Ceci est la traduction adaptée d’un article de Nancy Dillon et Cheyenne Roundtree, originalement publié par Rolling Stone le 24 juin 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Sean Combs Doesn’t Testify, Rests Case in Under 30 Minutes avec la permission de ses autrices. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.
Après avoir annoncé au tribunal qu’ils ne feraient témoigner aucun témoin, les avocats de Sean Combs ont présenté leur défense en à peine 25 minutes mardi, lors du procès du magnat du hip-hop pour trafic sexuel et association de malfaiteurs.
Plutôt que d’appeler des témoins, la défense a lu à haute voix des échanges de textos entre Combs et son ex-compagne Casandra «Cassie» Ventura, évoquant certains épisodes marquants de leur relation longue de dix ans. Dans ces messages, Ventura exprimait son amour et son enthousiasme pour certains aspects de leur vie sexuelle. «Je pense que tant qu’on continue à communiquer, à être fidèles, honnêtes, vrais, et surtout gentils l’un envers l’autre, on pourra garder cette complicité et essayer de nouvelles choses, car la confiance sera là», écrivait Ventura à Combs en mai 2017.
Une défense minimaliste, alors que Combs, 55 ans, risque la prison à vie s’il est reconnu coupable des cinq chefs d’accusation : complot en vue de racket, trafic sexuel de Ventura et d’une autre ex, et transport à des fins de prostitution. L’artiste, qui participe activement à sa défense, plaide non coupable.
Avant la présentation de la défense, le juge fédéral Arun Subramanian a demandé à Combs s’il renonçait lui-même à témoigner. Debout, l’accusé a salué le «travail exemplaire» du magistrat avant de confirmer, d’une voix rauque, qu’il avait pris cette décision en connaissance de cause, après réflexion. «C’est ma décision, en accord avec mes avocats», a-t-il insisté.
Pendant le procès, l’avocat principal de Combs, Marc Agnifilo, avait évoqué des délais variables : deux semaines, puis entre deux et cinq jours. Mais lundi, changement de stratégie: aucun témoin, uniquement des documents versés au dossier. Une tactique classique, qui laisse entendre que la défense estime avoir semé suffisamment de doutes lors des contre-interrogatoires pour espérer un acquittement ou un jury divisé.
Le procès, entamé depuis sept semaines, approche de la fin: les plaidoiries sont prévues jeudi, et l’affaire devrait être remise au jury lundi, à la veille du congé de la fête nationale américaine.
Mardi, Combs affichait un sourire, plaisantant avec ses avocats pendant le contre-interrogatoire du dernier témoin de l’accusation, un agent du Homeland Security. À la fin de l’audience, il a étreint ses avocats.
La défense a notamment introduit de nouveaux textos entre Combs et Ventura, ainsi qu’un accord avec les procureurs concernant des témoins du gouvernement rencontrés à plusieurs reprises avant le procès.
Les avocats de Combs ont concentré l’essentiel de leur argumentaire lors des contre-interrogatoires, soulignant des contradictions dans les témoignages. Lorsqu’une amie de Ventura, Bryana «Bana» Bongolan, a affirmé que Combs l’aurait suspendue au-dessus d’un balcon du 17e étage, l’avocate Nicole Westmoreland a présenté des preuves situant Combs hors de Los Angeles à cette date présumée. Le juge a qualifié ce moment de «vrai coup de théâtre façon Perry Mason».
Depuis l’arrestation de Combs en septembre, ses avocats dénoncent un «excès de zèle» judiciaire, qualifiant les poursuites d’intrusion injustifiée dans sa vie privée. Selon eux, Ventura et l’autre plaignante, appelée «Jane», étaient des adultes autonomes et consentants. «Il n’est pas jugé pour violence conjugale», a souligné l’avocate Teny Geragos. «Le contrôle ou la jalousie ne constituent pas du trafic sexuel.»
Les avocats ont aussi laissé entendre que plusieurs témoins de l’accusation avaient des intérêts personnels: Ventura aurait tiré profit de sa relation avec le fondateur de Bad Boy Entertainment pour sa carrière, bien qu’elle l’accuse de bloquer sa musique. Des photos d’elle sur des tapis rouges ou en compagnie de célébrités ont été présentées.
Selon la défense, d’autres plaignantes et anciens employés auraient eux aussi poursuivi des objectifs personnels ou financiers, notamment via des recours civils. Ils ont questionné d’anciens collaborateurs, comme Dawn Richard ou Bongolan, sur leurs intentions.
Geragos a résumé la position de la défense ainsi: «Chacun d’eux reste avec lui parce qu’ils y trouvent leur compte. La nature de ce bénéfice varie, mais il y a toujours quelque chose à gagner.»