Ceci est la traduction adaptée d’un article de Jason Newman, originalement publié par Rolling Stone le 6 février 2025. Nous republions l'article originalement intitulé The Black Keys Are Finally Ready to Talk About It All avec la permission de son auteur. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.
De leur propre aveu, 2024 a été une année difficile pour The Black Keys. Après la sortie de leur 12e album studio, Ohio Players, le groupe s'apprêtait à entamer une tournée nord-américaine après des concerts réussis en Europe. Au lieu, ils ont annulé toute la tournée, apparemment en raison de la faible vente de billets, et ont ensuite licencié leur management - qui comprenait le poids lourd de l'industrie Irving Azoff - et leur équipe de relations publiques. Deux semaines plus tard, le batteur Patrick Carney a écrit dans un tweet, depuis effacé, destiné à Irving Azoff : «On s'est fait baiser. Je vais vous dire comment pour que ça ne vous arrive pas». (Dans un autre tweet supprimé, Carney a écrit sarcastiquement à propos d'Azoff : «C'est si bon de savoir que vous êtes toujours à l'écoute de l'artiste»).
À l'exception de quelques concerts - nous reviendrons plus tard sur le concert "America Loves Crypto" dans leur ville natale d'Akron, dans l'Ohio - le groupe s'est fait relativement discret, établissant une résidence semi-fréquente à Nashville pour ses soirées dansantes «Record Hang» entièrement en vinyle, mais ne s'exprimant pas publiquement sur la crise que les fans et l'industrie de la musique ont suivie de très près.
En juillet dernier, le duo a fait ce qu'il a l'habitude de faire lorsqu'il est confronté à l'adversité: ils sont entrés en studio et ont passé la majeure partie de l'été et de l'automne à écrire et à enregistrer plus de 15 chansons pour leur prochain album, No Rain, No Flowers. (Le groupe n'a pas encore décidé du nombre de titres qui seront retenus et sortira l'album dans le courant de l'année). Sur le premier single The Night Before (écrit avec Daniel Tashian, qui a coécrit et coproduit Golden Hour de Kacey Musgraves), le groupe s'appuie sur son côté pop-rock optimiste. «Ça s'est fait de manière très organique en studio», explique le chanteur-guitariste Dan Auerbach à Rolling Stone. «Nous avons tous les trois eu l'idée sur le champ».
En début de semaine, le duo a annoncé la reprogrammation de ses dates de tournée tant attendues, troquant les arènes pour des amphithéâtres et des théâtres plus modestes. «L'ensemble de l'industrie musicale a manifestement changé au cours des 15 dernières années», explique Carney. «On essaie toujours de comprendre comment ça fonctionne et comment nous nous sentons authentiques.»
Pour leur première interview depuis l'annulation de la tournée et la séparation du management, Carney et Auerbach se sont entretenus avec Rolling Stone depuis le studio Easy Eye Sound du groupe à Nashville pour faire le bilan de l'année écoulée et regarder l'avenir avec optimisme.
Pouvez-vous nous parler de la signification du titre de l'album No Rain, No Flowers?
Dan Auerbach: On a écrit la chanson-titre avec Rick [Nowels auteur-compositeur lauréat d'un Grammy], et c'était juste une expression que j'avais entendue, et nous l'avons transformée en cette mélodie qui semblait résumer la façon dont on imaginait surmonter la situation qu’on venait de traverser.
Patrick Carney: Rick aime commencer par un titre, et c'est celui que Dan avait noté dans son téléphone. Il faut parfois prendre les choses à bras-le-corps pour aller de l'avant, et c'est un peu ce qu'a été l'année dernière pour nous.
Comment résumeriez-vous l'année écoulée?
Carney: Plutôt éclairante et révélatrice. Dan et moi connaissons assez bien l'industrie de la musique, mais le fait d'être exposé directement à la façon dont les choses ont changé a été assez choquant pour comprendre ce qui se passe réellement. Je pense qu'en essayant d'éviter d'être blasés et totalement déstabilisés, nous avons profité de l'occasion pour réévaluer notre façon de faire les choses et pour faire un disque qui est principalement sur une teinte positive.
Qu'est-ce qui vous a choqué en particulier?
