Deadmau5 est, de manière notoire, avare avec les journalistes et ne cache pas le fait que les entrevues ne l’intéressent pas plus que ça. Nous avons donc été étonnés d’apprendre qu’il acceptait de faire la toute première couverture de Rolling Stone Québec. Qu’il suggère lui-même que la séance photo se fasse sur la ferme de sa résidence était d’autant plus inattendu.
Autant connu pour ses hits que pour le casque de souris qui le rend instantanément reconnaissable, le producteur et artiste canadien est sans aucun doute une icône de l’electronic dance music (EDM) moderne. De la musique actuelle en général, se risqueraient certains. Au cours des 25 années de carrière qu’il célèbre cette année, Deadmau5 a cimenté l’idée que l’on se fait aujourd’hui du DJ moderne. Énigmatique et polarisant, il ne cesse pourtant de prouver que sa place dans l’industrie est méritée, voire nécessaire.
Dans cette entrevue exclusive, il se livre sur son parcours – depuis sa jeunesse dans les raves de Toronto aux plus grands festivals –, sur son impact sur la musique moderne et sur sa relation renouée avec la nature et ses animaux.
Du club à la basse-cour
Ce n’est certainement pas sur une ferme paisible que le public attend Deadmau5, concède-t-il lui-même. Étant l’un des DJs les plus en vogue (et les mieux payés) de la planète, on lui imagine plutôt une vie de jetset, entre méga-festivals à travers le monde et soirées arrosées et dispendieuses dans les clubs les plus exclusifs de Las Vegas.
Bien que tout cela fasse encore partie intégrante de sa vie, c’est surtout sur son terrain que l’on peut trouver l’artiste originaire de Niagara Falls aujourd’hui. Après plusieurs années passées dans un penthouse du centre-ville de Toronto, devenu célèbre pour le studio qu’il abritait et les partys qui s’y déroulaient, le producteur décide de quitter la ville et de s’établir sur une vaste propriété. Cet espace lui a permis de concevoir un nouveau studio à la fine pointe de la technologie, d’y accueillir sa vaste et enviée collection de voitures de sport et, anecdotiquement, cette ferme.
«Il y a quelques années, j’ai acheté une propriété en banlieue de Toronto, pas tout à fait en campagne mais presque, explique Deadmau5, né Joel Zimmerman. Mon assistante vivait encore à Toronto à l’époque et c’était un peu l’enfer pour elle de faire le trajet de la ville à ici chaque jour. Elle s’en plaignait sans cesse et je me disais qu’il fallait trouver une solution.»
Un peu comme tout dans sa vie, semble-t-il, c’est le hasard qui l’a poussé vers ce nouvel hobby.
«Un jour, une voisine est venue nous explique qu’il fallait qu’elle déménage. Elle ne voulait pas passer par tout le processus de mettre sa maison sur le marché et tout ça, elle nous a donc demandé si ça nous intéressait d’acheter sa maison, qui venait avec une ferme. Elle a demandé si on savait s’occuper d’un cheval. J’ai répondu que non, mais on est allé regarder quelques vidéos sur YouTube et j’ai finalement décidé de l’acheter. C’est donc mon assistante qui vit là maintenant et qui s’occupe de la plupart des animaux de la ferme. C’est littéralement à côté, elle ne peut plus se plaindre du trajet!»
Bien connu pour son amour des chats, qui font à jamais partie de l'imaginaire et de l’univers associé à Deadmau5, son petit zoo compte aujourd’hui un peu de tout: des chevaux, des poules, des chèvres, un serpent… Je lui demande si, au-delà des matous, il y a des animaux avec lesquels il a bâti un rapport spécial. «Je crois que plus on passe de temps avec les animaux, plus on découvre leurs personnalités. Quand tu conduis et que tu vois une vache, tu te dis simplement : ‘Ah, c’est une vache’. Mais si tu passes du temps avec eux, tu découvres leur caractère lequel est cool, lequel est un tannant, ou lequel est drôle.»
Photographe: Matt Barnes / Production exécutive: Elizabeth Crisante & Amanda Dorenberg / Design: Alex Filipas
Ne vous imaginez toutefois pas l’artiste se reconvertir de sitôt. Il admet que c’est surtout son assistante, dont la famille a des racines paysannes, qui s’occupe de la fermette.
