Ceci est la traduction adaptée d’un article de Jonthan Zavaleta, originalement publié par Rolling Stone le 6 novembre 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Why Khruangbin Re-Recorded Their Debut Album, 10 Years After Its Release avec la permission de son auteur. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.
Khruangbin célèbre le dixième anniversaire de son premier album… en recommençant à zéro. Le groupe vient de lancer par surprise The Universe Smiles Upon You ii, un album composé de morceaux réenregistrés et réimaginés tirés de leur disque initial, paru exactement dix ans plus tôt jour pour jour.
Le trio texan ne savait d’abord pas comment marquer l’occasion, ni à quoi pourrait ressembler une relecture de son premier opus. «L’idée, c’était de tout refaire. Ce serait nous, dix ans plus tard, avec les mêmes instruments, au même endroit, mais forcément différent, parce que nous avons changé», raconte la bassiste Laura Lee Ochoa en entrevue sur Zoom. «Mais à mesure que la date approchait, on s’est dit: en réalité, les gens que nous sommes dix ans plus tard repenseraient ces chansons telles qu’elles existent aujourd’hui, pas comme elles étaient à l’époque. Ce n’est plus qui nous sommes.»
Composé d’Ochoa, du guitariste Mark Speer et du batteur Donald «DJ» Johnson, le groupe de Houston a depuis sorti quatre albums studio, un disque collaboratif avec Vieux Farka Touré, deux EP avec Leon Bridges et plusieurs enregistrements en concert. Son mélange de rock psychédélique instrumental teinté d’influences venues de Thaïlande, du Sud des États-Unis et d’ailleurs a fait de Khruangbin un incontournable des festivals et un groupe souvent imité.
Speer explique qu’il tenait à retrouver la bonne texture sonore en revisitant ces chansons. «Je voulais travailler la matière sonore en profondeur», dit-il. «J’ai abordé ça presque comme de l’ASMR. J’ai joué de la guitare acoustique sur certains titres, utilisé des micros de contact pour capter chaque grincement, chaque souffle, afin de donner à l’ensemble un son poussiéreux.» Inspirés par leur collaboration avec Arooj Aftab, ils ont aussi ajouté des boucles de batterie à plusieurs morceaux.
Les fans remarqueront que l’ordre des pièces a changé. «Bin Bin», une piste cachée de la version vinyle originale, remplace «Mr. White», et Ochoa, qui détermine habituellement la séquence des albums du groupe, a réorganisé le reste autour de ce titre. «L’ordre initial ne faisait plus de sens», affirme-t-elle. «Je cherche toujours la première chanson, celle qui incarne la thèse du disque. Et ce n’était certainement pas la même que la dernière fois.» Speer nuance: «Cette fois-ci, non. Mais en 2015, la séquence était parfaite.»
Pour recréer l’esprit du premier album, Khruangbin a aussi choisi d’enregistrer à nouveau dans la même grange rudimentaire appartenant à la famille de Speer. «Les murs sont en tôle ondulée, sans isolation, avec un plancher de terre battue», dit-il. «Quand il faisait froid, il faisait vraiment froid. On bouchait les interstices des portes avec des couvertures pour empêcher le vent d’entrer.»
Ce lieu incarne l’identité texane du groupe, à laquelle il reste profondément attaché. «Houston fait partie intégrante de notre identité», souligne DJ. «Le secret est éventé maintenant, tout le monde déménage ici, mais Houston a ce mélange unique de cultures qui se rencontrent et se fondent ensemble.»
Cette fusion culturelle se reflète dans leur musique, tout comme leur attachement au Texas, qui les a poussés à collaborer avec Leon Bridges sur Texas Sun (2020) et Texas Moon (2022). «Quand des Texans se retrouvent entre eux, il y a une compréhension instinctive», dit DJ. Le trio souhaitait enregistrer un album complet avec Bridges, mais l’étiquette du chanteur n’était pas convaincue. «Ils ne semblaient pas y croire», ajoute Ochoa. «J’ai envoyé un courriel de dernière chance à tout le monde, parce que je pensais que cette musique méritait d’être entendue.»
Khruangbin entreprend maintenant une série de concerts intimes pour célébrer The Universe Smiles Upon You ii, réservés aux membres de son Khru Club. «On a volontairement choisi de jouer dans de petites salles, et c’est ça qui rend cette tournée spéciale», explique DJ. Le groupe, fidèle à son esprit indépendant, reste uni après dix ans de route. «On a un dicton: “Toujours parier sur Khruangbin.” On a appris à se faire confiance et à être nous-mêmes sans compromis.»
















