Ceci est la traduction adaptée d’un article de David Browne, originalement publié par Rolling Stone le 30 janvier 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Want to Own a Locket of Leonard Cohen’s Hair? New Auction Gives You a Chance avec la permission de son auteur. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.
En 1964, Leonard Cohen a écrit une lettre à un ami, expliquant qu’il avait vendu son «ramassis» de manuscrits à l’Université de Toronto, qui a déboursé 3 850$ pour la collection. Les temps ont bien changé, surtout dans le monde des souvenirs de musiciens. Le mois prochain, un encan de certains des brouillons de Cohen, ainsi que des correspondances et autres objets inclura cette lettre, que les encanteurs prédisent se vendra pour plusieurs fois la somme initiale.
Les ventes d’items de célébrités, vivantes ou décédées, deviennent de plus en plus communes. En 2019, Christie’s a mis en vente une collection de 50 lettres d’amour que Cohen avait écrit pour sa muse, Marianne Ihlen. Mais en général, on retrouve rarement des items de Cohen sur le circuit des collecteurs. C’est ce qui rend si spécial l’encan du mois prochain, «Leonard Cohen: les collections d’Aviva Layton, Anjani Thomas et plus», planifiée pour le 28 février par Julien’s Auctions. La vente est décrite comme étant «le plus grand groupe de collections privées de documents d'archives et d'effets personnels du légendaire poète, chanteur et compositeur jamais mis aux enchères.»
L’encan comporte des items mis à contribution par Thomas, qui fut à une époque la partenaire romantique et créative de Cohen, ainsi que Layton, une amie de longue date, qui a vu Cohen quelques semaines avant son décès.
D’autres items en vente incluent des manuscrits de paroles et de poèmes, un de ses chapeaux, des bijoux qu’ils a offerts en cadeau, et même une mèche de ses cheveux. «Les archives [officielles de Cohen] ont repris tout ce qui est arrivé sur le marché assez rapidement», explique Thomas. «Il n’y en a pas beaucoup, et il n’y en aura pas d’autres. Donc ceci est une opportunité unique.»
Layton et son feu mari, le poète montréalais Irving Layton, ont d’abord rencontré Cohen au milieu des années 1950. Une membre de la famille de Layton a retrouvé le chapeau de pêche noir de Cohen, dans son ancienne maison à Montréal. Le chapeau date des années de Cohen en Grèce, où les Layton lui rendaient visite.
«Leonard mettait son chapeau et Irving lui disait, ‘J’écris des poèmes, mais j’aimerais écrire des chansons et faire plein d’argent, comme toi’», se souvient Layton. «Et Leonard disait, ‘J’ai cette casquette, c’est une casquette magique. J’ai écrit toutes mes premières chansons en portant ce chapeau. Je vais te le donner, et tu pourras écrire des chansons et faire plein d’argent aussi.’ Malheureusement, ça ne semblait fonctionner que pour Leonard.
Une autre contribution de Layton inclut un dessin plutôt paillard que Cohen lui avait faxé, une photo d’Ihlen qui avait été utilisée sur la pochette arrière de l’album Songs from a Room, ainsi que les clés de l’appartement de Cohen sur l’île grecque d’Hydra. («Les serrures ont été remplacées depuis longtemps», dit-elle, pour rassurer les gens qui y vivent maintenant.)
Thomas, qui a chanté sur la version originale de Hallelujah, et a travaillé comme choriste, pianiste et co-autrice avec Cohen, offre de son côté des items rares, comme un calepin vert Apica de 76 pages, datant de 2007, qu’elle partageait avec le chanteur. Il contient des brouillons manuscrits de chansons comme It’s Torn et Treaty, mais aussi des «réflexions personnelles». Le carnet comprend également un registre des paris que Thomas et Cohen faisaient en blague, et des sommes qu'ils se devaient l'un à l'autre.
«On pariait sur des choses comme si Phil Spector irait en prison ou non. J’avais parié que oui», dit Thomas. «On pariait sur tout. Des montants obscènes. Heureusement pour lui, je n’ai jamais collecté les dettes.»
Thomas met aussi aux enchères un poème que Cohen lui a donné pour son 50e anniversaire. «J’ai pleuré quand il l’a écrit, et ensuite il a pleuré parce que j’ai pleuré», explique-t-elle. «Donc c’était une expérience douce et émotive de le lire. Parce qu’il a capté la nature de notre relation avec précision.»
La vente aux enchères comprend également ce qui est décrit comme un «médaillon ovale en métal doré avec de fausses pierres vertes et des perles sur une chaîne assortie de pierres vertes et de perles». Ce médaillon contient également une mèche de cheveux de Cohen. «Je lui coupais les cheveux un jour et il venait de m'offrir un médaillon pour mon anniversaire », se souvient Mme Thomas. «J'ai pensé que c'était une tradition de mettre une mèche de cheveux dans un médaillon. C'est une coutume très ancienne».
D’autres objets de l’encan qui ne viennent pas des collections de Thomas et de Layton incluent une page du manuscrit de Cohen, datée de 1961, pour son recueil The Spice-Box of Earth, avec une révision faite à la main, un poème non-publié que l’on croit être l’inspiration pour «Bird on a Wire», et une lettre datée de 1964 dans laquelle il se plaint de la police grecque.
Étant donné le peu de matériel de Cohen qui a été vendu aux enchères dans le passé, cette vente servira aussi de baromètre, pour estimer à quel point l'engouement autour du barde a grandi, depuis son décès en 2016. En 2019, Christie’s a mis en vente les lettres envoyées à Marianne Ihlen par Cohen, qui ont récolté près de 876 000$. Le calepin de Thomas est estimé entre 100 000 et 150 000$.
«Si j’avais su que Leonard deviendrait ‘Leonard Cohen’, j’aurais conservé dix fois plus de choses», dit Layton, à la blague. «Heureusement, j’ai ce que j’ai. Leonard était prolifique, lorsqu’il était question d’offrir des cadeaux. Mais j’ai 91 ans, presque 92, il est temps pour moi de m’en défaire.»