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Tame Impala danse dans le noir

Sur «Deadbeat», son premier album en cinq ans, Kevin Parker met de l'avant des émotions crues et des productions luxuriantes.

Tame Impala danse dans le noir
Julian Klincewicz*

Ceci est la traduction adaptée d’un article de Jon Dolan, originalement publié par Rolling Stone le 17 octobre 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Tame Impala Go Dancing in the Dark avec la permission de son auteur. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.

Ces vingt dernières années ont été riches en visionnaires musicaux barbus. Pourtant, malgré cette affluence, Kevin Parker de Tame Impala a su tracer sa voie. Il est l’explorateur sonore australien au fausset modulable et au style space-rock teinté de funk, dont les compétences de studio lui ont permis de façonner des morceaux aux côtés de grands noms de la pop, de Rihanna (Anti) à Lady Gaga (Joanne) en passant par Dua Lipa (Radical Optimism). Cette année, son travail avec le duo électronique français Justice lui a valu son premier Grammy du meilleur enregistrement dance/électronique. Le charme de son projet principal, particulièrement manifeste sur Currents (2015), réside dans sa capacité à inventer des mondes sonores denses et immersifs, des univers où Pink Floyd serait un groupe pop et où Prince serait fan de My Bloody Valentine.


Parker a toujours semblé flotter avec aisance dans sa bulle rétrofuturiste. Mais il a 39 ans et il est père aujourd'hui, et Deadbeat, son premier album depuis The Slow Rush (2020), donne l’impression d’un musicien qui tente de rester ancré dans une réalité plus tangible. Tame Impala a toujours porté une certaine ambivalence (Lonerism en était un exemple, tout comme la chanson Feels Like We Only Go Backwards), mais ce sentiment est ici exprimé avec plus de franchise.

L’ouverture de l’album, My Old Ways, le montre seul au piano dans ce qui sonne davantage comme un sous-sol triste que comme un studio coûteux. «So here I am once again/Feel no good/I must be out of excuses/I knew I would», chante Parker, dégageant une véritable détresse à cœur ouvert. Sur No Reply, soutenu par un rythme lo-fi et des claviers à la fois jolis et mélancoliques, il chante qu’il reste à la maison à regarder Family Guy pendant que ses amis s’amusent dehors. Lorsqu’il sort sur le morceau synthpop Dracula, une longue nuit de fête ne fait que lui rappeler sa solitude: «My friends are saying, ‘Shut up Kevin, just get in the car’/I just wanna be right where you are». La chanson suivante, Loser, clin d’œil à Beck, le montre admettant: «So much for closure, I lost composure/I get the message, I learned my lesson».

Le sens inné de Parker pour les mélodies planantes reste intact, même si la production se veut plus épurée. Il décrit cette direction comme «une sorte de rave primitive du futur», particulièrement perceptible dans les morceaux électroniques Ethereal Connection et End of Summer, qui dépassent toutes deux les sept minutes.

Cela ne veut pas dire que la dimension pop soit absente. Oblivion avance avec légèreté, portée par quelques touches de clavier, un rythme souple et un falsetto diffusé comme la lumière à travers l’eau. Les titres Obsolete et Piece of Heaven explorent une veine R&B des années 1980. Ce dernier se distingue particulièrement: une ballade douce et sincère où Parker chante le réconfort trouvé dans une chambre en désordre, sur une mélodie ample rappelant Brian Wilson influencé par le Midnight Love de Marvin Gaye. «This room is a shambles/But I think it’s fine», chante-t-il.

C’est un aveu révélateur de la part d’un artiste souvent perçu comme perfectionniste. Deadbeat parle d’un homme parfois dépassé par la vie, mais qui apprend à y trouver une forme de grâce.

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Ceci est la traduction adaptée d’un article de Rob Sheffield, originalement publié par Rolling Stone le 5 septembre 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Justin Bieber: The Boy Who Swagged Too Much avec la permission de son auteur. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.

