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Shreez et l’art de l’ambition discrète

Avec son nouvel album, le rappeur montréalais livre un projet sans artifice où il transforme le «grind» quotidien en rêve.

Shreez et l’art de l’ambition discrète

Sur la pochette de On Frap II, le nouvel album du rappeur Shreez, on remarque un rappel à la couverture du premier volume. Si sur On Frap, le symbole > semblait indiquer que le rappeur faisait plus de ‘F’ que de ‘rap’, la tendance s’est désormais inversée.

Bien qu’il ait pris la décision consciente de quitter la vie de crime qu’il a connu pour se consacrer entièrement au rap, Shreez ne suit pas de stratégie de carrière soigneusement balisée. Il avance par instinct, porté par une énergie brute qui ne cherche pas à plaire, mais à sonner juste. Loin du storytelling prémédité, son écriture est directe, souvent composée sur place, en studio, lorsqu’un beat l’accroche ou qu’un hook lui vient spontanément. «Moi, je parle beaucoup de ce que je vis en ce moment. C’est le plus important dans le rap», dit-il simplement. Sans se vouloir un album-concept, on retrouve tout de même sur On Frap II une cohérence organique, inspirée par des faits vécus.


Ce présent, il le vit avec un vocabulaire qui lui appartient. Une des forces de l’album réside dans cette langue hybride, dense, faite de joual, de franglais, de termes du trap et de références culturelles locales. On n’y comprend pas toujours tout à la première écoute si l’on ne comprend pas cet univers, et c’est volontaire. Comme dans VPN, lorsqu’il rappe «J’me rappelle, j’me réveille, j’achète une liste/VPN, j’laisse aucune piste», une phrase simple mais qu’il serait difficile d’expliquer à ses grands-parents. Shreez ne simplifie pas son lexique pour plaire à un public plus large.

«Y’en a qui m’écrivent pour me demander ce que certaines choses veulent dire, mais c’est comme quand moi j’écoutais Gucci Mane, je comprenais rien de ce qu’il disait, mais j’ai cherché à comprendre. Et t’as aussi des Français qui sont jamais venus ici et qui connaissent tous les slangs de Montréal. Si tu veux, tu vas finir par comprendre.» Ce refus de traduction n’est pas un repli, mais un geste d’affirmation. Son accent, ses expressions, son univers lyrical; tout ça fait sa signature.

De rester fidèle à lui-même ne veut pas pour autant dire de rester confiné à son bloc. Le projet multiplie les connexions grâce aux fruits du hasard, notamment avec la France, où il collabore avec des artistes comme BARA, La Kadrilla ou Jogga. Plus récemment, le rappeur s’est également rendu au Brésil, pour y tourner deux vidéoclips.

Ambitieux, Shreez a également passé les six derniers mois à préparer On Frap, une série animée en huit épisodes, réalisée par MtlSide, qui retrace des moments marquants de la vie du rappeur. Dans le premier épisode, qui accompagne la chanson David Villa, Shreez revisite par exemple le moment où il a troqué son bâton de hockey pour un style de vie plus oisif.

Ce regard brut qu’il porte sur sa vie s’accompagne pourtant d’une forme de sagesse discrète. Shreez ne mise pas sur la hype, ni sur le buzz. Il parle de continuité, de travail, d’une vie à construire. «Le jour où je pourrai mettre ma mère à la retraite et que mon fils sera inscrit au collège, là j’aurai fini», dit Shreez.

Cette rigueur se manifeste aussi dans la forme de l’album. On Frap II est probablement le projet le plus abouti de Shreez, avec une réelle attention au détail, comme le fait que chaque chanson s’enchaîne avec une transition. L’univers visuel, notamment la série animée créée autour du projet, prolonge cette logique. «Il faut l’écouter de 1 à 14, sans skips. C’est une expérience.» Pour la première fois, Shreez dit avoir voulu construire quelque chose de complet. Le pari est gagné.

Les spectacles de lancement de On Frap II auront lieu le 25 avril à l’Anti, à Québec, et le 2 mai au Club Soda de Montréal.

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