Ceci est la traduction adaptée d’un article de Nancy Dillon, originalement publié par Rolling Stone le 5 février 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Pop Smoke Murder Defendant Takes Plea Deal With 29 Years in Prison, avec la permission de son autrice. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.
Le seul adulte inculpé pour le meurtre en 2020 du rappeur en pleine ascension Pop Smoke a accepté un accord de plaidoyer mercredi, mettant un terme à près de cinq ans de poursuites contre des accusés majoritairement mineurs, dans cette affaire de cambriolage meurtrier qui a secoué l’industrie du hip-hop.
Corey Walker, accusé d’avoir envoyé trois adolescents vers l’Airbnb loué où s’est déroulée la fusillade, a plaidé coupable d’homicide volontaire et de vol qualifié avec usage d’arme et circonstances aggravantes liées à un gang. Il doit être condamné à 29 ans de prison lors d’une audience prévue le 21 février 2025.
En vertu de cet accord, l’accusation de meurtre a été abandonnée. La nouvelle inculpation pour homicide volontaire, ajoutée mercredi, inclut des facteurs aggravants: le crime a été commis avec préméditation et une «cruauté, une brutalité et une insensibilité extrêmes». Walker a également plaidé coupable du vol d’une femme présente sur les lieux. Ces condamnations pour homicide et vol qualifié entraînent chacune une peine additionnelle de deux ans, qui seront purgées en même temps que les 29 ans de prison, ont précisé les procureurs. Cet accord a permis d’éviter un procès devant jury, qui devait s’ouvrir cette semaine à Los Angeles.
D’après l’accusation, Walker et ses complices ont organisé ce cambriolage pour s’emparer de l’argent liquide, de la lourde chaîne en or et de la montre sertie de diamants que Pop Smoke, 20 ans, avait exhibés sur les réseaux sociaux la veille. Le groupe a pu localiser la maison louée après que le rappeur de Brooklyn, de son vrai nom Bashar Barakah Jackson, eut involontairement publié une photo d’un sac cadeau où figurait l’adresse sur une étiquette.
La mère de Jackson, Audrey Jackson, a déclaré à Rolling Stone être soulagée que l’affaire soit résolue, tout en soulignant que cela ne change rien à sa douleur. «C’est fini pour tout le monde, sauf pour moi. Ça ne se termine jamais pour moi. Et c’est injuste», a-t-elle confié par téléphone après l’audience. «Je suis reconnaissante que les coupables aient été arrêtés. J’apprécie qu’ils aient été jugés dans toute la rigueur de la loi. Mais ma vie, elle, ne change pas. Mon fils n’est plus là. Je continuerai à travailler pour honorer son héritage, mais c’est aussi un rappel constant qu’il n’est plus ici.»
Walker est apparu devant la cour vêtu d’un uniforme orange de détenu, encadré par ses avocats Kellen Davis et Deion Benjamin. La procureure adjointe du comté de Los Angeles, Hilary Williams, lui a demandé s’il avait bien lu leur accord de 17 pages. «Oui, madame», a-t-il répondu. Williams l’a ensuite interrogé sur les faits sous-jacents à l’affaire, notamment sur sa surveillance préalable de la maison de location depuis sa BMW avec un complice de 17 ans, son départ pour recruter d’autres participants, son retour avec un véhicule différent, des cagoules, des gants et un scanner de police pour éviter la détection, ainsi que sa fourniture d’un pistolet 9 mm à l’un des mineurs. À chaque question, il a répondu «oui». Williams lui a également demandé s’il était vrai que lui et ses complices avaient vendu la Rolex volée de Jackson pour seulement 2 000 $. «Oui», a-t-il murmuré alors que sa grand-mère et sa fille de quatre ans assistaient à l’audience depuis la galerie.
À la fin de l’audience, Walker a demandé s’il pouvait interagir brièvement avec sa fille. Sa mère était enceinte de six mois au moment de son arrestation, et il n’avait donc jamais eu l’occasion de tenir son enfant dans ses bras, a précisé sa famille. Il a été autorisé à se retourner et à lui envoyer un baiser.
Walker, aujourd’hui âgé de 24 ans, avait initialement été inculpé d’un chef de meurtre, de deux chefs de vol et d’un chef de cambriolage. Il risquait la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle s’il avait été reconnu coupable des charges initiales. Lors de son arrestation en juillet 2020, les procureurs avaient déclaré qu’il était passible de la peine de mort, Pop Smoke ayant été tué au cours d’un vol présumé. (Le procureur de district George Gascón, élu par la suite, a adopté une politique de non-recours à la peine de mort. Son successeur, Nathan Hochman, récemment élu, a affirmé que la peine capitale «ne devrait être utilisée que dans les cas les plus rares».)