«Je suis rarement à la maison, alors si c’est pour faire des trucs cool comme sauter sur un tracteur pour aller tondre le terrain, je suis là. Mais si c’est pour pelleter la merde des chevaux, un peu moins!» Heureusement, poursuit-il, il ne manque pas d’enfants dans le quartier qui sont prêts à s’occuper de ces choses-là en échange de quelques pièces.
Bien qu’il soit l’un des résidents les plus connus de sa nouvelle ville, Deadmou5 affirme qu’ici, il se sent zen. Sa tranquillité d’esprit et sa vie privée lui sont très chères, ce qui devenait moins évident à Toronto, bien qu’il admette que presque personne ne le reconnaissait là-bas sans son casque de souris. «En déménageant en campagne, j’ai réalisé que je pouvais être plus reclu. Le silence ambiant m’a aussi fait réaliser que je souffrais d’acouphènes! Et je ne suis quand même qu’à 45 minutes de la ville. Si je veux sortir en ville, aller dans un bon resto ou voir des amis, je peux le faire et ce n’est pas la fin du monde.»
«Le seul truc qui me manque vraiment de vivre en ville, c’est de pouvoir marcher pour aller acheter une poutine, ou de la bonne bouffe jamaicaine!»
S’il y a une chose qui ressort lorsque l’on parle avec Zimmerman, c’est bien le fait que c’est un vrai de vrai Canadien. Son pays et sa ville lui tiennent fortement à cœur et quand il ne porte pas son masque, il y a de fortes chances qu’il ait un café du Tim Horton’s dans sa main!
Si la scène nightlife de Toronto a longtemps vécu dans l’ombre de Montréal et ses soirées légendaires, ce n’est pas du tout comme ça que l’a vécu le jeune Deadmau5. Il admet ne jamais être venu faire la fête dans la Belle Province dans sa jeunesse. Originaire de Niagara, il se met avec des amis à sortir à Toronto les weekends, alors qu’il termine le secondaire. «On sortait à Cl9ud, au Citrus, à Hullaballoo… tous des endroits dont je ne suis même pas certains qu’ils existent encore. C’était l’époque des vrais de vrais raves, dans des entrepôts et tout ça. Ce n’était pas à moitié aussi organisé qu’aujourd’hui : il n’y avait pas de production à proprement parler. Il y avait un DJ, un système de son, mais c’était à peu près tout!»
Ces soirées à la production quasi-inexistante diffèrent drastiquement d’aujourd’hui. Au fil de ses 25 ans de carrière, Deadmau5 a littéralement vu l’EDM, un style que lui et un groupe d’amis tentaient de peaufiner avec les nouvelles technologies, prendre le monde d’assaut. («C’est comme voir quelqu’un se faire assassiner à un mètre de soi», dit-il de manière très imagée, en constatant à quel point le style a évolué rapidement.) Il me rappelle qu’à l’époque, il n’y avait pas ce culte du DJ. «Les platines étaient souvent un peu cachées, le DJ aussi. C’était surtout des amis des organisateurs qui acceptaient de venir mixer pour une centaine de dollars ou des verres gratuits. Les gens y allaient pour la musique et l’ambiance, mais pas pour le spectacle. Personne ne regardait le DJ, on n’avait même pas de téléphones pour se retrouver, si quelqu’un se perdait! C’était un peu plus holistique et organique.»
S’il y a une chose qui caractérise Joel Zimmerman, c’est bien son pragmatisme. Il n’est pas du genre à trop s’attarder sur le passé ou sur ce qui aurait pu se passer différemment. S’il en est arrivé là, c’est un peu le fruit du hasard, mais surtout d’un travail acharné et d’un nerdisme assumé. Même son nom, selon la légende, vient du fait qu’il aurait trouvé une souris morte, frite dans son ordinateur.
C’est en 1998 qu’il se lance plus sérieusement dans la musique. À l’époque, se souvient-il, l’électro se battait pour une place dans le club. «Le DJ jouait une chanson de Biggie Smalls, faisait une transiition et mettait, genre, une toune des Porn Kings. Le rap était le style dominant, la musique dance était encore alternative.»
À ce moment, il travaille comme busboy dans des clubs de Niagara et observe les DJs, se lie d’amitié avec eux et avec des promoteurs, qui finissent par lui donner une chance. Après avoir développé un contact avec le gars qui lui vendaient ses pièces d’ordinateur, ce dernier offre à Joel de devenir producteur de son émission de radio, The Party Revolution, sur les ondes FM locales de Niagara. Il alterne alors entre DJ sets et production musicale pour des jingles commerciaux ou encore pour des jeux vidéo.