Carney: En général, de voir à quel point le secteur s'est consolidé et à quel point les choses sont devenues connectées. C'est époustouflant. Et il y a beaucoup d'intérêts communs dans le monde des affaires. Lorsque vous êtes un artiste et que vous essayez de vous impliquer et de recevoir une stratégie utile et constructive, ainsi que des informations commerciales, vous réalisez que tout ce monde est plus profondément connecté que je ne l'avais jamais imaginé.
Dan, comment qualifieriez-vous l'année écoulée?
Auerbach: Beaucoup de hauts et de bas, beaucoup de nuits blanches, beaucoup d'appels téléphoniques à 2 heures du matin, beaucoup d'inquiétude et de stress, beaucoup de chagrins, mais aussi une incroyable créativité. Je suis très enthousiaste à propos de la musique que nous avons créée. J'ai l'impression que le jus créatif coule de manière très positive, et j'adore ça.
Entrons dans les détails. Deux semaines après l'annulation de la tournée, un représentant d'Azoff a déclaré qu'il s'agissait d'une «séparation à l'amiable». Est-ce ainsi que vous la caractériseriez?
Carney: On les a viré. Ce sont des choses qui arrivent. On a passé beaucoup de temps à faire Ohio Players, on l’a rendu en octobre 2023 et on a eu tout ce temps pour planifier notre tournée. Les choses ont commencé bizarrement, j'attendais que ces dates européennes arrivent parce que notre plan était d'aller en Europe en premier. Au final, on nous a envoyé neuf concerts pour une tournée de trois semaines. Il n'y a absolument aucun moyen de gagner de l'argent avec ça.
Pour un concert à Manchester, on a dû déplacer les choses parce qu'il y avait une salle qui appartenait à notre société de gestion et que nous voulions y jouer, mais elle n'était pas prête. Après être allés en Europe 30 fois dans notre carrière pour des tournées, c'était la tournée la plus mal orchestrée à laquelle nous ayons participé. Les concerts étaient incroyables, mais c'est devenu le premier signe d'une mauvaise organisation.
Quand la relation avec Irving Azoff s'est-elle détériorée?
Carney: La réponse ultime à cette question est qu'il s'agit d'une question plus générale. Je ne veux même pas mentionner le nom de ce type. Je veux voir les choses dans une perspective plus large. La chose essentielle que nous avons apprise ici, c'est le nombre de sociétés de gestion qui sont directement liées à une société qui gère tous les aspects de la promotion dans ce pays. Toute cette industrie est tellement imbriquée, de la billetterie à la promotion en passant par la société de gestion. Mais en tant qu'artistes - et c'est ce qui nous tient le plus à cœur - il est presque impossible d'en parler.... Vous avez affaire à des sociétés de gestion qui organisent des festivals en collaboration avec une autre société. Vous êtes soumis aux caprices de ces personnes qui ont d'autres intérêts.
Donc lorsqu’on est appelé dans le bureau d'un directeur et qu'il nous suggère quelque chose, j'étais assez naïf pour penser que c'était une bonne chose. Et de plus en plus, ce n'est pas le cas. C'est donc une chose difficile, car je ne pense pas que Dan et moi voulions nous asseoir ici et passer pour des bébés pleurnichards. Mais on s’est un peu fait fourrer.
Patrick, l'année dernière tu as tweeté : «On s'est fait baiser. Je vais vous dire comment pour que ça ne vous arrive pas. Restez à l'écoute». Comment pensez-vous avoir été «baisé»?
Carney: J'ai dû l'effacer pour ne pas être poursuivi en justice.
Qui a menacé de vous poursuivre en justice?
Carney: Personne n'a menacé, mais il était tout à fait interdit de parler de ce qui se passe ici. Il y a une concentration de la connectivité qui élimine la concurrence. Pour qu'une société capitaliste fonctionne, il faut qu'il y ait de la concurrence. Et si tout est connecté et que tous les intérêts sont partagés d'un côté, il n'y a aucun moyen de rivaliser. Lors de notre tournée, nous avons eu une dizaine de concerts dans des arénas qui ne marchaient pas très bien. Ils étaient dans des salles où ils n'auraient pas dû être.
Dans une situation comme celle de cette tournée, on aurait pu prendre un coup financier et trouver de nouvelles salles pour jouer dans certaines villes, mais au lieu de ça, on nous a conseillé d'annuler toute la tournée. On nous a dit [...] que d'autres salles étaient réservées, que tout allait se passer dans des salles plus intimes et que ce serait génial. Mais ce n'était pas vrai, ça n'existait pas.
