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La résilience sans fin des artistes d'Afrobeats

La résilience sans fin des artistes d'Afrobeats

Made in Africa est une colonne mensuelle par Mankaprr Conteh qui célèbre et s’interroge sur la vie, les préoccupations et les innovations des artistes Africains, avec leur point de vue.

«Africa to the world» est depuis longtemps un cri de ralliement populaire pour le continent et sa diaspora, alors que l’appétit global pour la culture africaine augmente. Plusieurs tentent, et espèrent, pouvoir étendre sa portée, Pour ce faire, les artistes africains se connectent et bâtissent leurs carrières en tandem, ils en viennent aussi à se recentrer sur eux-mêmes.


Récemment, Rema affirmait en entrevue avec Rolling Stone qu’il résiste à l’envie de globaliser sa musique. «Je vais commencer par faire ce qui me plaît, dit-il. Le reste de la planète pourra nous rattraper si ça leur tente.»

Le Nigéria est l’épicentre de l’Afrobeats, rapidement devenu le plus grand export du continent. Mais au Nigéria comme dans plusieurs autres nations de l’Afrique, il y a peu de raisons d’espérer pour un futur meilleur. Alors que la République démocratique du Congo et le Sudan font face à des crises humanitaires graves, les manifestations massives contre la famine et la mauvaise gestion gouvernementale au Nigéria sont devenues fatales, ce mois-ci. L’Associated Press rapporte que le personnel de sécurité gouvernementale a tué au moins 22 personnes, en plus d’avoir arrêté plus de 700 manifestants.

Les manifestations au Nigéria font suite à celles de juin, ainsi qu’au succès des protestations contre une hausse des impôts au Kenya, auxquelles le rappeur local Sabi Wu a pu offrir une trame sonore, avec sa chanson Reject Hio Bill. Sur l’instrumental de Not Like Us, de Kendrick Lamar, Sabi Wu prouve que des siècles de pillage et de pauvreté cycliques n’ont pas tué l’esprit africain. On se fait apôtre du plaisir.

Alors que plusieurs artistes du continent infusent leur art de leurs frustrations, comme Burna Boy sur son oeuvre politique African Giant ou 20:10:20, à propos d’un massacre lors d’une manifestation pour mettre fin au SRAS au nigéria il y a quelques années, l’Afrobeats reste un genre musical particulièrement jubilatoire. Sur certains des meilleurs albums Nigériens de l’été, quatre artistes ont fait preuve d’introspection afin de donner du sens à leurs vies, à travers le divin.

Véritable sensation pop urbaine, Lungu Boy de Asake démontre qu’il est inébranlable dans sa foi. Il a longuement parlé de Dieu, du bien, du mal, et de la raison d’être à travers sa discographie, qui explore différentes langues, religions et cultures, entre autres sur le single Yoga, paru en 2023. Asake expliquait à Rolling Stone qu’il a écrit la chanson méditative après que deux femmes aient perdu la vie lors d’une bousculade à l’un de ses spectacles à Londres, l’année précédente. Lungu Boy le voit garder la foi, mais aussi explorer de nouveaux sons, en faisant son œuvre la plus diverse à ce jour, émotionnellement comme rythmiquement.

Sa popularité s’est bâtie sur une fusion d’Amapiano sud-africain et du Yoruba fuji, un style régional bien connu, que lui et son producteur Magicsticks ont réussi à métamorphoser pour créer un son Afrobeats mainstream et exportable. Mais ici, Asake emprunte à tout, de l’Afro-R&B à la Wizkid, au New Orleans Bounce et à la hip-house sur Active, sa collaboration avec Travis Scott. Sur Whine, il invite la star de la funk brésilienne Ludmilla sur un remix dancehall d’un classique de Mary J. Blige.

L’album surprise de Rema, Heis , est lui aussi un témoignage, quoique menaçant. « Je ne ferai pas de cadeaux à mon hater », hurle-t-il sur HEHEHE, l’un des morceaux les plus intenses de son album, un véritable déluge d’afrobeats brut, percussif et sans retenue.

Au cours de sa courte ascension vers le sommet, il est devenu plus sombre – si sombre, en fait, qu’après un concert révolutionnaire à guichets fermés à l’O2 Arena de Londres, il a été accusé de satanisme. Rema réfute avec véhémence ces accusations, mais sur son nouvel album, il semble s’amuser avec elles, transformant de manière macabre sa voix de baryton.

Les symboles condamnés comme diaboliques étaient en fait des reliques de sa ville natale de Benin City, à environ 320 kilomètres à l’est de Lagos ; Heis redouble d'efforts pour se faire une idée de l'essence de son groupe et se tourne vers les Afrobeats des années 2010, sans se laisser contaminer par le succès qu'il a remporté avec son tube Calm Down avec Selena Gomez. Le résultat est une musique enjouée, viscérale et entraînante que personne d'autre ne fait.

Jusqu'à présent, c'est le plus sérieux prétendant au titre de meilleur album Afrobeats de l'année.
Simi et Victony

Avec moins de commotion, la délicate chanteuse Simi consacre également une grande partie de son sixième album studio apaisant à des rythmes afrobeats inimitables, mais là où celui de Rema était fait pour une rave, Lost and Found de Simi est fait pour un mariage. Il flirte parfois avec le ringard, mais il rappelle de manière rafraîchissante le type de musique que votre tante pourrait aimer.

Lost and Found est rempli d'allusions au christianisme, avec des chansons comme Miracle Worker, Messiah et la chanson-titre de l’album, où elle chante : «Si le Christ devait être crucifié, qui suis-je pour ne pas compter mes bénédictions?» (Simi a écrit et produit elle-même ce morceau remarquable.) À une époque où l’Afrobeats s'inspire de plus en plus du R&B américain, des chansons comme One of One, Alafia et Romance Therapy semblent chaleureusement hyperlocales.

En revanche, le jeune crooner Victony brille surtout avec Stubborn, lorsqu’il s’appuie sur le hip-hop et le R&B, comme le brillant et jazzy Tiny Apartment, avec le New-Yorkais américano-guyanais SAINt JHN.

Cela devient ennuyeux lorsque Victory s’appuie sur des marqueurs mainstream, comme le western spaghetti, les samples de flûte délicate qui traverse sa musique comme des herbes folles, ou les inflexions de l’amapiano qui ont saturé le marché. Victony est vraiment à son meilleur sur History, chanté doucement dans un pidgin poétique, alors qu’il se souvient des obstacles qui ont défini sa vie. «Te souviens-tu de ce temps/Quand la souffrance voulait être éternelle ?» demande-t-il.

Que chaque Africain connaisse des jours meilleurs, comme lui.



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