Le silence peut être assourdissant. C’est du moins ce que croient les créateurs d’Is This What We Want?, un album de protestation inédit réunissant plus de 1 000 artistes, dont Kate Bush, Annie Lennox, Cat Stevens et Damon Albarn.
Sa particularité? Il ne contient que des enregistrements de silence captés dans des studios et salles de spectacle vides. Une réponse cinglante aux réformes que le gouvernement britannique envisage en matière d’intelligence artificielle et de droits d’auteur.
L’industrie musicale, comme bien d’autres domaines créatifs, se retrouve au cœur d’un bras de fer avec les avancées technologiques de l’IA. Le gouvernement britannique consulte en ce moment la possibilité de permettre aux entreprises technologiques d’utiliser des œuvres protégées pour entraîner des modèles d’IA, sauf si les artistes s’y opposent explicitement. Une approche qui, selon plusieurs figures de la scène musicale, renverse les principes fondamentaux du droit d’auteur.
Paul McCartney, Elton John et Andrew Lloyd Webber font entre autres partie des voix qui dénoncent cette proposition. Dans une lettre publiée lundi dans The Times, ils affirment que le respect du droit d’auteur est l’une des raisons pour lesquelles le Royaume-Uni a su attirer et conserver ses talents. Selon eux, cette réforme ouvrirait la porte à une exploitation massive des œuvres sans compensation équitable.
Avec Is This What We Want?, les artistes impliqués ont choisi de répondre par une déclaration aussi minimaliste que percutante. Les titres des 12 chansons de l’album forment la phrase «The British Government Must Not Legalize Music Theft to Benefit AI Companies.» C'est un avertissement contre ce qu’ils considèrent comme une légalisation du pillage musical au profit des géants de l’IA.
Le projet est orchestré par le compositeur et développeur en intelligence artificielle Ed Newton-Rex, qui voit dans cette réforme une menace existentielle pour les musiciens. «Le gouvernement s’apprête à offrir le fruit du travail des créateurs aux entreprises d’IA, gratuitement, leur permettant ainsi de concurrencer directement les artistes avec leur propre œuvre», dénonce-t-il.