Skip to content
Recherche

Rowjay vit la vie rapide dans deux ligues différentes

Le rappeur de Saint-Léonard nous reçoit chez lui et s'ouvre sur sa folle année 2024.

Rowjay vit la vie rapide dans deux ligues différentes
Walter Muller

Marcher dans Saint-Léonard avec Rowjay, c’est un peu ce qu’on s’imagine que ça doit être de se promener avec le maire du village. Des jeunes qui sortent de leur pratique de basket, une dame qui promène son chien, un candidat local du parti communiste; le jeune rappeur, tout de Kenzo vêtu, salue entre ses puffs d’un joint de hash presque tout le monde qui passe.

«C’est rare qu’il y ait une journée sans que quelqu’un me reconnaisse. Ici, c’est surtout des jeunes. Mais là-bas c’est monsieur-madame tout le monde. Même les serveurs dans des restaurants haut-de-gamme», m’avoue-t-il chez lui, dans le quartier qui l’a vu grandir et qu’il représente maintenant un peu partout dans la francophonie.


Cela n’a fait que grandir cette année, avec la sortie de La Vie Rapide en juin dernier, rapidement acclamé par le public et le critique. S’en est suivi une tournée qui l’a mené un peu partout à travers la France, où il profite d’un public dédié et charmé par ses raps héritiers de ceux du Roi Heenok, adaptés à une génération qui se régale de ses références aux jeux vidéo, aux vêtements de designer et à son franc-parler. Sur ce nouvel album, il rend hommage à ses inspirations, des premières mixtapes à Young Jeezy aux nouvelles sorties du label Griselda.

- YouTubewww.youtube.com

Même si la France lui offre une plus grande reconnaissance que sa province natale, il ne fait aucun doute que Rowjay est Québécois. La pièce où l’on discute est à son image, entre peluches géantes de personnages de Nintendo, affiches des Penguins de Pittsburgh et Polaroids de tournée. Il ne comprend donc pas, comme plusieurs de ses fans de côté-ci de l’Atlantique, pourquoi la on ne parle pas plus de lui ici. C’est, après tout, l’un des rappeurs québécois les plus streamés au monde, et probablement l’un des exports les plus reconnaissables du rap québ outre-Atlantique, aux côtés de Fredz et d’Enima.

«Les gens au Québec ont tendance à être très en retard sur le rap, et préfèrent les styles de rap plus alternatifs. Le rappeur le plus streamé sur YouTube au Québec, c’est Souldia, ce qui commence bien. Mais après, c’est Eminem et JuiceWRLD. Au Québec, le marché est très hermétique, le rap ne passe pas à la radio. Il n’y a pas de chanson de ‘vrai’ rap à proprement parler qui a eu un succès à la radio ici, il y avait toujours un côté pop ou latin ou peu importe», résonne-t-il.

Il questionne aussi le modèle québécois, fragilisé depuis plusieurs années et qui dépend beaucoup de subventions. «Les gars reçoivent des subventions pour des clips et ils sont là à flex comme s’ils se promenaient en hélicoptère et qu’ils avaient de grosses liasses. Genre, bro, c’est mon argent ça. Tu flex sur qui, en fait? T’as pas sorti ça de ta poche. Il y a trop d’artistes au Québec qui ont tellement peur de prendre des risques qu’ils ne mettent même pas leur propre argent.»

- YouTubewww.youtube.com

Dans la scène française, explique-t-il, le manque de financement gouvernemental pousse les artistes, en particulier dans le monde du rap, à oser plus, et à prendre plus de risques.

«J’ai l’impression de jouer dans deux ligues. Comme si j’étais dans la LNH et la LHJMQ en même temps.»