Trois autres accusés, dont le tireur, alors âgé de 15 ans, ont été jugés comme mineurs. Le jeune auteur du coup de feu a reconnu en mai 2023 avoir tué le rappeur de Dior lors d’un cambriolage à domicile vers 4 h du matin le 19 février 2020. Il a été condamné à une peine de 50 ans à perpétuité, bien que, selon la loi californienne, un mineur ne puisse être détenu au-delà de 25 ans. Le plus âgé des trois adolescents, qui avait 17 ans à l’époque, a plaidé coupable d’homicide volontaire et de vol qualifié lors d’une audience en avril 2023. Le troisième mineur, âgé de 16 ans au moment des faits, a également conclu un accord et a été placé dans un centre de détention pour mineurs après condamnation, a confirmé une source à Rolling Stone.
Walker avait 19 ans au moment des faits et était présenté par l’accusation comme le chef de file du groupe. Les procureurs affirment qu’il a «facilité les crimes non seulement en surveillant les lieux avant le cambriolage, mais aussi en jouant les rôles de planificateur, conducteur de fuite, fournisseur d’armes et éclaireur». Son ancien avocat, Christopher Darden, n’était pas de cet avis. Dans des documents judiciaires obtenus par Rolling Stone, il a soutenu que Walker «n’avait pas planifié ce crime» et que, «dans le pire des cas», il n’aurait été que le chauffeur, resté assis dans la voiture de fuite.
Selon la police et les procureurs, les accusés mineurs, certains portant des cagoules, ont grimpé jusqu’au balcon extérieur avant d’envahir la chambre à l’étage de la maison louée sur Airbnb, où Jackson était sous la douche. D’après l’accusation, Walker était en communication avec les jeunes par téléphone tout au long de l’attaque, qui s’est soldée par le passage à tabac de Jackson et trois balles tirées dans son dos avec un pistolet Beretta 9 mm semi-automatique.
Lors d’une audience préliminaire, un détective de police a témoigné qu’un compte Google lié à Walker avait effectué des recherches sur la maison louée avant le crime, puis avait cherché «Rolex oyster perpetual datejust» à 5 h 15 du matin, soit moins d’une heure après le premier appel au 911.
Dans sa tentative infructueuse de faire rejeter l’accusation de meurtre contre Walker, son avocat Christopher Darden a soutenu que ce dernier «ne partageait pas l’intention de tuer du véritable auteur des tirs». Dans un document déposé en octobre 2021, il a reconnu que Walker «était conscient qu’une arme était utilisée», mais il a insisté sur le fait que «s’il devenait nécessaire pour les suspects de se défendre, ils devraient utiliser un vase plutôt que de tirer sur quelqu’un». Darden a également affirmé que «ce n’est qu’après que les cambrioleurs ont quitté la maison et rejoint le véhicule que [Walker] a appris la fusillade. En réaction, [Walker] a agressé le tireur».
À leur sortie de l’audience mercredi, les avocats de Walker, Kellen Davis et Deion Benjamin, ont souligné qu’il était incontestable que leur client était resté dans la voiture et n’avait tiré sur personne. Toutefois, même en cas d’acquittement pour le meurtre, il risquait toujours la prison à perpétuité en raison des circonstances aggravantes du vol qualifié.
«Dans ces conditions, nous sommes convaincus que c’est le meilleur dénouement possible pour M. Walker, afin qu’il puisse encore envisager un avenir. Bien sûr, nos pensées vont à la famille de Pop Smoke. Ce drame n’aurait jamais dû se produire, et ce n’est pas ce que M. Walker voulait», a déclaré Me Davis à Rolling Stone après l’audience.
Davis et Benjamin ont affirmé qu’ils avaient bon espoir d’obtenir un acquittement pour le meurtre, mais qu’il existait toujours un risque de condamnation à perpétuité pour vol avec circonstances aggravantes.
«Notre objectif était de permettre à notre client de retrouver un jour sa famille», a ajouté Benjamin. «Les faits montrent qu’il ne voulait pas que cette mort survienne. Il éprouve un profond remords.»
Theida Salazar, l’avocat du tireur de 15 ans, avait précédemment confié à Rolling Stone que son client regrettait aussi profondément ses actes. «Il est né en détention d’une mère incarcérée et a grandi dans un environnement qui l’a poussé à s’identifier aux gangs», a-t-il expliqué.
Salazar a qualifié le meurtre de Jackson de tragédie pour un jeune artiste prometteur. «M. Jackson était sur le point d’avoir un impact mondial», a-t-il déclaré. «On ne saura jamais jusqu’où il aurait pu aller, et rien ne pourra le remplacer ni combler son absence dans le monde des arts.»
Mercredi, la mère de Jackson a annoncé qu’elle n’assisterait pas à la condamnation de Walker le 21 février. À la place, elle lancera une nouvelle ligne de vêtements au nom de son fils et organisera un gala caritatif à Canarsie, Brooklyn, afin d’honorer des leaders communautaires par le biais de sa fondation Shoot for the Stars, créée en hommage au rappeur.
«J’ai une semaine entière d’événements pour célébrer la vie de mon fils», a-t-elle déclaré. «Je ne n’ai pas d’animosité. J’essaie juste d’aller de l’avant. Il n’y a rien à dire lors de la condamnation de Walker. La vie de tout le monde a été détruite.»