C'est vraiment n'importe quoi, et en fin de compte, on ne peut même pas en parler parce que ça nous enlèverait nos jobs.
Dan, savais-tu que Patrick allait tweeter ça?
Auerbach: Non, je me suis réveillé et j’ai vu ça.
Qu'avez-vous ressenti lorsque vous l'avez vu?
Auerbach: J'ai compris son intensité.
Autre chose?
Auerbach: Non.
Avez-vous personnellement envisagé de réduire la tournée plutôt que de l'annuler, ou prétendez-vous que ce n'était même pas une option?
Carney: Non, quelqu'un avec qui nous avons fini par nous séparer m'a dit que les dates étaient réorganisées dans des salles plus petites. Nous pouvions donc annuler cette tournée et réannoncer les dates quelques jours plus tard dans de meilleures salles. Mais le plan n'existait pas parce qu'il n'y avait pas de réservation de salles. C'était des conneries. Je ne veux pas utiliser le terme "mensonge" parce que je ne veux pas être poursuivi en justice, mais ce qui a été présenté n'existait pas.
Il y a certaines villes où nous savons que nous pouvons [vendre]... mais il faut s'en remettre à son management pour prendre ces décisions. Nous passons tellement de temps à faire de la musique [et] à nous occuper de la promotion. C'est sur ça qu'on s'appuie pour la gestion, et on espère que les décisions seront prises dans les règles de l'art pour aider tout le monde. C'est de plus en plus difficile à obtenir.
J'aimerais savoir ce que vous pensez de l'action en justice intentée à l'encontre de Live Nation par le ministère de la Justice , au motif qu'il s'agirait d'un monopole. (Live Nation a nié avec véhémence cette affirmation lors de l'introduction de l'action en justice).
Carney: Quand la fusion Live Nation-Ticketmaster s'est achevée en 2010, Obama a déclaré : «C'est si proche d'un monopole. Il faut faire attention.»
Et la raison pour laquelle elle a été autorisée - parce que c’est un monopole - l'argument était que les artistes ne signent pas de longs contrats. Les artistes peuvent toujours choisir de s'adresser à quelqu'un d'autre... Mais à ce stade, si vous ne travaillez pas avec une certaine société, où allez-vous travailler ?
Ce que la plupart des gens ne comprennent pas, c'est que lorsque vous contrôlez la billetterie, la promotion et toutes ces choses, puis que vous possédez les salles et que vous avez des intérêts partagés avec le management, il devient de plus en plus difficile pour les artistes de faire des affaires. Cette situation n'est pas propre au secteur de la musique. Dans tout le pays, les choses sont tellement imbriquées et tellement consolidées qu'il est plus difficile d'être compétitif en général.
Le New York Times a déclaré l'année dernière que «certaines tournées comme celle des Black Keys sont peut-être simplement dues au fait que le groupe a surestimé la demande». Cette affirmation est-elle juste?
Carney: Je ne sais pas, mais tout ce que je sais, c'est qu’après que la tournée ait été annulée, j'ai consulté mes e-mails, et j'ai reçu un e-mail de Ticketmaster à propos de la tournée le jour où elle a été annoncée, et rien d'autre dans ma boîte de réception pendant six semaines. Lorsque j'ai finalement consulté les chiffres après l'annulation de la tournée, nous avions vendu pour près de 10 millions de dollars de billets, et il nous restait quatre mois avant le premier concert.
Après l'annonce de la tournée, plusieurs fans se sont plaints du prix élevé des billets, alors que c'est l'artiste qui fixe généralement ces prix. Les places les plus reculées auraient été vendues 100 dollars dans certaines salles.
Carney: On ne nous a même pas demandé le prix des billets lors de la dernière tournée. Nous ne les avons pas fixés. Pour cette [prochaine] tournée, nous avons réalisé que nous devions nous impliquer davantage. La dernière chose que Dan et moi voulons faire, c'est arnaquer un fan sur le prix d'un billet.
Mais rétrospectivement, auriez-vous essayé de réduire le prix du billet?
