Parmi les milliers de nouveautés qui débarquent chaque semaine sur Spotify, une chanson passée presque inaperçue a fait sourciller les fans de country la semaine dernière. Together, une ballade country aux allures génériques, a brièvement été publiée sous le nom de Blaze Foley, icône texane décédée depuis 1989. Rien à voir avec le style brut et tendre du chanteur derrière Clay Pigeons.
Le hic? Cette chanson-là, ce n’était pas lui. Et ça, Craig McDonald le jure. Représentant du catalogue de Foley chez Lost Art Records, il assure n’avoir jamais autorisé l’ajout de ce morceau ni de sa pochette, une image visiblement générée par intelligence artificielle, montrant un pseudo-Blaze chantant au micro, sans aucune ressemblance avec l’original. «Je peux clairement vous dire que cette chanson n’est pas de Blaze, ce n’est même pas proche du style de Blaze, du tout. C’est un ‘schlock bot’ d’IA, si on peut dire ça comme ça», a-t-il lâché à 404 Media, le média qui a révélé la supercherie.
L’affaire, bien que prévisible, pose pourtant une vraie question: comment une plateforme comme Spotify peut-elle laisser passer ça? «C’est nuisible à la mémoire de Blaze», dit McDonald. «Spotify a les moyens de bloquer ça à la source, s’ils voulaient vraiment le faire.»
La chanson a été retirée du service, Spotify affirmant qu’elle violait sa politique sur les contenus trompeurs. Le distributeur est SoundOn, une entreprise appartenant à TikTok. Ce n’est pas une première pour eux: 404 Media a repéré deux autres cas similaires: Happened To You, faussement attribuée au regretté Guy Clark, et With You, téléversée sur la page du chanteur Dan Berk, pourtant bien vivant. Dans les deux cas, la pochette était générée par IA, le style musical était fade et le tout était d’une crédibilité douteuse. Une société nommée Syntax Error serait derrière les trois titres.
Un porte-parole de Reality Defender, compagnie spécialisée en détection de contenus synthétiques, confirme que tous les morceaux montrent des signes clairs de génération par IA.
C’est loin d’être un cas isolé. Le groupe The Velvet Sundown, aussi soupçonné d’avoir été créé de toutes pièces par IA, a brièvement attiré plus de 400 000 auditeurs mensuels sur Spotify. Et ce, sans tournée, sans entrevue, ni passé.
Ce phénomène, relativement nouveau, risque de s’empirer rapidement, alors que l’IA connait son moment de gloire et que des gens peu scrupuleux continuent de voir cette technologie comme une opportunité de faire de l’argent rapidement.