Ceci est la traduction adaptée d’un article de Jon Blistein, originalement publié par Rolling Stone le 30 juin 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Jury to Begin Deliberating Sean Combs Trial Today avec la permission de son auteur. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.
Après sept semaines d’audience, les accusations de trafic sexuel et de complot criminel visant Sean Combs sont désormais entre les mains du jury.
Le juge Arun Subramanian doit d’abord transmettre aux jurés, huit hommes et quatre femmes, ce qu’on appelle les «directives de délibération», un processus qui devrait durer quelques heures, avant qu’ils ne commencent leurs discussions. L’accusation et la défense ont toutes deux terminé leur présentation la semaine dernière, après leurs plaidoiries finales.
Combs est accusé de cinq chefs d’accusation criminels, dont complot de racket, deux chefs liés au trafic sexuel concernant deux anciennes compagnes, et deux chefs de transport en vue de se livrer à la prostitution. Il nie l’ensemble des faits qui lui sont reprochés.
Lors de son dernier réquisitoire jeudi dernier, la procureure fédérale Christy Slavik a qualifié Combs de «chef d’une organisation criminelle». Selon elle, il aurait eu recours à la violence, à la pression psychologique et à la honte pour contraindre des femmes à participer à des orgies sous drogue avec des escorts masculins, surnommées «freak-offs», pour satisfaire ses fantasmes candaulistes.
Slavik a affirmé que Combs «ne supportait pas qu’on lui dise non» et obtenait toujours ce qu’il voulait. Elle a également insisté sur le rôle de son entourage et de ses entreprises, qui, selon elle, le rendaient «encore plus puissant et plus dangereux», évoquant notamment des gardes du corps «armés et prêts à intervenir» face à toute menace perçue.
Durant sa présentation de cinq heures, Slavik a relié les témoignages de nombreux témoins, en particulier ceux des ex-compagnes et plaignantes Casandra «Cassie» Ventura et d’une femme identifiée sous le pseudonyme «Jane». Elle a rappelé que les deux femmes se sentaient «obligées» de participer, voire d’organiser elles-mêmes ces rencontres sexuelles pour satisfaire Combs.
Selon Slavik, Combs exigeait une «obéissance totale», et en cas de refus, il réagissait par des accès de violence, notamment envers Ventura, qui a témoigné de nombreuses violences conjugales. «Elle savait que tant qu’il était satisfait, elle était en sécurité», a résumé Slavik. «Si l’accusé voulait un freak-off, il y en aurait un.»
Pour obtenir un verdict de culpabilité sur le chef de complot criminel, la procureure a expliqué aux jurés qu’ils devaient simplement conclure que Combs et au moins un complice présumé s’étaient entendus pour commettre deux des huit actes dits «sous-jacents» énumérés dans l’acte d’accusation, parmi lesquels la corruption, le trafic de drogue, l’incendie criminel, l’enlèvement, le trafic sexuel, le travail forcé, l’intimidation de témoins ou le transport en vue de se livrer à la prostitution. Combs pourrait aussi être reconnu coupable de trafic sexuel s’il est établi qu’il a contraint les femmes à ne serait-ce qu’un seul rapport sexuel non consenti avec un travailleur du sexe.
Vendredi, l’avocat de la défense Marc Agnifilo a répliqué avec une plaidoirie véhémente, parfois sarcastique. Il a dénoncé un dossier «fabriqué», «exagéré», et une tentative excessive de criminaliser la vie sexuelle privée de l’entrepreneur. Selon lui, Combs menait simplement un «style de vie extravagant», ponctué de relations ouvertes avec des compagnes aimantes, de plans à trois dans des hôtels, d’usage récréatif de drogues, et, a-t-il admis, «de regrettables épisodes de violence domestique».
Agnifilo a soutenu que Combs n’était pas un parrain du crime, mais un «entrepreneur noir, autodidacte et à succès», ayant bâti «des entreprises admirables, sophistiquées et solides». Pour discréditer certaines preuves, il s’est moqué des perquisitions ayant permis de saisir des cartons de lubrifiant dans les résidences de Combs l’an dernier.
«Heureusement que l’unité d’intervention spéciale était là», a-t-il ironisé. «Ils ont trouvé l’Astroglide! Ils ont trouvé l’huile pour bébé! Et même cinq comprimés de Valium. Bravo les gars.» (Lors d’une pause, un procureur a jugé ces commentaires «profondément déplacés» et «totalement inappropriés», ce à quoi Agnifilo a répondu : «J’ai le droit d’être sarcastique.»)
En contestant les éléments reposant sur le témoignage de Ventura, Agnifilo a qualifié sa relation avec Combs de «grande histoire d’amour moderne» et s’est même montré ému en lisant des messages affectueux échangés entre les deux. Il n’a pas esquivé les épisodes de violence de Combs envers Ventura, dont la vidéo de surveillance devenue virale montrant une agression dans un hôtel. Mais selon lui, Ventura participait aux freak-offs de son plein gré et en retirait du plaisir.
«Elle est dans la cour des grands», a-t-il insisté. «Elle ne s’offusque pas pour si peu.»
De même, Agnifilo a prétendu que «Jane» avait apprécié ces rencontres, allant jusqu’à l’accuser d’avoir menti lorsqu’elle a affirmé que Combs l’avait étranglée, frappée et bousculée lors d’une altercation en juillet 2024 qui aurait conduit à un freak-off forcé.
En conclusion, il a exhorté les jurés à acquitter Combs: «Je vous demande d’avoir le courage de faire ce qu’il faut. Il est innocent. Rendez-le à sa famille, qui l’attend depuis trop longtemps.»
Dans sa réplique finale, la procureure Maurene Comey a dénoncé une défense reposant sur «excuse après excuse pour justifier des crimes inexcusables».
Sean Combs risque la prison à vie s’il est reconnu coupable de l’ensemble des chefs d’accusation.