Carney: Oui. C'est une chose qui se répète : lorsque nous avons fait la tournée El Camino arena [en 2012-2013], le prix moyen des billets de l'Upper Bowl était de 40 dollars ou quelque chose comme ça. Et ensuite, après les scalpers et tout ça, ces billets coûtaient 65 dollars, donc les scalpers gagnaient plus d'argent que nous sur ces billets. Je trouve ça décourageant, car les fans paient et l'argent ne revient pas au groupe..... Le coût d'une tournée est 3,5 [fois] plus élevé aujourd'hui qu'en 2012. Le prix de nos billets n'a pas augmenté tant que ça.
Vous avez licencié votre direction et votre équipe de relations publiques après l'annulation de la tournée, mais pas l'agence qui avait réservé la tournée. Pourquoi?
Carney : Parce que je pense que beaucoup de ces accords sont conclus entre le management et une autre société plus importante.
Vous avez donné quelques concerts l'année dernière, notamment un spectacle intitulé "America Loves Crypto", dont l'objectif était de «rallier les 5 millions de propriétaires de cryptomonnaies qui pourraient bien décider de l'élection de 2024». Comment s'est déroulé ce concert?
Carney: C'était très simple : Nous avions perdu tous nos revenus pour l'année. Nous avions des honoraires pour des personnes avec lesquelles nous travaillions. On nous a proposé beaucoup d'argent pour jouer un concert, et nous avons vu que les Black Pumas avaient fait la même chose, et nous nous sommes dit, go!. C'est aussi simple que ça.
J'allais vous demander si vous vous considérez comme des amateurs de crypto-monnaies.
Carney: Nous sommes des amateurs de Crisco.
Vous avez cependant reçu une bonne part de critiques. Le premier commentaire sur votre propre page Reddit est : «LMAO. C'est un PAC qui a soutenu tous les pires candidats des deux partis. Qu'est-ce qu'ils font?» Avez-vous parlé de l'aspect éthique de ce concert?
Carney: Bien sûr, on a vu toute la merde qui arrivait, mais on nous a dit: «Qu'allez-vous faire?» On nous a dit que c'était un événement bipartisan. C'est ce que c'est. C'était très petit. C'était dans notre ville natale, nous avons donc pu rentrer chez nous et voir nos parents. J'avais déjà vu mon nom être traîné dans la boue par la presse, alors ce n'était pas nouveau... Si le fait de donner un concert pour 300 personnes va influencer le vote de tout l'État, alors on a de plus gros problèmes, bro.
Compte tenu de l'année écoulée, votre état d'esprit change-t-il à l'approche de la prochaine tournée?
Carney: La chose la plus importante pour nous en ce moment est d'organiser de bons concerts que les fans apprécient. On s’est inspiré de groupes dont les albums ne sont peut-être pas bien classés, mais qui communiquent avec leurs fans d'une manière profonde. On est sur une lancée créative qui nous a permis de sortir quatre albums en cinq ans. On est peut-être en train de saturer le putain de marché, mais c'est comme si, pendant que ça se passe, il fallait le faire.
Nous avons tous les deux la quarantaine. On fait ça depuis 20 ans. Nous apprécions aujourd'hui plus que jamais ce que nous avons ensemble. Et au cours de l'année dernière, on a vu des personnes qui nous sont chères tomber malades. La vie n'est pas garantie. Alors si vous avez un truc qui marche, pourquoi ne pas continuer à le faire?
Il est important que les gens sachent que nous nous sommes un peu relâchés sur le plan commercial parce que nous avons été très occupés par la création, et ça nous a rappelé que nous devions faire attention aux deux aspects.
Quand vous repensez à la période de cinq ans entre Turn Blue (2014) et Let's Rock (2019), pendant laquelle vous ne vous êtes pas vraiment parlé, pensez-vous que ça vous a coûté de l'élan ou un succès potentiel?
Carney: Je vois ça comme ça: à l'époque, on imprimait littéralement de l'argent et on était malheureux. Maintenant, on fait des tonnes de chansons, et on est dans une bien meilleure situation. Les concerts arrivaient, mais on ne pouvait pas faire de la musique aussi souvent qu’on voulait, et c'est de là qu'est venue la rupture... On veut juste faire de la musique, et c'est comme ça qu’on essaie de naviguer depuis. On a choisi des salles qui semblent plaire le plus aux fans, qui nous plaisent le plus, et on verra bien ce qui se passera. Avec un peu de chance, les gens viendront.
