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Les Grammys offrent enfin à Beyoncé la victoire que nous attendions

En plus, Kendrick Lamar a triomphé, tout le monde a rendu hommage à Los Angeles et Taylor Swift s'est éclatée sans rien gagner — une autre édition mémorable de la plus grande soirée de la musique

Les Grammys offrent enfin à Beyoncé la victoire que nous attendions

Ceci est la traduction adaptée d’un article de Rob Sheffield publié par Rolling Stone le 3 février 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Grammys Finally Delivers the Beyoncé Victory We’ve Been Waiting For avec la permission de son auteur. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.

Le long cauchemar est terminé : Beyoncé a enfin remporté l'Album de l'année. Les Grammy avaient désespérément besoin qu’elle reparte avec cette récompense pour rendre la soirée véritablement festive. Toute la cérémonie nous a parue comme un compte à rebours vers le moment où Beyoncé allait enfin recevoir son foutu trophée. Tout remonte à la malédiction de Morning Phase en 2015, quand elle avait perdu face à un album obscur de Beck, le plus grand bouleversement de l’histoire des Grammy. Dans les dix dernières années, alors qu’elle s’inclinait pour Lemonade et Renaissance, une pression s’est installée : Beyoncé devait remporter cette catégorie pour que tout le monde puisse enfin passer à autre chose. Tout le reste était devenu secondaire. Beyoncé n’avait pas besoin de ce trophée — elle est l’artiste la plus récompensée de l’histoire des Grammy — mais bon sang, ce prix avait besoin d’elle. Sa victoire a été le point culminant d’une soirée exceptionnelle.


Cowboy Carter a triomphé alors que la barre était particulièrement élevée, avec des nommés comme Taylor Swift, Chappell Roan, Sabrina Carpenter, Charli XCX et même André 3000 et sa flûte. (Et Jacob Collier.) C’était l’une des sélections les plus prestigieuses de l’histoire, mais hier soir, on se sentait comme aux Oscars de 2006, où tout ce qui comptait était de voir enfin Martin Scorsese remporter sa statuette tant attendue (pour The Departed). Impériale, Beyoncé a été d’une élégance impeccable dans la victoire, minimisant l’ampleur historique du moment. «Je me sens simplement remplie de gratitude et très honorée, a-t-elle déclaré Beyoncé. Ça fait de très, très nombreuses années.» Elle a aussi rendu hommage à la pionnière du country Linda Martell. «Je veux simplement dédier cela à Miss Martell. J’espère que nous continuerons à ouvrir des portes.»

Toute la cérémonie a fait la démonstration éclatante que nous vivons une période musicale exceptionnelle, avec des performances incroyables de Shakira, Chappell Roan, Doechii, Billie Eilish, Sabrina Carpenter et bien d’autres. Nous vivons une époque surréaliste où les Grammy sont devenus la plus grande fête télévisée de l’année, chaque année. Cela aurait semblé impensable à ceux qui regardaient les Grammy dans les décennies précédentes — vous savez, les années des «duos d’Alicia Keys avec un hologramme de Frank Sinatra». Mais depuis une bonne dizaine d’années, la cérémonie s’est transformée en un véritable spectacle musical. Qui l’aurait cru?

La soirée des Grammy a également été marquée par de nombreux hommages à Los Angeles. Le groupe local Dawes a ouvert la cérémonie avec le classique de Randy Newman, I Love L.A., accompagné d’un orchestre de stars : Sheryl Crow, Brad Paisley, John Legend, Brittany Howard et St. Vincent. Taylor et Griffin Goldsmith de Dawes ayant perdu leurs maisons dans les incendies, la performance était particulièrement émouvante. I Love L.A. est peut-être une satire subtile et ironique de Newman sur sa ville natale, mais ils en ont modifié les paroles pour maximiser l’enthousiasme. On aurait pu s’attendre à ce que Randy lui-même se joigne à la fête, étant donné qu’il brille toujours lors des cérémonies de remise de prix et aussi en raison de l’amour des Grammy pour les moments intergénérationnels. Mais ils ont gardé sa version pour le générique de fin.

