Une ex-petite amie de Sean Combs, qui affirme que le magnat l’incitait régulièrement à participer à des «freak-offs» avant de l’avoir soi-disant droguée dans sa villa de Miami en juillet — deux mois avant son arrestation — a redéposé sa poursuite civile sous son vrai nom.
La femme, Chelsea Lovelace, a initialement intenté sa poursuite, qui contient des allégations d’agression sexuelle, contre Combs le 27 septembre 2024, un peu plus d’une semaine après que l’homme de 55 ans a été inculpé pour trafic sexuel, complot de racket et transport en vue de se livrer à la prostitution.
Lovelace, qui a rencontré Combs à la fin de 2020 et est sortie avec lui jusqu’en septembre dernier, avait d’abord utilisé le pseudonyme Jane Doe pour déposer sa plainte, en raison de la nature sensible des accusations d’agressions sexuelles et par crainte pour sa sécurité. Mais dans une déclaration faite aujourd’hui au magazine Rolling Stone, Lovelace affirme qu’elle choisit désormais de révéler son identité réelle, car elle veut privilégier «la guérison plutôt que la dissimulation».
«Il fut un temps où je croyais sincèrement que nous partagions quelque chose de réel. Dans mon cœur, j’ai cru un moment qu’il tenait vraiment à moi, déclare Lovelace. Que nous tenions l’un à l’autre d’une façon qui avait du sens. Mais avec le temps, cette illusion s’est brisée. Et avec elle, une partie de moi aussi. Ce que je pensais être de l’amour et de la loyauté est vite devenu manipulation, contrôle et abus. Je n’étais pas perçue comme une personne avec une âme, mais comme un pion dans un jeu bien plus vaste.»
«Je ne voulais pas y croire. J’ai lutté avec Dieu, avec mon cœur, avec mon propre silence. Déposer cette poursuite — d’abord sous le nom de Jane Doe, et maintenant sous mon vrai nom — n’est pas un acte de vengeance. C’est un acte de libération, poursuit-elle. De prise de parole. De choix de la guérison plutôt que de la dissimulation. Il s’agit de dignité. Il s’agit de responsabilité. Il s’agit de toutes ces fois où je me suis dit de me taire et de rester loyale — jusqu’à ce que le silence devienne trop lourd à porter.»
Dans la plainte de 18 pages, Lovelace affirme avoir rencontré Combs à l’automne 2020, et que leur relation s’est rapidement amorcée. Le couple se voyait au moins une fois par mois, Combs organisant les déplacements de Lovelace pour qu’elle le rejoigne dans différentes villes, notamment Miami, Los Angeles et New York.
Elle affirme que chaque fois qu’elle rendait visite à Combs, il lui demandait de «faire un spectacle» pour lui.
(En janvier, lorsqu’elle s’était entretenue avec Rolling Stone dans le cadre d’une enquête sur Combs, sous le pseudonyme «Nicole», Lovelace avait déclaré que ces spectacles consistaient à s’enduire d’huile pour bébé chauffée et à avoir des relations sexuelles avec Combs pendant des heures.)
Lovelace affirme que Combs l’a agressée sexuellement une fois dans sa résidence de Los Angeles en avril 2022 et que, tout au long de leur relation de quatre ans, il «la poussait constamment à inclure d’autres hommes et femmes dans leur intimité, malgré le fait qu’elle ait clairement exprimé ne pas vouloir de tiers impliqués», selon sa plainte.
Dans d'autres allégations troublantes, qui font écho aux témoignages entendus lors du procès criminel pour trafic sexuel de Combs — notamment ceux de son ex-petite amie Casandra «Cassie» Ventura et d’une autre ex sous le pseudonyme de «Jane» —, Lovelace affirme que Combs lui donnait régulièrement de l’alcool et des drogues illicites, dont de l’ecstasy, pour «la forcer à se livrer à des actes sexuels sans son consentement».
Combs l’aurait contrainte à consommer ces substances jusqu’à ce qu’elle perde connaissance — une fois en l’obligeant à prendre de la kétamine, une autre fois en lui enfonçant deux pilules inconnues dans la bouche —, deux événements qui se seraient soldés par des pertes de mémoire. Elle affirme s’être souvent réveillée couverte d’ecchymoses, une fois avec des marques de morsures sur les pieds, sans aucun souvenir de la manière dont elle avait été blessée.
Lovelace affirme également que Combs exerçait un contrôle sur elle, l’encourageant à ne pas travailler et faisant harceler son téléphone par son personnel lorsqu’il n’arrivait pas à la joindre. Elle dit aussi avoir craint que Combs surveille ses communications lorsqu’elle n’était pas avec lui.
Lors de sa dernière visite en personne en juillet 2024, Lovelace avait précédemment confié à Rolling Stone que Combs lui aurait parlé de faire venir un homme. Il était dans un état de détresse, affirme-t-elle, la suppliant et insistant pour que, la prochaine fois qu’ils se verraient, elle trouve un homme à inviter dans la chambre à coucher. « J’étais à moitié consciente cette nuit-là », a déclaré Lovelace. «Mais je me souviens avoir pensé : “Je vais juste dire oui pour qu’il me laisse tranquille, et je ne reviendrai plus jamais. Je ne reviendrai plus jamais après ça.”»
Lorsqu’elle s’est réveillée après une nuit d’activité sexuelle, selon sa plainte, elle se sentait «malade, confuse, et incapable de se souvenir de ce qui s’était passé la veille; la chambre était en désordre.»
Dans les jours précédant l’arrestation de Combs, Lovelace avait également déclaré à Rolling Stone que Combs avait tenté d’entrer en contact avec elle, souhaitant lui parler et l’incitant à venir le voir à New York. «J’ai l’impression qu’il essayait de me faire jouer un rôle dans tout ça, parce que, comme ça, je ne suis plus une victime, a-t-elle expliqué. Je deviens l’instigatrice.»
L’avocat de Lovelace, Joseph Ciaccio, a déclaré que son cabinet, Napoli Shkolnik, «soutient la décision courageuse de notre cliente de révéler publiquement son identité dans le cadre de l’action civile contre Sean Combs», ajoutant : «Son choix de se manifester en dit long sur sa force et sa détermination. Depuis le début, notre cabinet a soutenu que personne n’est au-dessus des lois, surtout pas ceux qui détiennent le pouvoir, et ce principe demeure inébranlable. Nous sommes déterminés à obtenir justice en son nom.»
Lovelace réclame des dommages-intérêts compensatoires ainsi que le remboursement des frais juridiques. «Je crois au timing de Dieu, déclare Lovelace. Je crois que la lumière révèle ce qui doit être guéri. Et je crois que la vérité, même lorsqu’elle fait mal, est le début de la liberté. À celles et ceux qui m’ont soutenue, qui ont prié pour moi, qui m’ont laissé de l’espace pour guérir — merci. Je suis encore en train de guérir. Encore en train de chercher mon chemin. Mais aujourd’hui, je choisis d’avancer la tête haute, avec ma voix intacte.»
Ceci est la traduction adaptée d’un article publié par Rolling Stone. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.