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Kraftwerk pose son vaisseau à la Place des Arts

Entre rythmes motorisés et froideur calculée, le quatuor allemand a revisité son répertoire iconique, lors d'une performance de près de deux heures.

Kraftwerk pose son vaisseau à la Place des Arts
Photos par Jacob Prévost

Les panneaux acoustiques qui forment le plafond de la salle Wilfrid-Pelletier lui donnaient des airs de vaisseau spatial, hier soir, alors que les pionniers électro de Kraftwerk ont investi la scène pendant plus de deux heures.

C’était un public pour le moins hétérogène qui s’y est réuni, entre gens d’affaires bien habillés et nerds audiophiles, pour célébrer les 50 ans d’Autobahn, l’album séminal de Kraftwerk. Connus pour leurs innovations technologiques et leur maîtrise de la conception sonore et visuelle, le groupe allemand a fait un usage pointilleux des capacités techniques de la salle.


Jacob Prévost

Après que leur pièce ambiante Kling Klang ait résonné et installé une ambiance inquiétante dans la majestueuse salle pendant près d’une dizaine de minutes, le leader et seul membre survivant du groupe original Ralf Hütter, est entré sur scène, suivi de ses trois collègues de scène. Stoïques comme des robots derrière leurs consoles, évidemment créées sur mesure, Kraftwerk ont livré une performance de près de deux heures interrompues, revisitant certains de leurs plus grands classiques, de Computer World à Computer Love, en passant par Radioactivity et la suite Tour de France.

La performance étant réglée au quart de tour, il n’y a eu aucune prise de parole de la part de Ralf Hütter, à l’exception de lors d’un souci technique lors de Trans-Europe Express, lorsqu’il a blagué qu’il fallait «prendre un autre train», avant de reprendre la chanson du début. Et, restant pratiquement immobiles sur scène, ce ne sont pas les musiciens qui ont volé la vedette, malgré leurs costumes sertis de lumières LED, qui changeaient de couleur au fil des chansons et des ambiances musicales. Plutôt, c’est le système audiovisuel de la Place des Arts qui a été mis à l’honneur, et expertement exploité par l’équipe de Kraftwerk, sous la direction de Serge Graefe.

On pouvait sentir les basses et les synthés se déplacer dans la salle, immergeant d’autant plus le public dans la performance, nous faisant oublier que l’on est dans la salle où joue d’habitude l’Orchestre symphonique de Montréal, en train d’écouter de la musique que la plupart d’entre nous ont découvert dans des bars et clubs. Les visuels étaient eux aussi bien conçus, bien que la conception visuelle de cette tournée ne soit pas aussi immersive que celles des spectacles 3D que le groupe a présenté il y a quelques années.

Dur de croire que ça fait déjà plus de 50 ans que Kraftwerk nous font danser avec des chansons qui prédisaient déjà un avenir dystopique qui ne cesse de se confirmer. Malgré le fait que la plupart des artistes de l’âge de Hütter ont depuis longtemps pris leur retraite, il continue la mission qu’il s’était donné avec son acolyte et cofondateur Florian Schneider, de brouiller la distinction entre l’humain et les machines, alors que leur groupe faisant la transition d’un krautrock avant-gardiste à un style résolument moderne, centré autour d’instruments électroniques plutôt qu’analogues, qui deviendrait ce qu’on appelle aujourd’hui l’électro.

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