En février dernier, l’artiste acadienne Lisa LeBlanc foulait la scène du Grand théâtre de Québec pour y vivre un grand moment dans sa carrière. Accompagnée de son groupe habituel, l’artiste a interprété des réarrangements de ses chansons, avec le soutien des 63 musiciens de l’Orchestre symphonique de Québec et du chef Jean-Michel Malouf.
C’est aujourd’hui que voit le jour le très sobrement nommé Live avec l’Orchestre symphonique de Québec, où certaines des chansons les plus emblématiques du répertoire de Lisa LeBlanc sont revisitées de manière surprenante.
«Dès qu’on a commencé à travailler sur Chiac Disco, on a utilisé beaucoup d’arrangements et de cordes. L’album avait un feel très disco, romantico, et je me disais que ça serait incroyable de faire ça avec un vrai orchestre», dit-elle.
Du moment où elle et son équipe ont appris que ce rêve était à portée de main, elle s’est mise à travailler sur les arrangements avec Antoine Gratton. Pour le choix des chansons, ils ont misé sur un mélange de certaines des chansons de Chiac Disco dont la composition se prêtait bien à l’exercice et du reste de son catalogue, anglais, français et instrumental, qu’ils ont pris la peine de repenser différemment.
C’était d’ailleurs la première fois que Lisa Leblanc entrait dans le monde fascinant et méconnu des orchestres. «Je viens tellement d’une petite, mini place. On avait à peine des cours de musique, j’ai appris la musique avec le concierge de l’école!», lance-t-elle en riant. «C’était intimidant, mais vraiment le fun en même temps. J’ai adoré apprendre le processus, comment ça marche, mais aussi de voir plein d’instruments que je ne connaissais pas nécessairement.»
Habituellement connue pour son folk rock unique et teinté de ses racines acadiennes, les chansons de LeBlanc prennent ici une autre vie et une autre dimension. Des pièces comme Kraft Dinner ou Me semble que c’est facile prennent une tournure plus poignante dans ce nouveau contexte. Les arrangements grandioses ajoutent une profondeur émotionnelle à des morceaux déjà bien appréciés du public.
Notamment, une chanson comme Highways, Heartaches and Time Well Wasted, avec ses ambiances spaghetti western, prend tout son sens avec l’arrangement orchestral à la Ennio Morricone. Sur Gossip II s’invite François Pérusse, pour un petit interlude humoristique.
Un autre titre-phare de l’album est évidemment la version live de sa célèbre chanson Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde, qui a lancé sa carrière en 2012. Le hit est ici transformé grâce à de profonds réarrangements et des ajouts comme le clavecin, qui donne au morceau une texture à la fois baroque et moderne, qui complimente audacieusement entre les paroles raw de la chanson avec une instrumentation sophistiquée. «On est complètement ailleurs!», dit LeBlanc.
Cette série de concerts a aussi été l’occasion pour Lisa LeBlanc de renouer avec son instrument fétiche, le banjo, après qu’elle l’ait mis de côté pour la création de Chiac Disco. De combiner cet instrument populaire et profondément enraciné dans la culture nord-américaine avec les instruments nobles et classiques d’un orchestre est un pari osé, mais très bien réussi par l’équipe.
«J’adore les contrastes et faire des ponts entre des mondes qui ne se parlent peut-être pas. Je viens d’un village où il y a beaucoup de bluegrass, et d’en apprendre plus sur le banjo et son histoire, je trouve ça vraiment trippant», dit Lisa LeBlanc. «Je trippe aussi de plus en plus sur ce qui est traditionnel, d’un peu partout; de voir comment une chanson peut bouger d’un endroit à l’autre, avec les traditions orales. Pour moi, le banjo, ça représente un peu tout ça, et de mélanger ça avec un orchestre, je trouvais ça vraiment awesome.»
Cette expérience est un très bel ajout dans le catalogue de la chanteuse, qui dit voir cette collaboration comme un «monde qui s’ouvre» à elle. Reste à voir quelle influence ce premier essai orchestral aura sur son prochain projet, sur lequel elle travaille en ce moment. Chose certaine, avec Live avec l’Orchestre symphonique de Québec, Lisa LeBlanc prouve qu’elle sait se réinventer sans jamais perdre l’essence de ce qui fait sa magie.