Du même coup, il se met à s’intéresser à ce que l’on a appelé la demo scene, un mouvement culturel et artistique axé sur la création de démos informatiques. Essentiellement des programmes courts et audiovisuels conçus pour démontrer les compétences de programmation et de design de leurs créateurs, ces démos combinaient musique, graphisme et effets visuels complexes, repoussant les limites des capacités des ordinateurs de l'époque. La demo scene a joué un rôle fondamental dans l'émergence de la culture numérique, influençant des domaines tels que les jeux vidéo, la musique électronique et le design graphique.
Deadmau5 en spectacle à HollywoodPhotographe: Leah Sems
Cette immersion précoce dans un environnement où la créativité et l'innovation technologique étaient primordiales a façonné son approche de la musique et de la performance scénique.
Sa compréhension des logiciels, de la programmation et de la création de visuels lui a permis de concevoir des spectacles qui ne se contentent pas de la musique, mais qui intègrent des éléments visuels impressionnants et offrent des expériences immersives.
Ce n’était pas nécessairement son intention, mais ce souci du détail dans la conception scénique est devenu l’une des marques de commerce de Deadmau5 et de l’EDM en général. Au-delà de son iconique masque de souris, il est bien connu pour ses grandes productions, comme les cubes électroniques qui lui servent parfois de scène, mais aussi des murs de LED, de la pyrotechnie et des effets spéciaux. e que l’on aurait associé à un groupe de rock dans un aréna, mais arrimé à de la musique de rave aux basses intenses pour un public divers et sans cesse grandissant.
L'impact de Zimmerman sur les festivals EDM, un concept qui n’existait même pas lorsqu’il a débuté, est indéniable. Dès ses premiers tubes, sa capacité à attirer des foules massives a suscité l'intérêt des grandes marques, qui ont commencé à voir le potentiel commercial des festivals de musique électronique. Ces marques ont rapidement saisi l'opportunité de commanditer des événements, comme ÎleSoniq, augmentant ainsi leur envergure et leur prestige.
Photographe: Matt Barnes
Au cours des quinze dernières années, la scène EDM a connu une croissance exponentielle, en grande partie grâce à des artistes comme Deadmau5 et sa joyeuse bande de collaborateurs, dont Skrillex, Kaskade ou encore sa jeune recrue Rezz. Son influence a contribué à populariser le genre à l'échelle mondiale, attirant une nouvelle génération de fans et inspirant de nombreux autres artistes à repousser les limites de la performance scénique, pour le meilleur et pour le pire, comme il le concède.
«Rappelle-toi, à l’époque, on s’en foutait du DJ. Ce n’était pas comme regarder un film, où tout le monde avait les yeux braqués sur la star. Mais un jour, des gens malins ont décidé d’en faire un cirque, qui méritait que l’on charge aux gens des centaines de dollars ou que de grands dépensiers à Vegas paient plus de 700$ par tête. Quand tu génères des millions de dollars par soir, sur quoi vas-tu le dépenser? Des collations? Non, sur de la pyrotechnie, des murs de LED, une production plus poussée!»
Nous échangeons longuement sur l’évolution du genre, de comment on est parti de raves illégauxdans des entrepôts désaffectés pour en arriver à des festivals EDM qui sont devenus des événements culturels majeurs, attirant des millions de participants chaque année et générant des milliards de dollars en revenus. Je lui demande s’il aurait cru un jour que l’EDM deviendrait un style aussi profitable et qu’il en serait la figure de proue.
«À l’époque, on ne pensait pas à faire de l’argent. On chargeait simplement un cover pour juste avoir un endroit à nous, où on pouvait jouer la musique qui nous plaisait pour un public dévoué et curieux. Aujourd’hui, c’est littéralement un écosystème, ce n’est plus qu’un happening.»Il ajoute être conscient de la place qu’il a dans l’industrie, du rôle qu’il a eu à jouer dans le développement de carrière de nombre d’artistes, mais se refuse à dire qu’il a été le déclencheur d’un mouvement.