Cette sensation de jouer dans une autre ligue est d’autant plus accentuée par les accolades qu’il reçoit, et qui proviennent souvent de gens qui ne sont même pas dans le rap. «J’ai croisé les frères Macklovitch, A-Track et Dave 1. Ils m’ont dit que j’avais fait leur projet préféré de l’année. Même pas juste dans le rap, ou le rap québ. Busy P (artiste et manager de Daft Punk) m’a vu et m’a dit qu’il était fan. Je me fais cosign par des gens qui ont vraiment changé la culture. Parce que c’est des vrais amateurs de musique, ils ne font pas ça pour faire plaisir à l’industrie.»

Peu importe, Rowjay continue de faire grandir sa carrière sans le soutien de l’industrie québécoise et de manière indépendante. «Il faut savoir quand mettre son pied par terre, et quand faire des concessions. Il y a des promoteurs qui ont essayé de me lowball, il y a des médias qui voulaient que je les paie pour qu’ils parlent de moi. Mais pour moi c’est important d’être organique, je n’ai jamais payé pour de la promo ou quoi que ce soit. Mon succès vient de mes fans», dit l’ancien étudiant de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

- YouTubewww.youtube.com

«2025 je vais vraiment aller hard, que ce soit en termes de shows ou juste de présence. On retourne en Europe, on va faire la Belgique et la Suisse. Mais j’aimerais aussi qu’on attaque d’autres marchés, comme en Afrique francophone. Mais même au-delà de la francophonie, j’ai un public en Espagne, on prévoit faire des shows à Londres. Il faudra probablement que je retourne en studio aussi», intime Rowjay, qui partage aujourd’hui sa vie entre Paris et Montréal.

À mi-chemin entre deux mondes, Rowjay continue d’imposer sa vision unique du rap, informée par le rap américain et motivée par un désir d’authenticité. Si l’industrie québécoise tarde à lui accorder la reconnaissance qu’il mérite, Rowjay n’en fait pas une obsession. Son succès repose sur une base solide: il est inimitable. Il refuse de prendre le chemin facile, préférant tracer sa propre route, à son rythme et selon ses propres règles. Et, du fait même, il construit peu à peu sa propre ligue.

Rowjay sera en concert à Montréal le 22 février prochain, au Club Soda. Pour en apprendre plus et vous procurer vos billets, cliquez ici.

Plus de nouvelles

Pleins feux sur: Ikky

Ikky

Warner Music Canada

Pleins feux sur: Ikky

La dernière fois que le chanteur et producteur Ikky est monté sur scène à Montréal, c’était au bar Le Ritz PDB en février 2024 devant 250 personnes. Il se produira de nouveau dans la métropole québécoise ce samedi, cette fois devant plus de 10 000 spectateurs au Centre Bell, dans le cadre de la tournée It Was All a Dream en compagnie de la superstar Karan Aujla.

Ce qui a des allures de rêve, comme l'évoque le titre de leur tournée, est pourtant bien réel. Cumulant près 2 milliards d’écoutes en ligne à travers le monde, dont 11 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, Ikky surfe sur la vague de musique canado-pendjabie qui jouit d’un succès sans précédent au Canada et ailleurs dans le monde.

Keep ReadingShow less
Drake invite Central Cee sur «Which One»
Simone Joyner/Getty Images/ABA

Drake invite Central Cee sur «Which One»

Ceci est la traduction adaptée d’un article de Britanny Spanos, originalement publié par Rolling Stone le 25 juillet 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Drake Enlists Central Cee for ‘Which One’ Single avec la permission de son autrice. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.

Drake poursuit sa remontée avec Which One, un nouveau single en collaboration avec le rappeur britannique Central Cee.

Keep ReadingShow less
Hayley Williams dévoile le single «Mirtazapine»

Erika Goldring/Getty Images

Hayley Williams dévoile le single «Mirtazapine»

Ceci est la traduction adaptée d’un article de Nancy Dillon, originalement publié par Rolling Stone le 24 juillet 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Hear Hayley Williams Debut New Song ‘Mirtazapine’ on Nashville Radio avec la permission de son autrice. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.

