Ceci est la traduction adaptée d’un article de Cheyenne Roundtree, originalement publié par Rolling Stone le 25 juin 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Feds Scale Back Attempted Arson, Kidnapping Allegations of Sean Combs Racketeering Conspiracy avec la permission de son autrice. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.
Quelques heures après avoir conclu leur imposante présentation des faits dans le procès pour trafic sexuel et association de malfaiteurs visant Sean Combs, les procureurs ont déposé mardi soir une lettre au tribunal annonçant qu’ils renonçaient à certaines allégations, dont tentative d’incendie criminel, tentative d’enlèvement et complicité de trafic sexuel.
Ces accusations figuraient dans l’acte d’inculpation initial, sous le premier chef visant Combs pour complot en vue de racket. Les procureurs y incluaient l’incendie et l’enlèvement comme actes sous-jacents, qu’ils soient accomplis ou simplement tentés.
«Le gouvernement n’a plus l’intention de retenir ces théories de responsabilité, il n’est donc plus nécessaire d’en instruire le jury», ont écrit les procureurs dans leur lettre au juge fédéral Arun Subramanian.
Combs reste toutefois poursuivi pour d’autres actes sous-jacents, notamment corruption, subornation de témoins, travail forcé et infractions liées aux stupéfiants. Il fait aussi face à des chefs distincts de trafic sexuel visant ses ex-compagnes Casandra «Cassie» Ventura et une femme identifiée sous le pseudonyme «Jane», ainsi qu’à deux chefs liés au transport de personnes en vue de prostitution, alors qu'il aurait payé des escortes masculins pour qu’ils voyagent à travers le pays afin d’avoir des relations sexuelles avec ses compagnes sous son regard.
Âgé de 55 ans, Combs plaide non coupable à l’ensemble des accusations. Il s’est montré souriant et détendu dans les derniers jours du procès.
Pour Mark Chutkow, ancien procureur fédéral à Detroit spécialisé en affaires de racket et de traite humaine, cette décision vise à simplifier les instructions au jury et à éviter que la défense n’accuse l’État de dépassement abusif. «Je ne considérerais pas cela comme une victoire pour Combs en soi», explique-t-il à Rolling Stone. Aujourd’hui avocat chez Dykema Gossett, il précise: «C’est courant dans les dossiers complexes; l’objectif est d’éviter que le jury soit confus.»
Selon lui, cette simplification sert autant la défense que l’accusation. «Le juge veut limiter la confusion, et les procureurs aussi, car celle-ci profite à la défense. Ils veulent présenter un dossier le plus clair possible, avec un minimum de points litigieux.»
L’enlèvement présumé de l’ancienne assistante de Combs, Capricorn Clark, en 2004, marquait l’ouverture du volet complot en vue de racket de l’affaire. Clark a raconté que Combs, la soupçonnant d’avoir volé des bijoux, aurait fait fouiller son appartement par des agents de sécurité. N’ayant rien trouvé, ils l’auraient conduite de force dans un immeuble délabré du centre-ville, où un inconnu lui aurait fait subir cinq jours consécutifs de tests au détecteur de mensonges. «Il m’a dit que si je les échouais, ils me jetteraient dans l’East River», a-t-elle témoigné.
Des années plus tard, en décembre 2011, Clark travaillait à Los Angeles lorsque Combs se serait présenté chez elle, furieux et armé. Il venait, selon elle, d’apprendre que Ventura, après une relation sexuelle collective, fréquentait le rappeur Kid Cudi (Scott Mescudi). «Habille-toi, on va aller le tuer», aurait-il lancé. Terrifiée, Clark a dit avoir tenté de protester, mais Combs aurait répliqué: «Je me fous de ce que tu veux faire.»
Dans la voiture, alors qu’ils se rendaient chez Mescudi à Hollywood Hills, Clark affirme avoir vu l’arme sur les genoux de Combs. Elle est restée dans le véhicule pendant que Combs circulait autour de la maison, parvenant à téléphoner discrètement à Ventura.
En janvier 2012, Mescudi a témoigné avoir reçu un appel l’informant que sa Porsche avait été incendiée: un trou dans le toit, un cocktail Molotov lancé sur le siège conducteur, intérieur calciné. Ventura a indiqué que Combs avait préalablement menacé de faire exploser la voiture, et Mescudi soupçonne Combs d’être lié à l’incendie.
Un troisième incident d’enlèvement présumé remonte à janvier 2009, lorsque Combs aurait frappé Ventura au visage dans l’arrière d’une voiture après une sortie. «Je n’avais jamais vécu ça: j’ai été battue très violemment», a déclaré Ventura.
Elle affirme que les agents de sécurité de Combs l’ont ensuite discrètement installée dans un hôtel, où elle est restée cachée une semaine, le temps de se remettre. Ventura a expliqué qu’elle voulait partir, mais que Combs l’en aurait empêchée: «Je ne pense pas que j’aurais pu sortir sans problème. Ce n’était pas sécuritaire. Je n’avais pas les ressources nécessaires pour me déplacer sans qu’on m’arrête.»
La lettre des procureurs est arrivée quelques heures après la fin de la présentation de leur preuve, qui a duré six semaines et donné la parole à 34 témoins, plusieurs en larmes.
Lors de ses plaidoiries, Me Shapiro a dénoncé des preuves «très minces» sur la prétendue complicité des employés de Combs dans ses délits, hormis des cas mineurs d’achats de drogue. Concernant les soirées sexuelles où aurait eu lieu le trafic sexuel, Shapiro affirme que Combs et ses partenaires prenaient soin de dissimuler les détails à leurs employés, organisant eux-mêmes le transport des escortes.
«Les assistants préparaient et nettoyaient les chambres d’hôtel, mais ils ne savaient quasiment rien de ce qui s’y passait entre M. Combs et ses compagnes, à part qu’ils utilisaient beaucoup d’huile pour bébé, du lubrifiant et consommaient de l’alcool, et peut-être des drogues», a conclu Shapiro.