Patrick a toujours été l'homme d'affaires du groupe. Dan, les événements de l'année dernière vous ont-ils donné envie de vous impliquer davantage dans les affaires?
Auerbach: Nous devons nous concentrer sur ce que nous faisons le mieux, et chacun d'entre nous a des talents dans certains domaines. On se fait confiance, c'est la chose la plus importante en ce moment. C'est drôle, parce que c'est probablement le résultat direct de tout ce traumatisme que nous avons vécu l'année dernière, mais nous avons passé plus de temps ensemble que jamais. On est devenus obsédés par la musique et la collection de disques, et le fait de passer plus de temps ensemble améliore la musique et le business.
Qu'entendez-vous exactement par «traumatisme»?
Auerbach: Le fait d'avoir fait tout ce travail pour mettre en place ce projet et pouvoir le présenter à nos fans, puis d'être parti le soutenir sur la route et jouer des concerts pour nos fans, et puis de se voir retirer tout ça et de gâcher la connexion que nous avions avec nos fans depuis tant d'années, au moment où nous avions l'impression d'être vraiment dans une bonne situation. Comme on a dit pour les concerts en Europe, même si l'aspect commercial de la tournée était si mauvais, les concerts ont été extraordinaires, et nous nous attendions à la même chose lorsque nous sommes retournés aux États-Unis.
On avait bonifié nos concerts, fait des reprises, et on avait l'intention d'en faire plus. Et le fait que tout ça nous soit complètement retiré, c'est quelque chose qu’on n’avait jamais vécu auparavant en plus de 20 ans de carrière. Alors oui, c'était traumatisant. Mais je pense que nous sommes plus reconnaissants que jamais de pouvoir repartir sur la route, jouer des concerts et revoir nos fans.
Il semble que vous soyez mentalement dans une meilleure situation qu'il y a six ou neuf mois.
Carney: Oui. On est compétitifs et on aime travailler. Et lorsqu'il semble que les règles ont été modifiées au point que la partie n'est plus gagnable, c'est là qu’on commence à s’énerver. On s’est tournés vers des personnes qui jouent un jeu différent. Ils ne se laissent pas avoir par ces conneries. Leur version de la victoire est plus axée sur la façon dont ils connectent avec leurs fans. C'est ce qui nous inspire.
Presque tous les disques que j'ai aimés en grandissant, comme Marquee Moon de Television ou London Calling de The Clash, ont été des échecs commerciaux, mais ce sont les plus importants pour moi. Je me dis plutôt: «C'est fou qu’on ait pu vivre cette période de notre carrière où on a enregistré deux disques double platine coup sur coup, à une époque où les gens n'achètent pas de CD». Nous sommes arrivés à la fin de cette période. J'espère que tout ce que nous avons fait trouvera un public. Mais si ce n'est pas le cas, nous ferons un autre album.
Comment définissez-vous le succès en 2025 par rapport à l'époque Brothers/El Camino?
Carney: À ce moment-là, nous n'avions jamais eu de chanson à la radio. Nous étions un groupe depuis huit ou neuf ans, ça semblait long à l'époque, car beaucoup de mes groupes préférés n'ont même pas duré aussi longtemps. Et lorsque toutes ces opportunités ont commencé à se présenter, on n’a jamais pu en profiter parce qu’on s’efforcait de tirer parti de tout ce qui nous était offert. C'était comme si la récompense d'un travail bien fait était une plus grosse charge de travail, il y en a toujours plus, ce qui a fini par nous épuiser complètement.
Pour moi, tout ça n’est pas un hasard. Ce qui s'est passé l'année dernière a été un coup de poing dans la figure qui nous a fait comprendre comment il fallait s’y prendre si on veut avoir une longue carrière. Et si on nous reproche d'avoir joué un spectacle de crypto et tout ça, il y a bien d'autres facteurs qui entrent en ligne de compte. Notre version du succès aujourd'hui, c'est d'être capable de faire la musique que nous voulons faire, que les gens l'entendent, et d'être capable de faire des concerts auxquels les fans assistent. C'est aussi simple que ça.
Si vous pouviez revivre 2024, y a-t-il quelque chose que vous feriez différemment?
Carney: Non. Je préfère ne pas voir la vie comme ça. Il faut regarder devant soi.