Décidément, de plus en plus d'artistes québécois font fi des conventions et choisissent de sortir leurs nouveaux albums sans préavis. Après Ariane Moffatt en mars et Lou-Adriane Cassidy plus tôt ce mois-ci, Tire le coyote fait paraître ce mercredi une nouvelle collection de chansons.
Intitulé Ventouse, ce nouvel album du prolifique auteur-compositeur-interprète a été créé dans l’urgence, en réaction aux politiques de l'administration Trump. Dans une déclaration transmise par communiqué, Benoit Pinette détaille sa démarche avec la plume sensible et poétique qu’on lui connait.
«Cet album a été enregistré seul, à la maison et au chalet, sur un vieux 4 tracks Yamaha MT4X. Toutes les chansons ont été écrites et composées à partir de février 2025, suite à l’assermentation de Donald Trump, au salut nazi d’Elon Musk, à la visite de Zelensky à la Maison-Blanche, à la signature de nombreux décrets, à l’intimidation décomplexée et aux autres aberrations générées par le dirigeant des États-Unis et son équipe (qui ont une incidence sur le reste du Monde). Elles sont chargées de colère, d’indignation, d’inquiétude et malgré tout, d’un désir profond de communion.»
Animé d’un besoin viscéral de solidarité, Tire le coyote poursuit : «J’ai osé croire en la grandeur de l’Homme. Sans doute parce que c’est la promesse que nous fait l’enfance; une sorte de réflexe de survie, de pied de nez à l’impuissance, de patriotisme existentiel nous servant de moyen de transport jusqu’au fil d’arrivée. Ou est-ce simplement le trésor caché de l’innocence? Je ne sais pas. Chose certaine, avec le temps, la colonne vertébrale des espérances penche de plus en plus. C’est d’ailleurs ce qui s’avère parfois déchirant en vieillissant; le constant que plusieurs idéaux qui nous accompagnent et nous permettent d’habiter l’humanité devront être abandonnés. Parce que trop prenants, trop énergivores, parce que visiblement inatteignables. Parce que le monde semble préférer revisiter ses innombrables bavures, plutôt que d’avancer vers des zones inédites et prometteuses.»
La réflexion de l’artiste se nourrit d’une phrase évocatrice de l’écrivain français Christian Bobin: «Il faut désormais une puissance surhumaine pour rester humain.»
«Voilà. Rester humain. La tâche est certainement plus ardue que jamais, mais devant l’ampleur de la connerie, il nous faut tempérer cet éloignement de ce qui nous constitue. Voir, contempler, être, aimer, résister. Ensemble. Justement, est-ce que la plus noble des résistances ne serait pas l’audace de rester humain quand tout pointe vers l’égocentrisme et le pouvoir qui corrompt? Parce que je sais qu’au bout de l’effort, au bout de la peur aussi, quand on ose s’y rendre, quelques suppléments d’âme nous attendent. Ce sont eux, j’ai l’impression, qui permettront à l’espoir de pousser là où il se fait rare.»
Tire le coyote poursuit jusqu’à l’hiver prochain la tournée de son album Dynastie, sorti l’automne dernier, aux quatre coins du Québec. Il sera notamment en spectacle le 4 juin à Gatineau, le 19 juin aux Francos de Montréal et le 9 janvier en concert symphonique à la Place-des-Arts.
Une édition vinyle de Ventouse sera offerte au courant de l’été.