«Je suis une machine comme une autre dans l’usine, laisse-t-il sèchement tomber. J’aime faire de la musique, j’aime la technologie, bla bla bla, tout le monde sait ça! C’est ça ma passion. Au-delà de ça, je ne peux pas dire que j’apprécie particulièrement la business de tenter de construire une machine à l’entour de ma passion pour la création musicale. Mais je comprends mon rôle, j’aime faire rouler ma business, j’adore la production de scène. Mais si j’opère une business, ce n’est pas pour le plaisir de créer des emplois.»
«Je ne m’étais jamais imaginé que ce je fais deviendrais aussi gros, mais puisque ce l’est, autant en profiter!»
Encore une fois, il ramène cela à sa passion pour les technologies et la production : «Si tu veux t’acheter un synthé d’entrée de gamme, pas de problème, va jouer quelques shows, ramasse ton argent et va en chercher un au pawn shop. Mais si tu veux le rack modulaire de la taille d’un réfrigérateur dont ils n’ont créé que deux exemplaires en Allemagne il y a des années, bah ouais, va falloir que tu te crées un empire!» lance-t-il.
Et c’est ce qu’il a fait! Le mois dernier, lors de la Semaine canadienne de la musique à Toronto, il fut récompensé pour ses 25 ans de carrière et intronisé au Temple de la renommée de l’industrie musicale canadienne. Il a également présenté retro5pective: 25 years of deadmau5, une expérience immersive qui retrace sa carrière, à guichets fermés à New York et Los Angeles.
N’ayant pas sorti de nouvelle musique sous l’empreinte Deadmau5 depuis XYZ, en 2022, il s’apprête à faire paraître un nouvel EP, some EP, le 19 juillet prochain. Le premier single, Quezacotl, voit l’artiste de 43 ans revenir à l’essentiel de ce qui a fait sa réputation. Une conception instrumentale qui transporte l’auditoire, des accords symphoniques majestueux et ses synthés uniques qui arrivent en vague : on y retrouve tout ce qui compose une chanson classique de Deadmau5.
Je lui demande comment il décrirait sa signature musicale, ce qui fait que l’on peut distinguer ses compositions parmi tant d’autres. Les gens sur Reddit aiment offrir des explications à cette question, sans qu’on la lui ait posée, observe-t-il. Selon lui, c’est une combinaison efficace entre une vaste gamme dynamique et d’une solide structure de mélodies.
«Je ne dis pas ça d’un point de vue qualitatif», ajoute-t-il, avant de se lancer dans une de ses diatribes (très intéressantes, du reste) qui ont forgé sa réputation. «Les jeunes aujourd’hui, spécifiquement dans la musique électronique, ont du mal à différencier une opinion objective d’une opinion subjective. Je ne sais pas quand ou comment ça a disparu. Mais, Dieu merci, je peux écouter un morceau et te dire que c’est mauvais d’une manière objective, et t’expliquer pourquoi. Mais beaucoup de kids s’arrêtent à ‘c’est poche’, sans pouvoir te dire pourquoi.»
Il poursuit sur sa lancée: «Ça fait 25 ans que je fais ça. C’est beaucoup d’années. Et je n’ai pas peur de le dire fièrement: je ne suis peut-être pas Mutt Lange ou Bob Rock, mais si l’on considère le temps et les accomplissements nécessaires pour devenir un maître dans son domaine, je dirais que j’en ai fait pas mal! Je peux dire avec confiance que la plupart de mes mixs sont, de manière objective, bons. Je connais mes standards, je connais la métrique musicale, je comprends la pondération sonore et tous ces trucs-là. Je peux donc créer une chanson et savoir comment bien la construire de manière objective pour que ce soit plaisant à écouter. Certaines fois plus que d’autres!»
C’est peut-être cette assurance et cette passion débordante qui ont fait de lui un artiste aussi polarisant. Je ne vous ferai pas l’étalage de ses polémiques, qui sont assez bien chroniquées. Mais si l’on doit lui concéder une chose, c’est que ses coups de gueule viennent du cœur, d’un amour sans fin pour la scène qui lui a permis de devenir qui il est et d’une dévotion sans nom à la création musicale. Pas étonnant, donc, qu’il se désole de voir l’industrie musicale dans un tel bordel. Non seulement avons-nous perdu en objectivité, on a perdu en qualité, croit-il.