Toute la soirée a été remplie d’hommages chaleureux à L.A. L’animateur Trevor Noah a multiplié les appels aux dons pour les victimes des incendies. Billie Eilish a livré une sublime interprétation de Birds of a Feather avec son frère Finneas, transformant la chanson en un hommage à Altadena, avec en toile de fond les montagnes de San Gabriel et Eaton Canyon, où ils jouaient enfants. Casquette des Dodgers vissée sur la tête, elle a conclu avec un «I love you, L.A

Chappell Roan a offert une performance époustouflante de Pink Pony Club à cheval sur un véritable poney rose en papier mâché. Sa vidéo en introduction était particulièrement touchante : elle y racontait son enfance dans une petite ville où «je ne me suis jamais sentie assez bien, parce que j’étais homosexuelle». Elle a ajouté avec émotion : «La jeune fille que j'étais avait besoin d’une personne comme moi pour s’identifier».

Lady Gaga et Bruno Mars ont repris le classique des années soixante California Dreamin’. Tout le monde savait que Gaga allait se donner à fond durant le passage «I got down on my kneeeeees», et c'est ce qu'elle a fait, tandis que Bruno se faisait aller le chapeau de cowboy. La performance a été étrangement synchronisée avec une tempête de neige à New York, un vrai «winter’s day».

Quand Chappell Roan a remporté le prix de la Révélation de l’année, elle a livré un des discours les plus marquants de la soirée, rendant hommage aux autres nommés et ajoutant : «Brat a été la meilleure nuit de ma vie l’an dernier». (Ça en dit long sur notre époque : elle est la huitième femme consécutive à remporter ce prix.) Mais son discours s’est rapidement transformé en appel passionné aux labels pour qu’ils offrent «un salaire décent et une couverture santé, surtout aux artistes émergents». Elle a évoqué ses difficultés après avoir été abandonnée par son premier label sans assurances ni autre expérience professionnelle. Elle a lancé : «Les labels, on est là pour vous, mais est-ce que vous êtes là pour nous?»

Kendrick Lamar a remporté le prix de l’Enregistrement de l’année pour Not Like Us, devenant ainsi le premier artiste à gagner avec une chanson accusant un ancien nommé aux Grammy d’être un pédophile notoire. «Je dédie ce prix à la ville, a-t-il déclaré dans un discours puissant, en commençant par rendre hommage à Compton parmi une liste de quartiers. C’est mon coin, celui qui m’a soutenu depuis que je suis tout petit». Kendrick a également reçu le prix de la Chanson de l’année des mains de l'emblématique Diana Ross, une des icônes de l’histoire des Grammy. Impossible de ne pas être touché en voyant K-Dot s’incliner respectueusement devant Miss Ross. «Voyons, Diana Ross? a-t-il lancé au micro. Je suis en admiration totale!»

Anthony Kiedis et Chad Smith ont remis le prix du Meilleur album pop vocal, soulevant immédiatement la question : Mais où diable est Flea? Il n’est pas exactement le genre à rester tranquillement chez lui. Ils ont rendu hommage à Los Angeles avec une version a cappella de Under the Bridge avant de remettre le trophée à Sabrina Carpenter, qui n’avait que deux semaines quand ils ont sorti Californication. Sabrina a aussi offert un incroyable medley de Espresso et Please, Please, Please, façon Hollywood classique, avec un numéro de claquettes en costume et cravate digne d’Un Américain à Paris.

Roan était l’une des gagnantes les plus prévisibles de la Révélation de l’année, mais les Grammys ont transformé cette attente en l’un des moments phares de la soirée, en laissant chaque nommé interpréter un morceau. Benson Boone, assis dans la salle, a sorti un micro de sa poche avant de se faire arracher son smoking par Heidi Klum et Nikki Glaser, révélant une combinaison bleue assortie à sa moustache duveteuse. Il avait l’air d’un patineur artistique incarnant Dennis DeYoung de Styx dans une version sur glace de Kilroy Was Here. Showman jusqu’au bout, il a enchaîné les saltos arrière comme s’il visait un Grammy et une médaille olympique en même temps. Raye a enflammé la scène avec une version digne de Vegas de Oscar-Winning Tears, tandis que Shaboozey a mis tout le monde d’accord avec Tipsy — voir SZA applaudir en rythme était un vrai moment.

