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Jean-Michel Blais et Lara Somogyi se sont mis au diapason

La rencontre impromptue entre le pianiste canadien et la harpiste américaine est un doux rappel que les relations entre nos deux pays peuvent encore être harmonieuses

Jean-Michel Blais et Lara Somogyi se sont mis au diapason

Lara Somogyi et Jean-Michel Blais

Oumayma Ben Tanfous

C’est ce qu’on appelle un coup de foudre artistique. En juin dernier, dans le cadre de sa tournée internationale suivant la parution de l’album orchestral aubades, Jean-Michel Blais donne un spectacle à Los Angeles. Sa maison de disques, Mercury KX, lui propose que la harpiste Lara Somogyi fasse sa première partie.

«Je trouvais ça intéressant parce que Lara crée un univers en jouant une harpe vraiment modernisée avec des pédales et des effets incroyables, élabore-t-il en entrevue vidéo. Je trouvais que ça se mêlait vraiment bien avec ma tournée, qui mettait de l’avant des instruments à vent et des cordes.»


Moins connue de notre côté de la frontière, Lara Somogyi a un parcours impressionnant. En plus de figurer sur les trames sonores de séries et de films à grand déploiement (dont Bridgerton et Da 5 Bloods), elle a collaboré sur scène et en studio avec plusieurs artistes de renom, comme Billy Idol, Anderson. Paak, Ariana Grande, Lauryn Hill, Olivia Rodrigo et John Legend. «Elle est big shot, s’enthousiasme Jean-Michel. À L.A., quand tu as besoin d’une harpiste, c’est à Lara que les gens pensent.»

Assise à ses côtés, la musicienne visiblement embarrassée par tant d’éloges s’empresse de lui retourner le compliment. «Lorsque j’ai fait sa première partie, j’ai été incroyablement soufflée par sa performance. C’était tellement lumineux, évocateur, très beau», se souvient-elle, les yeux brillants, faisant à son tour rougir le pianiste québécois.

C’est pourquoi, dans les jours suivants, Lara a invité Jean-Michel à venir la visiter dans le coin du parc national de Joshua Tree, où elle et son mari, le producteur et arrangeur Cyrus Reynolds, ont établi leur résidence et leur studio. C’est justement depuis ce studio que les deux musiciens m’accordent cette entrevue. Alors que les amas de neige et de glace s’accrochent désespérément aux rues de Montréal, Jean-Michel déplace son ordinateur portable pour me montrer le décor enchanteur qu’ils admirent depuis leur fenêtre. Une lueur rose plane dans le ciel, la silhouette des fameux arbres de la région, aux formes sculpturales, sublime le paysage désertique. «Avec la nature ici, on a l’impression d’être dans une galerie d’art à ciel ouvert», commente Lara Somogyi.

Les deux musiciens s’émerveillent en décrivant la lumière «mystique» des lieux et la fragrance des fleurs après la pluie. «C’est très sensoriel», poursuit la harpiste. «On sonne comme si on était sur des drogues, blague Jean-Michel, mais ce n’est pas pour rien que Joshua Tree a été un lieu central dans les communautés hippies et autochtones par le passé. Il y a vraiment quelque chose.»

Cet environnement a justement inspiré les deux musiciens qui ont «jammé ensemble» ici même instinctivement, par pur plaisir, sans se douter que leur improvisation musicale était enregistrée grâce au flair de Cyrus Reynolds. Ce qui n’était qu’une journée de congé a ainsi donné lieu à désert, un album instrumental à quatre mains où la harpe et le piano dialoguent en parfaite harmonie.

«Ce n’était pas du tout planifié, nous nous sommes simplement installés à nos instruments et avons commencé à jouer, relate Lara Somogyi. On n’avait aucun plan, on n’a eu aucune discussion…» Jean-Michel reprend la balle au bond : «Après avoir quitté, j’avais complètement oublié cette impro. Mais après, Cyrus a édité, coupé et a fait : ‘Attends, ça c’est une pièce, ça c’est une pièce’ et nous a renvoyé ça, quoi, six mois plus tard. Puis, le label a embarqué.»

La magie opère grâce à cette rare et rafraîchissante spontanéité. À l’abri des contraintes et de la pression qui vient avec la création d’un album, les deux artistes ont pu jouer de la musique en toute liberté. «C’est comme deux amis qui se disent : ‘viens chez nous, on va se faire à manger’ et qui, finalement, inventent une recette qui est bonne et qui pogne sur Ricardo.com», illustre avec humour Jean-Michel Blais.

Les ingrédients secrets de leur recette? L’écoute et la confiance. «On était dans une posture d’écoute et de confiance pour que nos sonorités se fondent bien l’une dans l’autre, pour qu’elles soient complémentaires, détaille Lara Somogyi. On s’écoutait, on se suivait, on échangeait dans le langage musical, dans les tonalités, dans le flow. C’était très naturel.»

Leurs années d’expérience et la maîtrise de leurs instruments respectifs ont bien sûr contribué à la qualité de leurs improvisations impromptues. Le pianiste prend en exemple la pièce dusk, en fin d’album, «où la tonalité change soudainement, mais c’est juste une erreur et donc, on essaie de s’adapter pour la sauver.» La harpiste renchérit : «Exactement! On se suivait l’un et l’autre et on échangeait. Rien n’était intentionnel, c’était plutôt comme : ‘Oh, il va dans cette direction, je vais le suivre!’ ‘Oh, il a changé de clé, comment est-ce que je peux m’accorder à ça?’»

Le mariage des mélodies harmonieuses de Jean-Michel Blais et de l’univers planant et onirique de Lara Somogyi a permis aux termes de deux séances d’un peu plus d’une heure chacune de tirer 11 pièces qui forment l’album désert. «Ça reste de la musique simple, ce n’est pas dans la complexité, analyse Jean-Michel sous le regard approbateur de Lara. C’est introspectif et minimaliste.»

Le tout baigne dans une immense douceur qui, je leur fais remarquer, n’est pas sans rappeler l’ambiance apaisante d’un spa. La comparaison étonne quelque peu Lara Somogyi, même si elle y voit un parallèle intéressant. «Au final, on veut que la musique fasse vivre des émotions, donc si la nôtre suscite un changement dans l’état d’esprit des auditeurs [comme lorsqu’on va au spa], j’en serai heureuse.»

D’un même souffle, Jean-Michel Blais mentionne que certaines de leurs pièces ont été ajoutées à des listes de lectures destinées aux chiens (!), cite à titre comparatif des artistes réputés pour leur musique instrumentale ambiante – Brian Eno, Philip Glass, Alva Noto et Ryuichi Sakamoto –, et précise que ce projet demeure une parenthèse accidentelle dans leurs deux carrières mouvementées.

«C’est nice d’aller au spa, mais tu n’y passerais pas 12 heures par jour! C’est un instant. Assurément, ça évoque la pleine conscience, la méditation ou encore le new age, même le new new age, cette sorte de musique atmosphérique, réfléchit-il à voix haute. Notre musique parle cette même langue.»

désert est offert sur les plateformes d’écoute dès ce vendredi ainsi qu’en vinyle.

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