«La détérioration de la musique est, selon moi, un problème en trois parties. D’abord, c’est rendu facile à faire, comparé à avant. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose, d’ailleurs, mais ça fait qu’il y a une congestion au niveau des sorties. Deuxièmement, ça n’a plus la valeur marchande que ça avait à une époque. Troisièmement, et d’une manière très perfide, l’éducation musicale s’est appauvrie. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes ont accompli ce qu’ils ont fait en regardant des vidéos YouTube de conseils de production qui proviennent eux-même d’autres kids qui ont appris sur Youtube. Ça fait un peu ‘l’aveugle qui guide l’aveugle’.»
Il y a tout de même un tas de choses valides et intéressantes à être apprises en ligne, rassure-t-il, mais elles deviennent de plus en plus dures à trouver avec la prolifération de ces vidéos.
Pour pallier cela, Zimmerman s’est rendu en début d’année à son ancienne école secondaire dans sa ville natale de Niagara Falls, pour annoncer la création d’un programme d’éducation musicale pour les jeunes. «James Cameron est aussi originaire de Niagara, explique l’artiste. À un moment, il est revenu là-bas en visite honorifique et a annoncé qu’il créait un programme d’études cinématographiques à son secondaire. Nos deux écoles étaient rivales, c’est de bonne guerre, mais je me disais qu’il fallait que je fasse un peu mieux que lui!»
Alors qu’il prend une autre gorgée de son café du Tim’s, je ne peux m’empêcher de lui poser des questions sur le temps qu’il a passé au Québec. C’est un grand habitué d’ÎleSoniq, bien entendu, mais il a aussi livré des prestations légendaires sur les Plaines d’Abraham ou encore tard dans des soirées du Bal en blanc.
Son souvenir le plus marquant, révèle Zimmerman, implique Tommy Lee (rockstar légendaire et batteur de Mötley Crüe), une limousine et un champ de blé à Valleyfield!
C’était un peu avant qu’il ne devienne une star, en 2006, alors qu’il n’avait jamais encore fait de tournée. À l’époque, son ami DJ Aero tourne avec Mötley Crüe en tant que DJ pour les afterpartys, lors desquels il mixe tandis que Tommy Lee joue de la batterie électronique.
«Je les ai rencontrés un soir à Hamilton, après un concert et on s’est tellement lié d’amitié que Tommy a suggéré que je me joigne à eux sur scène, de manière très officieuse. Un soir, on s’est fait booker pour un petit festival à Montréal, mais il s’avère que c’était en fait un peu à l’extérieur, dans des champs.»
Alors qu'il se met à m’en parler, je parcours frénétiquement l’internet pour essayer de retrouver des détails d’une telle soirée. Il s’avère que ce n’était pas juste un peu à l’extérieur de Montréal, c’était à Coteau-du-Lac, pour un festival qui s’appelait No Speed Limit.
«C’était parmi les tous premiers shows que j’ai joués, se souvient Deadmau5. Écoute, Tommy est une rockstar. Pas dans le genre ‘c’est un trou de cul’, mais il a réellement connu cette époque-là et a des réflexes de rockstar. Alors on s’est retrouvé dans une limo, parce que c’est ce qu’il a décidé qu’il nous fallait. Le chauffeur s’est à un moment mis à littéralement conduire à travers un champ de maïs. On passait à ça des vaches qui broutaient. Je me souviens d’être à l’arrière de la limo et de m’être dit : ‘qu’est-ce qui est en train de m’arriver? Qu’est-ce que je calice dans une limo avec Tommy Lee dans un champ perdu au Québec?’ Ça a changé à jamais ma perception sur la vie de tournée et le fait d’être un artiste.»
Alors que some EP s’apprête à paraître, Deadmau5 a encore de l’ouvrage à faire sur son terrain. En plus de la fermette et du studio qu’il a déjà, il fait construire un nouveau studio plus petit. Pas par vanité, rassure-t-il, mais parce qu’il souhaite plancher sur un nouvel album et estime qu’un nouvel espace lui permettra de trouver de nouveaux sons et de nouvelles tonalités. Il compte y passer tout le mois d’août, bien que ça lui fera manquer la haute saison des festivals.
C’est pour une bonne cause, toutefois. Après 25 ans à foutre le chaos, il semble que Deadmau5 ait enfin trouvé la quiétude et le confort.
Cette toute première couverture fut lancée au Festival d'été de Québec, en juillet 2024.