L’émotion était palpable jeudi soir entre les murs flambants neufs ornés de boiseries et de fenêtres avec vues sur le fleuve du nouveau Théâtre de la Vielle Forge. Huit ans après avoir été emporté par les flammes, le cœur battant du Festival en chanson de Petite-Vallée a été inauguré avec la tenue d'un grand spectacle rassemblant dix artistes de talent, dont Michel Rivard, Klô Pelgag, Marie-Pierre Arthur et Patrice Michaud.
Après près de 45 minutes d’allocutions protocolaires rappelant à quel point la réouverture de ce «symbole, ce point d’ancrage», comme l’a décrit la mairesse de Petite-Vallée, Monika Tait, est événementielle, la musique a enfin pu commencer.
Spectacle rassembleur, convivial et chaleureux, La marée du forgeron a célébré le répertoire des dix artistes sur scène, les uns interprétant les chansons des autres. «Ce soir on va jouer à "c’est à qui la toune"», a résumé Louis-Jean Cormier, codirecteur artistique de l’événement, en guise d’introduction.
À ses côtés, se trouvaient quatre musiciens et neuf autres auteurs-compositeurs-interprètes issues de différentes générations : Michel Rivard, Marie-Pierre Arthur, Daniel Boucher, Patrice Michaud, Klô Pelgag, Jeanne Côté, Velours Velours, Sandrine Masse et Luan Larobina. Tous ont en commun un profond attachement au Festival en chanson.
En clin d'œil à la polémique sur les premières parties de spectacles du printemps dernier, Alan Côté, le directeur du festival et l’autre codirecteur artistique de La marée du forgeron, a ouvert les festivités en présentant un artiste de la relève. Devant le rideau, est apparu nul autre que Michel Rivard, doyen du spectacle, qui s’est présenté comme un jeune en début de carrière. Le ton était donné : la soirée sera empreinte d’humour et de bons sentiments.
Le plaisir et la complicité étaient en effet palpable sur les visages des interprètes, tout comme l’amour qu’ils éprouvent pour ce festival incontournable du Québec. Chacun leur tour, ils ont partagé leurs souvenirs liés à Petite-Vallée. D’humeur cabotine, Klô Pelgag, qui a grandi à Sainte-Anne-des-Monts, s’est amusée à taquiner Daniel Boucher, résident de Mont-Louis. Patrice Michaud a pour sa part raconté pourquoi on l’appelait «Michaud mille pieds» lors de son enfance à Cap-Chat.
Le spectacle a donné droit à des relectures fort jolies et originales de Comme des rames de Klô Pelgag par Daniel Boucher, de Y peut mouiller de Jeanne Côté par Michel Rivard, de Face au vent de Louis-Jean Cormier par Klô Pelgag et de Le vent m’appelle par mon prénom de Marie-Pierre Arthur par Patrice Michaud. D’une chanson à l’autre, les artistes se sont déplacés sur scène, tantôt assis au piano ou à la guitare, tantôt en mode choriste, tantôt au-devant de la scène, sous les projecteurs.
Parmi les temps forts, l’interprétation tout en douceur avec des influences latines et bossa nova du classique de Michel Rivard, Je voudrais voir la mer, dont certaines des paroles ont été traduites en espagnol par Luan Larobina. «Une chanson tellement vieille qu’elle appartient au domaine public», a blagué Raphaël Pépin-Tanguay alias Velours Velours. Un frisson a parcouru la salle lorsque Michel Rivard est venu les rejoindre sur scène.
Soulignons aussi le moment de grâce entre Marie-Pierre Arthur, Louis-Jean Cormier et Velours Velours, qui ont chanté La saison des pluies, de Patrice Michaud, assis sur des chaises, les jambes croisées, presque a capella, mettant de l’avant leurs sublimes harmonies vocales. Et que dire la chanson composée spécialement pour l’occasion, On s’est jamais éteint, jouée en début de spectacle et reprise en version acoustique au rappel.
Le spectacle s’est conclu sur un hommage aux artistes disparus qui ont marqué l’histoire du Théâtre de la Vieille Forge suivi d’un medley pour le moins éclectique des chansons La marche du président de Robert Charlebois et Louise Forestier, Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde de Lisa LeBlanc et Bonne journée de Philippe Brach.
En guise de rappel, les artistes ont salué les liens forts qu’entretient le festival avec les communautés autochtones en interprétant Tshishe Manitu de Florent Vollant. Puis, afin de rendre hommage au regretté Serge Fiori, ils ont entonné en quittant la scène l’emblématique refrain de Un musicien parmi tant d’autres, repris avec émotion par le public. Une belle et douce attention.
Voilà de quoi donner un nouveau souffle au Festival en chanson de Petite-Vallée, dont la 42e édition se poursuit jusqu’au 5 juillet.
Les frais d’hébergement de ce séjour ont été couverts par le Festival en chanson de Petite-Vallée, qui n’a eu aucun droit de regard sur ce texte.