Parfois, dans la vie, on en fait trop. Il y a deux mois, Justin Bieber a pris tout le monde de court avec Swag, son premier album en quatre ans. C’était le retour artistique qu’il lui fallait, une forme de validation après ses déboires publics, les manchettes troublantes, les affrontements avec les paparazzis et les fiascos sur les réseaux sociaux. Il y a donc quelque chose de presque logique dans Swag II: après avoir surpris tout le monde, il revient aussitôt avec l’album fade que plusieurs s’attendaient à entendre la première fois. Il aurait pu l’appeler Swag and It’s Completely Different and Not Very Good but Also Still Swag.

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Ceci est la traduction adaptée d’un article de Michaelangelo Matos, originalement publié par Rolling Stone le 15 août 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Kaytranada’s ‘Ain’t No Damn Way’ Is an Airy Amble Through Dance Music History avec la permission de son auteur. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.

Kaytranada compose une musique pensée pour les systèmes de sonorisation des clubs, mais qui trouve aussi un écho chez ceux qui n’y mettent jamais les pieds. Né à Port-au-Prince et élevé à Montréal, il s’inscrit dans la lignée de maîtres du beat comme J Dilla, Madlib et Flying Lotus. La chaleur de ses productions se distingue toutefois: moins «analogique poussiéreux» que chez les deux premiers, moins maximaliste en 3D que chez FlyLo, elle évoque plutôt une patine numérique adoucie.

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C’est une tradition depuis maintenant dix ans. Chaque été, l’Orchestre Métropolitain (OM) et son chef, Yannick Nézet-Séguin, offrent un grand concert gratuit en plein air à Montréal. Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées au pied du mont Royal mercredi soir pour profiter d’une formidable soirée qui a fait résonner des œuvres de compositeurs éclectiques.

Les musiques choisies, allant de l’icône russe Igor Stravinsky à la remarquable oubliée française Augusta Holmès, en passant par le Québécois Hector Gratton et l’Allemand Félix Mendelssohn, ont ratissé large, faisant traverser une gamme d’émotions, entre orchestrations épiques et instrumentations tout en retenue. Un programme habilement conçu.

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Avec son éternelle allure de gamin frêle, même à 55 ans, Beck semble toujours prendre un malin plaisir à monter sur scène. Mercredi soir, il a offert une performance énergique et incarnée en compagnie de l’Orchestre Métropolitain (OM), sous la direction du chef Edwin Outwater. En revisitant son répertoire éclectique en mode orchestral, l’artiste emblématique de la génération X a donné une amplitude inégalée à ses compositions, les plus festives comme les plus introspectives.

Dans le cadre de cette tournée, Beck revisite ses chansons en compagnie de différents orchestres locaux. Après s’être produit mardi soir à New Haven, au Connecticut, avec le Westville Philharmonic et mercredi à Montréal avec l'OM, il montera sur scène vendredi et samedi dans la Ville Reine avec l’Orchestre symphonique de Toronto.

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«Que la folie commence!» a rugi un Ozzy Osbourne malicieux depuis son trône orné de chauves-souris et de crânes, devant un Villa Park plein à craquer, à Birmingham, en Angleterre. Le Prince des Ténèbres foulait enfin la scène après qu’un marathon de groupes de metal légendaires eut rendu hommage à sa vie et à son œuvre tout au long de la journée, dans le cadre du concert Back to the Beginning de Black Sabbath, le samedi 5 juillet.

Mais à Birmingham, l’été de Sabbath battait déjà son plein depuis plusieurs semaines. La fière ville natale du heavy metal avait déroulé le tapis pourpre pour le retour à la maison de ses fils les plus célèbres. Les pubs étaient décorés de ballons et de drapeaux violets, des murales s’affichaient partout où l’on posait les yeux, et les gens se promenaient en habits d’Ozzy, envahissant les rues avec leurs t-shirts élimés et leurs vestes en jean. Pour les fans de metal venus des quatre coins du monde, c’était l’équivalent d’une finale de Coupe du monde.

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