Plus de 3000 personnes se sont rassemblées mardi après-midi à la salle Wilfrid-Pelletier afin de rendre un dernier hommage à Serge Fiori, leader du groupe Harmonium, décédé le 24 juin dernier à l’âge de 73 ans. Cette cérémonie toute en mots et en musique a mis de l’avant les talents de plusieurs artistes d’ici, dont Richard Séguin, Michel Rivard, Klô Pelgag, Marie-Pierre Arthur et Philippe Brach. Même Céline Dion y a fait une courte apparition en vidéo, chantant l’emblématique refrain de Un musicien parmi tant d’autres.
Voici quelques paroles marquantes qui ont été prononcées à l’endroit du regretté Serge Fiori, qui était tellement plus qu’un musicien parmi tant d’autres.
Michel Rivard
«La musique était notre terrain de jeu. La chanson, notre outil. Notre projet : chanter le pays. […] Nous nous aimions, nous nous écoutions. Aucune rivalité entre nous. Et voilà que de ce nous, émerge le tu. Tu émerges, Serge. Tu émerges aujourd’hui par ce départ aussi imprévu que prématuré et par cette peine profonde que nous ressentons tous. Mais il y a longtemps que tu émerges Serge. Par ta voix si vaporeuse, si précise à la fois, par de mélodies originales et pourtant familières dès la première fois. Par tes paroles qui pouvaient passer de la brume à la clarté du jour en quelques mots. T’sais Serge, quand tu nous racontais L’Heptade, on comprenait pas tout tout tout. Mais il suffisait que tu la chantes pour qu’on te suive n’importe où. »
Biz
«Serge Fiori était un remarquable Québécois. Alors que certains pourraient être tentés de pervertir sa mémoire, c’est bon de rappeler que les convictions de ce fils d’immigrants italiens concernant l’indépendance du Québec et la langue française étaient non négociables. Le gars a quand même refusé un million de dollars pour faire traduire L’Heptade en anglais. Respect. À la fois intime et politique, la parole du chaman avait le don de résonner dans l’intime et de faire vibrer le collectif. Le 24 juin dernier, notre grand sage est monté dans les nuages. Il n’y a pas de hasard. Légendaire jusqu’au bout.»
Louis Valois
«J’ai rencontré Serge en 1972, il avait 20 ans, il n’était pas connu. La première chanson qu’il m’a chantée était Attends-moi. J’ai été ébloui – c’est ça le mot – par sa guitare, ses mains, son talent, sa voix, sa bouche… J’étais… Il n’y a pas de mot. J’ai décidé de te suivre mon Serge, je n’ai pas eu le choix. […] C’était fabuleux, je le regardais chanter. Sa bouche, il y avait comme un torrent qui sortait de là, c’était comme un volcan. C’était le canal de son âme, finalement.»
Normand Brathwaite
«J’ai peur de parler de Serge, parce que Serge a été trop important dans ma vie dernièrement. C’est un homme qui m’a réappris à rire. Moi et Serge, ce n’est pas un secret, on souffre de la même maladie. Je ne sais pas comment s’appelle : l’angoisse, le stress, la peur de la nuit, la peur de dormir… On est des gars très sympathiques! […] Serge aimait rire.»
Louis-Jean Cormier
«J’arrive pas à croire que tu sois parti. Toujours pas. Je me rappelle encore de ta voix, de tes éclats de rire, de ton amour profond de la musique et de l’être humain, je dirais. Tu auras été un modèle pour bien du monde, moi y compris. Je pense que je te serai éternellement reconnaissant de m’avoir appris tout ce que tu m’as appris, consciemment ou inconsciemment. Je t’aime. Salut.»
Régis Labeaume
«On a été de nouveaux amis, même pas dix ans. […] Mais il s’est passé quelque chose qui nous a surpris, qu’on n’a même pas compris nous-mêmes. Et on a pris soin de nous autres comme des petites bêtes. On s’est peut-être connus au meilleur moment de nos vies : plus vieux, mais, en duo, pas nécessairement plus matures.»
Luc Picard
«Serge est né à une époque où tous les espoirs étaient permis et il meurt à un moment où l’espoir, comme lui, est devenu un animal fragile.»