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Greenwoodz dans l'oeil du cyclone

Avec «Malgré la tempête», le jeune rappeur signe son projet le plus personnel et abouti

Greenwoodz dans l'oeil du cyclone
Dominic Courchesne

C’est aujourd’hui que déferle Malgré la tempête, le nouvel album tant attendu de Greenwoodz. L’artiste québécois, qui s’est d’abord fait remarquer par un emo rap cru et introspectif, revient ici transformé. Plus que jamais, il pose ses tripes sur la table avec un projet ancré dans ses racines, mais ouvert sur l’avenir.

«Je suis fucking stoked» laisse simplement tomber le jeune rappeur, originaire d’un petit village près de Lanaudière. L’excitation est bien réelle: après plus d’un an et demi de travail, Greenwoodz confie que la pression commence à redescendre, remplacée par une hâte tranquille de livrer au public cette œuvre, qu’il qualifie de sa plus personnelle à date. Dès les premières écoutes, Malgré la tempête révèle une direction artistique claire, avec moins de rap, mais des sonorités plus folk, empreintes de pop et de rock. Une prise de risque assumée, selon lui. «Je voulais vraiment trouver un son propre à moi. J’avais besoin de sortir des cases, de me réinventer.»


Pendant six mois, il a pris le temps de réfléchir à ses intentions, à ce qu’il voulait raconter. Ce ne serait plus le «drug talk» des débuts, ni les provocations du passé. Le rappeur raconte maintenant sa vie en région, ses chums de jeunesse, ses relations, ses failles. Des fragments de soi qui trouvent écho dans des morceaux comme 20e Avenue, hommage brut à l’amitié masculine dans les zones grises de la vingtaine : «C’était les seuls qui étaient là quand moi j’avais envie de mourir / Mais j’reviens toujours boire deux trois bières de trop.»

Cette capacité à dire sans détour ce qui le blesse et le pèse, traverse tout l’album. Dans 25 ans plus tard, il pose des questions sans réponses : « J’me demande si Tommy d’il y a cinq ans aurait été down avec c’que j’suis devenu», avant de se demander «s’il m’en reste 25 dans l’corps». Greenwoodz n’a jamais prétendu avoir les clés, mais il affirme vouloir être plus honnête que jamais.

Le point de bascule se joue dans l’acceptation de ses propres torts. « C’est moi le problème, c’est un thème qui revient souvent, dit-il. J’ai réalisé que j’avais des patterns à déconstruire. » Cette réalisation trouve écho dans Crash, où il chante: «T’as raison, tout est de ma faute / C’est ma faute si on est en train de crash / We just keep running in circles / Y’a pas de gagnant, on fait du surplace.»

Cette lucidité nouvelle n’efface pas les ombres, mais elle les éclaire autrement. Dans Désolé pour ça, il avoue : «J’suis comme j’suis mais demande-moi pas j’suis qui, je sais pas / It’s just me against me». Loin d’une posture de victime, Greenwoodz embrasse la complexité de ses émotions avec une franchise rare. «J’ai toujours essayé d’être transparent, dit-il. Mais là, j’ai vraiment été dans la réalité pure.»

La musique, elle, suit le même chemin de dépouillement. Le disque a été conçu entre Montréal, des chalets, et son coin de pays. Le réalisateur Charles Madore, alias Worry, et le guitariste Antoine Tousignant l’ont accompagné dans cette quête sonore, en plus de son fidèle accomplice Cook da Beatz. Greenwoodz, qui ne se considère pas comme musicien au sens technique, s’est néanmoins impliqué dans chaque étape de création, expliquant «je suis un peu en co-réal; je ne joue pas d’instrument, mais je sais ce dont une chanson a besoin.»

Même ses amis d’enfance ont participé, parfois à leur insu, comme dans les textures vocales captées au détour d’une soirée. L’album respire le collectif, même dans la solitude qu’il évoque. Dans Hôtel Saint-Charles, il aborde avec un regard désabusé l’endroit où il a grandi, et les amis qui y vivent encore. Ces scènes de village, entre désillusion et tendresse, composent un tableau humain que bien des auditeurs reconnaîtront, et qui ont fait la renommée de l’artiste.

Greenwoodz ne cache pas que ce projet l’a réconcilié avec sa pratique. «Pendant le processus, j’ai retrouvé pourquoi je faisais de la musique. Je voulais faire quelque chose de 100 % honnête, selon mes goûts du moment. Ce sera un “ça passe ou ça casse”» Et jusqu’ici, ça passe. Le public embarque, parfois avec surprise, souvent avec gratitude. Il attire une foule improbable, où se mêlent des enfants de sept ans, des boomers de soixante-quinze ans, des fans de rap, de rock ou de country. «Je ne sais pas d’où ça vient. J’ai juste fait de la musique, puis les gens ont connecté avec».

Sur scène, malgré un album plus posé, Greenwoodz promet que «ça va brasser comme d’habitude». Les morceaux ont été réarrangés pour la scène avec une énergie punk-rock. Le lancement aura lieu le 13 juin au Studio TD dans le cadre des Francos de Montréal, suivi d’un spectacle à Québec en septembre.

Malgré la tempête marque un tournant pour le jeune rappeur, et ce n’est pas lui qui dira le contraire. Aujourd’hui, Greenwoodz se confie plus qu’il ne crie. Avec une lucidité fraîchement acquise, il reconnaît ses torts, questionne ses choix et revient aux bases: ses amis, sa région, ses tourments. Il ne prétend pas avoir trouvé de réponses, mais il continue d'avancer, plus honnête que jamais, avec son public autant qu'avec lui-même.

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Au Théâtre Beanfield, dans sa ville natale, Auf der Maur a rejoint le groupe pendant le rappel, déclenchant les acclamations du public. Elle en a profité pour raconter sa première conversation avec Corgan. «Billy, est-ce que tu te souviens des premiers mots qu’on s’est échangés, le 23 juillet 1991?» lui a-t-elle demandé après avoir introduit l’anecdote en français. «Je suis allée sur le côté de la scène après que vous ayez joué I Am One. Tu rangeais ton équipement, tu te souviens de ce que je t’ai dit?» Il a plaisanté en répondant : «Je t’aime, ne me quitte jamais?» Elle a ri avant de répliquer : «Presque. J’ai dit : “Au nom de Montréal, je m’excuse pour la bouteille de bière cassée qui a été lancée sur toi. Je m’appelle Melissa, je viens de Montréal, et je te suivrai jusqu’à la fin des temps.”»

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