La chanteuse et productrice montréalaise thaïs a mis près de deux ans et demi de travail pour peaufiner Personne, son deuxième long-jeu qui paraît aujourd’hui chez Bravo. Le résultat est une oeuvre qui nous montre l’artiste sous un angle différent, moins scintillant, plus percutant, mais tout aussi pop.
«Je savais que je voulais faire quelque chose plus électronique, mais résolument électro-pop. Mais je savais pas que j'allais aller aussi loin dans l'électro, j'étais étonnée», dit-elle du son de Personne. Pour l’aider à la réalisation, thaïs a fait appel à Blaise Borboën-Léonard, bien connu pour son travail avec des artistes locaux comme Lydia Képinski et Gulfer.
C’est grâce à une rencontre fortuite, lors d’un spectacle de Képinski, que la connection s’est faite entre l’artiste et le producteur. «J'étais un peu intimidée par lui. Je voulais vraiment travailler avec lui, je savais pas comment l'aborder. À la fin de la soirée, finalement, j'ai pris mon courage à deux mains puis je lui ai demandé. Il a été full ouvert tout de suite, il m’a dit ‘Okay, on fait une session’.»
Contrairement à Tout est parfait, son premier album paru en 2022, thaïs dit s’être impliquée beaucoup plus dans le processus de création et de production de l’album. De garder les mains sur le volant du navire pour la production tout en ayant Barboën-Léonard comme réalisateur lui a permis de pleinement s’exprimer en tant que créatrice, laissant toute la place pour créer une œuvre authentique. D’avoir participé à plusieurs camps d’écriture en compagnie d’autres artistes a également aidé à raffiner la conception de l’album, dit-elle.
«Ça a été un long processus pour moi. Je suis un peu impatiente comme personne, mais on a passé énormément de temps ensemble, ça a été très intime. C'était très cool, le principe de nos sessions, parce que je pouvais avoir l'ordinateur entre mes mains. C'était pas juste ‘j'attends derrière lui puis il fait les trucs’; ça c'était un désir que j'avais. Je le dis souvent mais de voir plus qu'une fille en studio qui gère quelque chose genre c'est assez rare, mais moi j'ai besoin de sentir que je tiens mon projet au bout de mes doigts. Ça, il l’a vraiment bien compris parce qu'il travaille avec plein de femmes aussi.»
Les explorations musicales qu’ont menées thaïs l’ont portée loin. Dans un registre plus dynamique et dansant, avec certains morceaux flirtant carrément avec l’électroclash, Personne est conçu pour l’ambiance sombre d’une boîte de nuit plutôt que celle d’une chambre, même si on y dénote que la narratrice préfererait être chez elle. On y retrouve l’essence pop de thaïs, mais comme si elle se remixait elle-même. Cela se voit surtout sur des pièces comme Nightclub, qui rappelle la pop frénétique de l’époque MySpace, d’artistes comme Uffie. De la «musique extrovertie pour personnes introverties», comme elle le résume.
«J'ai beaucoup appris à travers les shows, parce qu'avant mon premier album, je n’en 'avais pas fait tant que ça, donc je savais pas trop comment m'exprimer. Même dans mes gestes, littéralement, avoue thaïs. En faisant des shows, j’ai réalisé que j'ai beaucoup d'énergie à donner sur scène; j'ai envie que ça bouge, je veux danser et faire danser. Peut-être inconsciemment, j'ai voulu faire des chansons qui vont dans ce sens-là. Tout ça se côtoie vraiment bien et naturellement, c'est peut-être pour ça que l'album est vraiment dansant.»
Si son premier album posait un regard sur la première portion de sa vie, c’est le condensé d’expériences vécues dans les dernières années qui font l’intensité vibrante de Personne. Plus cathartique et assumé, tant dans le son que dans l’intention, l’album met de l’avant l’étendue du talent de thaïs, derrière les consoles autant que devant un micro.
L’artiste célébrera la sortie de Personne le 23 avril prochain, à la Sotterenea, avant de s’envoler pour quelques dates en France en mai.