Le patron de la Recording Academy, Harvey Mason Jr., a ensuite prononcé un long discours un peu gênant sur toutes les leçons qu’ils ont apprises grâce à The Weeknd, qui a causé la surprise en venant interpréter quelques morceaux de son nouvel album. Cette performance a officiellement mis fin au boycott des Grammy qu’il avait annoncé en 2021. Drake, qui boycotte aussi la cérémonie depuis 2021, n’a pas été mentionné.

Shakira a eu une grosse soirée, scintillant dans une robe dorée et enflammant la scène avec ses mouvements de danse du ventre sur son classique des années 90 Ojos Así. Dans un discours percutant, elle a dédié son prix du Meilleur album pop latin «à tous mes frères et sœurs immigrés dans ce pays», leur promettant : «Je me battrai toujours avec vous».

Lady Gaga a dévoilé son tout nouveau titre Abracadabra, extrait de son très attendu Mayhem. Plus tard, en recevant son prix pour Die with a Smile avec Bruno Mars, elle a livré un message fort : «Les personnes trans ne sont pas invisibles. Elles méritent l’amour. La communauté queer mérite d’être soutenue. La musique, c’est l’amour.» Alicia Keys a aussi pris la parole pour la diversité, affirmant : «Ce n’est pas le moment de réduire au silence la diversité des voix». De son côté, Doechii a électrisé la scène avec Catfish et Denial Is A River, après avoir remporté le prix du Meilleur album rap pour son excellent album Alligator Bites Never Heal. Dans un discours bouleversant, elle a parlé de sa sobriété et rendu un vibrant hommage à sa ville natale, Tampa.

Le légendaire Quincy Jones a reçu un hommage digne de son héritage porté par une équipe de stars. Cynthia Erivo a interprété Fly Me to the Moon accompagnée au piano par Herbie Hancock. Stevie Wonder a chanté We Are the World, avec un solo d’harmonica magistral, tandis que Janelle Monáe a fait un moonwalk sur Don’t Stop Till You Get Enough.

L’In Memoriam a été introduit par Chris Martin avec une reprise de All My Love dans un montage émouvant dédié à Liam Payne de One Direction. Voir une photo de Steve Albini arborant un t-shirt Raw Power des Stooges était presque ironique — difficile d’imaginer quelque chose qu’il aurait plus détesté qu’un hommage des Grammy sur une chanson de Coldplay. Comme toujours, l'Académie a oublié quelques disparus notables (Unk, Ka, Wayne Kramer des MC5), mais ils ont pensé à inclure Marianne Faithfull, décédée seulement trois jours plus tôt, ainsi que Garth Hudson. Les Grammy ont aussi annoncé des prix pour l’ensemble de leur carrière à des légendes comme The Clash, Roxanne Shanté, Frankie Valli et «l’artiste à jamais connu sous le nom de Prince».

Charli XCX a littéralement mis le feu avec Von Dutch, rappelant PJ Harvey avec son manteau en fausse fourrure noir et ses lunettes de soleil. Pendant que les danseurs de Charli organisaient un lancer de sous-vêtements sur scène, un message est apparu à l’écran : «Tous les sous-vêtements non portés seront donnés aux victimes de violences domestiques.» Un moment légendaire — Brat un jour, Brat toujours.

Taylor Swift a réussi à être omniprésente sans même gagner un prix. Elle a remis le trophée de la Meilleure performance country, partageant une accolade chaleureuse avec Beyoncé, d'une reine à une autre. Son entrée sur scène s’est faite sur So High School, ce qui, techniquement, revient à soutenir les Chiefs pour le Super Bowl. Elle a passé la soirée à l’une des tables les plus convoitées aux côtés de Cynthia Erivo, Jack Antonoff et Margaret Qualley. Et quand Bey a remporté l’Album de l’année, Taylor a trinqué au champagne avec Jay-Z.

Surtout : Taylor a passé toute la soirée sans annoncer de nouvel album. Ce qui ne peut vouloir dire qu’une chose… Debutation TV arrive enfin, non?

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