un trip-hop minimaliste et entraînant qui rappelle effectivement les qualités sensuelles des débuts du groupe, et qui flottent au-dessus de tout le projet. La bien nommée Nectar a un côté langoureux qui se mêle parfaitement à la dream pop que pratique si bien le duo. L’excellent deuxième extrait, Baby Getz, évoque légèrement l’hyperpop de SOPHIE, dans sa façon de jouer entre douceur et fragilité, avant d’exploser en synthés et en percussions pesantes.
Autre rappel de leurs premiers projets, Camille et Laurence évoquent aussi le retour de leurs harmonies après avoir en quelque sorte séparé leurs tâches vocales sur Chrysalism, paru en 2022. «On avait envie de revenir à une certaine simplicité, de revenir à quelque chose qui vient chercher nos débuts, explique Camille Poliquin. Dans le sens où il y a une naïveté derrière faire de la musique, et une volonté de dire ‘On a fait des tounes, on trippe dessus, les voici’. Avec nos deux derniers albums, il y avait vraiment plus un univers concret pour ces pièces-là, alors qu’avec cet EP, il y a une certaine naïveté forcée».
Si Chrysalism transportait l’auditeur dans un univers intérieur profond, Baby Dreamer est, selon Milk & Bone, plus évocateur d’un lieu extérieur. Celui favori des Montréalais, pourquoi pas?
«Un parc le soir, suggère Camille, faisant glousser son acolyte. Tu viens de passer la journée au parc, tu te sens flirty, le soleil se couche et t’as envie de rester. Vous êtes seuls, mais en public. T’es avec quelqu’un, il y a plein de gens autour et c’est correct, parce que tu vis quelque chose de vraiment scindé avec quelqu’un.»
Baby Dreamer sort ce vendredi via le label vancouvérois Nettwerk. Le duo devrait le présenter sur scène à compter de ce printemps. D’ici là, Milk & Bone raviront leurs fans de la première heure puisqu’elles célébreront le dixième anniversaire de Little Mourning avec un spectacle à la Société des arts technologiques, le 7 mars prochain.