Après une pause en solo de trois ans, Hayley Williams revient avec Mirtazapine, une nouvelle chanson dévoilée mardi soir sur les ondes de la station WNXP à Nashville. Comme son titre l’indique, ce morceau au tempo lent et à l’ambiance brumeuse porte le nom d’un antidépresseur couramment prescrit. Un choix qui annonce d’emblée la couleur d’un texte profondément intime, où la chanteuse de Paramore conjugue désespoir et réconfort sur fond de guitares criardes.

Keep ReadingShow less
Afternoon Bike Ride annonce «Running With Scissors», un troisième album
Akina Chan

Afternoon Bike Ride annonce «Running With Scissors», un troisième album

Le trio montréalais Afternoon Bike Ride s’apprête à dévoiler son troisième album Running With Scissors, prévu pour le 19 septembre sur l’étiquette américaine Friends of Friends. Avec cette nouvelle offrande, le groupe poursuit son exploration sonore, quelque part entre pop, folk doucereuse et électro qui tire presque vers le trip-hop.

Après un premier extrait nommé Oh No!, lancé en mai, Lia Kurihara, Éloi Le Blanc‑Ringuette et David Tanton dévoilent aujourd’hui Abigail, une pièce qui se penche sur la réincarnation, le fil invisible du temps et ces impressions de déjà-vu qui marquent parfois les rencontres les plus anodines.

Keep ReadingShow less
Ozzy Osbourne, le roi du heavy métal, est décédé
Chris Walter/WireImage

Ozzy Osbourne, le roi du heavy métal, est décédé

Ceci est la traduction adaptée d’un article de Kori Grow, originalement publié par Rolling Stone le 22 juillet 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Ozzy Osbourne, Black Sabbath Singer and Heavy Metal Pioneer, Dead at 76 avec la permission de son auteur. Notez que compte tenu de la nature de l'article, plusieurs informations, subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.

Ozzy Osbourne, légende singulière du métal dont le groupe Black Sabbath a pratiquement inventé le heavy metal, et qui est par la suite devenu une figure de la téléréalité, est décédé mardi à l’âge de 76 ans.

La famille d’Osbourne a confirmé son décès dans un communiqué: «C’est avec une tristesse indescriptible que nous vous annonçons que notre bien-aimé Ozzy Osbourne est décédé ce matin. Il était entouré de sa famille et d’amour. Nous demandons à tous de respecter notre intimité en cette période difficile.»

Aucune cause exacte de décès n’a été donnée, bien qu’Osbourne ait souffert de nombreux problèmes de santé ces dernières années, notamment la maladie de Parkinson et des blessures subies lors d’une chute nocturne en 2019.

Le chanteur avait une présence scénique électrisante et imprévisible, ainsi qu’un sens de l’humour sec qui lui a valu l’affection de hordes de fans. Son énergie fébrile a contribué à transformer les hymnes qu’il chantait — Iron Man, Paranoid et Crazy Train — en incontournables des stades. Membre fondateur de Black Sabbath, il a contribué à établir les fondations du heavy metal, tout en restant humble quant à sa place dans l’histoire de la musique. Il connaissait ses limites, parlait ouvertement de ses dépendances, et cherchait toujours à s’améliorer. Il incarnait l’outsider pour qui tout le monde voulait prendre parti.

En tant que prophète de l’apocalypse chez Black Sabbath, Osbourne savait évoquer une véritable terreur dans ses cris perçants, ce qui amplifiait la puissance des lamentations lourdes du groupe. Lorsqu’il hurlait «What is this that stands before me, figure in black which points at me?» dans Black Sabbath, c’était une performance digne d’un film d’horreur. Il chantait Iron Man, récit d’un golem trahi en quête de vengeance, avec une fureur crédible. Et lorsqu’il hurlait «Dreams turn to nightmares, Heaven turns to Hell» dans Sabbath Bloody Sabbath, c’était avec une rage démoniaque que même Milton n’aurait su évoquer. Il donnait un sens à la lourdeur surnaturelle du groupe et l’ancrait dans le réel d’une façon qui a résonné chez des millions de personnes depuis des décennies.

Keep ReadingShow less