Terrance « T.A. » Dixon, l'ancien hypeman de Fat Joe, poursuit le rappeur new-yorkais en justice fédérale pour exploitation, abus et fraude. Dans une plainte de 157 pages déposée à Manhattan, Dixon réclame jusqu’à 20 millions de dollars de dommages et intérêts, affirmant avoir été victime d’un système de domination psychologique, de coercition sexuelle et de manipulation financière organisé par Fat Joe, de son vrai nom Joseph Cartagena, et ses proches collaborateurs.
Dixon, qui a accompagné l’artiste pendant 16 ans en tant qu’animateur de scène, contributeur vocal et auteur non crédité, décrit un environnement toxique où il aurait été contraint de participer à plus de 4000 actes sexuels sous la menace de représailles professionnelles ou physiques, souvent filmé ou surveillé. Il dénonce aussi des agressions commises sur mineures, affirmant avoir été témoin de relations sexuelles entre le rappeur et plusieurs adolescentes, dont certaines auraient été transportées entre États ou à l’étranger. L'une d'elles, rencontrée lors d’un concert à l’étranger à l’âge de 15 ans, aurait même reçu une chirurgie esthétique financée par Fat Joe.
La plainte vise également Pete «Pistol Pete» Torres et Richard «Rich Player» Jospitre, deux membres clés de l’entourage du rappeur, ainsi que Roc Nation, la société de gestion de Jay-Z, accusée d’avoir dissimulé les droits d’auteur de Dixon et d’avoir participé à l’intimidation du plaignant. Plusieurs faits sont invoqués au titre de la loi américaine contre le crime organisé (RICO), de la Trafficking Victims Protection Act, ainsi que pour fraude, enrichissement injustifié et détresse émotionnelle.
Fat Joe, qui a intenté une poursuite pour diffamation contre Dixon en avril, nie en bloc les allégations. Son avocat, Joe Tacopina, parle d’une tentative d’extorsion en représailles à cette plainte initiale. Il affirme que les autorités sont informées de cette stratégie «coordonnée» visant à nuire à la réputation du rappeur.
Selon Dixon, la plainte est sa seule voie pour se faire entendre : «Joe pense qu’il est intouchable. Il faut passer par le système pour l’affronter.»
L’affaire, qui n’en est qu’à ses débuts, pourrait avoir des implications plus larges si les accusations venaient à être étayées.