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The Cure livre l’épopée power-doom qu’on attendait

Sur Songs of a Lost World, Robert Smith puise dans les profondeurs de son cœur embroussaillé; c’est le meilleur album de The Cure depuis Disintegration

The Cure livre l’épopée power-doom qu’on attendait
Sam Rockman

Ceci est la traduction adaptée d’un article de Rob Sheffield, originalement publié par Rolling Stone le 28 octobre 2024. Nous republions l'article originalement intitulé The Cure Deliver the Power-Doom Epic We’ve Been Waiting For avec la permission de son auteur. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.

Les mots «tant attendu» ne rendent même pas justice au nouvel album de The Cure. Songs of a Lost World est un disque qui a été promis, évoqué, suggéré, teasé, espéré, désespéré, imaginé. Les fans de The Cure ont passé 16 ans à allumer des chandelles et à prier pour celui-ci, pendant que Robert Smith jurait qu’il était à veille de le terminer. Les nouvelles chansons ont épaté tout le monde durant la tournée marathon du groupe, qui a couvert 33 pays, sans que personne ne se plaigne que le matériel avait besoin de travail. Pourtant, Smith a continué d’ajuster les pièces en studio, assurant que le résultat en vaudrait la peine.


Lost World montre un Smith au sommet de sa tourmente émotionnelle, créé pendant qu’il pleurait les décès de sa mère, son père et son frère. On pourrait s’attendre à ce qu’un album aussi longuement peaufiné soit surfait, mais c’est plutôt un hymne gothique space-rock vibrant, propulsif, avec huit chansons en cinquante minutes, animées par l’assaut d’un groupe en pleine puissance. Le tour de force de 7 minutes Alone ouvre l’album, tout comme il ouvrait chaque spectacle de la tournée, dans un flot de synthés massifs et de percussions dramatiques. Smith observe les ruines, hanté par «les fantômes de tout ce qu’on a été».

Lost World suit une progression narrative, de Alone à Endsong — pas de détours pop, pas d’interludes éthérés. Smith a tout écrit et arrangé, produisant et mixant au Pays de Galles avec Paul Corkett, qui a également coproduit Bloodflowers en 2000 (et était ingénieur sur Wild Mood Swings en 1996). Ce sont les paysages nocturnes et cauchemardesques de Pornography et Disintegration, mais actualisés sous le prisme du vieillissement, de la perte, de rêves qui s’effondrent au fil des ans — le garçon imaginaire devenu un homme battu par la réalité. Il ne mentait pas: Songs of a Lost World est l’épopée sombre et triomphante qu’on espérait, le meilleur de The Cure depuis Disintegration, avec Smith qui puise dans les profondeurs de son cœur embroussaillé, explorant intensément la perte et le deuil. C’est un album qui commence par «This is the end of every song I sing» et se termine avec «Left alone with nothing at the end of every song». Entre les deux, ça devient noir.

Il y a vingt ans, avec leur album éponyme de 2004, The Cure était un groupe de guitares post-punk, avare de claviers, en phase avec de jeunes disciples comme Interpol ou les Yeah Yeah Yeahs. Mais Lost World va au-delà de The Cure, de Bloodflowers ou du décevant 4:13 Dream de 2008. C’est un accomplissement qui boucle la boucle pour le jeune gothique qui chantait déjà «Yesterday I got so old», alors qu’il n’avait pas encore 25 ans.

La voix de Smith résonne avec plus de force et de colère qu’on ne pourrait s’y attendre, sur une section rythmique étonnamment musclée, lâchant son cri étrange et angélique. Quiconque a vu la tournée peut en témoigner: la formation actuelle de The Cure est solide. Le batteur Jason Cooper assure des fanfares martiales dans Endsong. Quant au guitariste Reeves Gabriels, il a toujours été un sujet de controverse, connu pour son rôle d’acolyte de Bowie dans les années 90, et certains fans de Ziggy s’en plaignent depuis Tin Machine. Mais il est né pour être dans The Cure, élevant chaque morceau avec ses frasques flamboyantes. Le claviériste Roger O'Donnell et le bassiste original Simon Gallup sont également en pleine forme.

La pièce maîtresse est l’adieu de Smith à son frère, I Can Never Say Goodbye, avec un motif de piano à 8 notes qui résonne pendant qu’il se lamente : «Something wicked this way comes/To steal away my brother’s life». And Nothing Is Forever et A Fragile Thing sont des chansons d’amour tourmentées, où il implore de s’accrocher («promise you’ll be with me in the end») sur des synthés poignants. Warsong passe d’un drone, à l’harmonium, à une véritable crise de nerfs, avertissant : «All we will ever know is bitter ends». Tout s’écrase dans Endsong, la finale de 10 minutes, où il se retrouve à se demander : «Wondering about that boy and the world he called his own/And I’m outside in the dark, wondering how I got so old».

Lost World pourrait bien être l’un des albums rock les plus cruellement retardés de l’histoire, façonné avec l’habituelle insouciance de Smith envers les dates de tombée. On pourrait même se demander s’il ne l’a pas retardé d’une année supplémentaire juste pour surpasser Axl Rose en termes de record de délai, après Chinese Democracy. Mais désormais, c’est simplement un nouvel album de The Cure, qui dépasse les attentes au point de recalibrer toute leur histoire. Smith pleure son monde perdu. Mais c’est l’un des univers musicaux les plus fascinants qu’il ait jamais créés — le son de Robert Smith qui lutte contre les ténèbres, refusant d’abandonner.

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