Pendant des années, Christian Sean a opéré dans l’ombre. Guitariste et claviériste sur scène aux côtés d’Aliocha Schneider, Geoffroy et Sophia Bel, ou en studio à façonner le son des autres, il a longtemps été un architecte sonore plutôt qu’un visage public. Quand il ne faisait pas office de musicien de session appliqué, Christian nourrissait un autre projet en secret: un album entièrement façonné à son image, sans compromis ni contrainte. Aujourd’hui, il se dévoile enfin avec Hallelujah Showers, un album où il s’autorise à être pleinement lui-même.
Ce premier album d’indie-pop innovante nous plonge dans une marée sonore expérimentale aux mélodies limpides.
«J’ai été longtemps musicien de tournée dans plusieurs projets. J'ai fait beaucoup, beaucoup de tournées. Donc un peu entre mes contrats, je travaillais sur mon album, sans ambition. C'est ça qui a été vraiment libérateur, dit Christian Sean. Au début, c'était vraiment juste une collection de chansons.»
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Ça donne une œuvre qui mêle des harmonies vocales sensuelles à des sons électroniques texturés. On s’y confronte à toutes sortes de contrastes, on navigue des tensions émotion brute et expérimentation technique. Entre vocaux vaporeux, percussions mouvantes et moments de pop expansive, il tisse un ensemble fluide, insaisissable, parfois tortueux.
Derrière cette approche, on devine des influences multiples. Christian Sean a grandi en absorbant aussi bien les codes de la musique avant-gardiste que ceux de la pop la plus accessible. Des avant-gardistes comme Björk ou Yves Tumor aux producteurs à l’efficacité redoutable comme Timbaland, il puise à la fois dans l’innovation et dans l’art du hit pour façonner sa propre signature.
«Je voulais que ça soit un peu comme un genre de CV musical, c'est pour ça que c'est quand même assez éclectique. Toutes les chansons ont des identités sonores différentes. J'avais envie qu'il y ait des textures qui soient fluides puis électroniques, mais aussi vraiment organiques, voire même orchestrales. L'esprit de l'album, c'était vraiment de m'essayer dans plein de sens, puis voir si je pouvais trouver un terrain commun à toutes ces influences-là.»
Hallelujah Showers est un album viscéral, un disque où il explore des thèmes qui l’obsèdent depuis longtemps. Le rapport au jugement, la notion de pardon et la fluidité des émotions humaines traversent ses textes, portés par une symbolique omniprésente: l’eau. «Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais en réécoutant l’album, j’ai vu que l’eau revenait constamment.»
C’est à l’âge de dix ans qu’il s’initie à la guitare. Puis, à l’adolescence, Christian Sean découvre la production musicale et commence à expérimenter avec les sons. Il fonde un premier groupe et écume les petites salles, se forgeant au fil du temps une identité musicale au contact d’une scène bouillonnante où l’innovation est de mise.
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Mais plutôt que de suivre une voie classique, il choisit de tracer son propre parcours. Après la dissolution de son groupe, il s’exile au Brésil et passe plusieurs mois à São Paulo, vivant dans des dortoirs et se consacrant entièrement à la musique. Cette période de solitude et d’exploration l’aide à affiner sa vision artistique.
De retour à Montréal, il s’intègre rapidement à la scène locale et devient un musicien de session recherché. Il enchaîne les collaborations, en studio comme sur scène, et participe à des tournées qui le mènent des petites salles aux grandes scènes internationales. Mais malgré le succès, il ressent un manque.
«J'adore monter des shows et j'adore l’écosystème qu'on a ici au Québec. Mais je sentais quand même que je vivais une sorte de double vie. Tout le monde me connaît pour une facette de ma musicalité. Et en secret, je développais ces chansons-là, qui étaient comme pas mal différentes de ce qui se faisait dans mon quotidien.»
Ce moment est venu avec la pandémie. Le ralentissement forcé lui permet enfin de se recentrer sur ses propres compositions. Il se met à écrire sans se poser de questions, à expérimenter sans chercher à plaire. C’est ainsi que naît Hallelujah Showers, un album entièrement autoproduit où il façonne son univers sans compromis.
«Dans mon cas, la clé, c'était vraiment d'y aller d'un point de vue thérapeutique. De faire ce que tu voulais faire, peu importe le outcome. Ça m'a vraiment fait du bien, dit Christian Sean. J'étais un peu comme inondé par les doutes. Il y a juste une série de choses, de confluences qui sont arrivées. Graduellement, en devenant un peu plus mature, tu réalises que tu dois être vrai à ce qui veut sortir de toi. Tu ne peux pas te plier aux attentes des autres ou de ce que la culture essaie de t’imposer. Sinon, tu vas vivre dans un état d'angoisse quasi constante. Puis, tu renégocies aussi ta relation avec la musique en soi.»
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«En restant dévoué à la musique. La musique a continué de me surprendre. Elle a continué de m'aider. Puis, c'est comme si mon amour pour la musique s'est approfondi. Ça, je pense que c'est une relation que tous les artistes ou les musiciens doivent conserver, estime Christian. Tôt ou tard, il va falloir qu'il y ait cette renégociation-là. Peu importe où tu es dans ta carrière. Que ce soit avec du succès ou de l'échec.»
Avec Hallelujah Showers, Christian Sean propose un excellent premier opus,sincère et authentique, qui ne cherche pas à plaire à tout prix, mais qui donne un bel aperçu de son esprit musical riche et percutant.
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