Pour BéLi, de son vrai nom Ariane Béliveau, l’année 2025 restera à jamais celle «des premiers».
Première tournée, premier Osheaga, premières scènes devant des foules nouvelles et curieuses. Un enchaînement d’étapes marquantes qui, malgré leur intensité, reposent toutes sur une certitude simple: «C’est beaucoup de gratitude d’être là.»
Si Osheaga a été un moment fort, c’est aussi dans la créativité à huis clos que BéLi a vécu ses plus belles surprises cette année, notamment avec son tout dernier single, eyez on it.
«Avec [mon producteur] Funkywhat, on a commencé cette track-là pendant qu’on finissait l’album. J’avais besoin de me rappeler ce que c’était, d’avoir du fun à créer sans pression», raconte-t-elle.
Tout est donc parti d’un hasard. En explorant un dossier sur le PC de Funkywhat, elle tombe sur un beat «un peu R&B, un peu carefree» qui attire son attention. Une session improvisée s’ensuit, et eyez on it prend forme en une seule prise, dans une spontanéité qui est finalement pour elle un moteur, voire une signature.
«Je veux explorer, je ne veux pas me restreindre à un style de musique», insiste l’artiste, qui refuse tout concept de pop lisse et attendue. Ce qu’elle recherche, c’est plutôt une «pop rushante», traversée de détails inattendus, parfois même dérangeants. «J’aime qu’il y ait des touches perturbantes. Ça représente bien mon désir de go crazy, d’être expérimentale, d’ajouter des distorsions, des stretchs sonores et des éléments un peu gossants dans les chansons», explique-t-elle avec un sourire.
Pour BéLi, tout peut devenir matière à inspiration. Elle emprunte, essaie, détourne et surtout refuse de se laisser enfermer dans une seule case. Certes, elle a exploré le R&B, mais elle n’a aucune intention de s’y cantonner. «J’aime venir surprendre et me laisser la liberté de me surprendre dans ma création», confie-t-elle.
Sur la scène d’Osheaga, cette philosophie a pris une dimension concrète. Devant un public hétéroclite peuplé de fans conquis ou de festivaliers encore en découverte, elle a pu tester la puissance de son univers. Et ce «elle» ne se réfère pas à Ariane, mais spécifiquement à BéLi, cette figure scénique un peu glitch et insaisissable qui apparaît dès lors qu’elle attrape le micro.
«Sur scène, je deviens BéLi. C’est la créature, la bibitte, le personnage. Je sens vraiment quelque chose qui se déclenche. Et dès que je sors de scène, je redeviens Ariane», raconte-t-elle en riant.
De ce premier Osheaga, Ariane Béliveau repart donc avec une énergie renouvelée, prête à pousser encore plus loin des expérimentations sonores qui semblent être là pour durer.