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Ravissante soirée sous les étoiles avec l’Orchestre Métropolitain

Les airs de Mendelssohn, Holmès, Gratton, Stravinsky et Pierre Lapointe ont transporté le public rassemblé au pied du mont Royal mercredi soir

Ravissante soirée sous les étoiles avec l’Orchestre Métropolitain

Yannick Nézet-Séguin et l'OM en performance au pied du mont Royal

Tam Photography - Orchestre Métropolitain

C’est une tradition depuis maintenant dix ans. Chaque été, l’Orchestre Métropolitain (OM) et son chef, Yannick Nézet-Séguin, offrent un grand concert gratuit en plein air à Montréal. Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées au pied du mont Royal mercredi soir pour profiter d’une formidable soirée qui a fait résonner des œuvres de compositeurs éclectiques.

Les musiques choisies, allant de l’icône russe Igor Stravinsky à la remarquable oubliée française Augusta Holmès, en passant par le Québécois Hector Gratton et l’Allemand Félix Mendelssohn, ont ratissé large, faisant traverser une gamme d’émotions, entre orchestrations épiques et instrumentations tout en retenue. Un programme habilement conçu.


Il faut dire que la météo était idéale pour profiter pleinement de cette expérience extérieure. Après plusieurs jours de chaleur accablante, une douce brise s’est levée juste à temps pour ce grand concert. Ajoutons à cela la qualité d’écoute exceptionnelle du public et toutes les conditions étaient réunies pour une soirée des plus agréables!

Pas besoin d’être fin connaisseur de musique classique pour apprécier cet événement rassembleur, accessible et inclusif. Yannick Nézet-Séguin a pris soin de mettre en contexte plusieurs des mouvements interprétés par lui et ses musiciens, permettant au public d’en apprécier davantage les nuances.

L’hôtesse de la soirée, l’humoriste Mariana Mazza, a ouvert les festivités avec sa bonne humeur contagieuse et son absence de filtre légendaire, ce qui a donné lieu à quelques blagues, parfois douteuses, sur ses cache-mamelons et sur les bras musclés de Yannick Nézet-Séguin. La plupart de ses interventions ont tout de même été très sympathiques et conviviales, quoiqu’un peu décousues. Il faut dire qu’elle a remplacé l’écrivaine Kim Thúy au pied levé. Le chef d’orchestre lui a personnellement demandé de prendre la relève, a-t-elle raconté. «Yannick m’a textée, je lui ai dit : ‘si t’as besoin de moi pour nettoyer tes Grammy, ma réponse est oui’».

À maintes reprises, elle a exprimé sa reconnaissance d’animer un événement d’une telle envergure, elle qui se définit comme une «petite fille de Montréal-Nord». Le public hispanophone a par ailleurs particulièrement apprécié qu’elle d’adresse à la foule en espagnol, en plus du français et de l’anglais. Une belle attention de sa part.

Le concert a démarré avec la Symphonie no 4 «Italienne» de Mendelssohn, que Nézet-Séguin a qualifié de «symphonie pleine de saveurs». Après un premier mouvement ample et chaleureux, le deuxième s’est effectué tout en douceur. Une belle intensité dramatique a porté les troisième et quatrième mouvements, «comme si on revenait à la vie», a décrit le chef d’orchestre, invitant le public à danser. «Yannick nous demande de danser là-dessus, j'en ai perdu mes cache-mamelons», a blagué Mazza.

Dans l’objectif de démocratiser la musique classique, les deuxièmes et troisièmes volets du concert ont mis de l’avant des artistes méconnus : la Française Augusta Holmès et le Québécois Hector Gratton. L’œuvre de la première, joliment nommée La nuit et l’amour, a conféré une ambiance romantique et cinématographique à la soirée, tandis que celle du deuxième, intitulé Dansons le carcaillou et inspirée du folklore de chez nous, s’est avéré plus dynamique et rythmée. Ces interprétations se sont déroulées sous un coucher de soleil radieux. Le magnifique ciel rose a visiblement inspiré le chef d’orchestre, qui a déclaré à ce moment : «On est là pour vous faire du bien. On est là pour vous donner de l'espoir, du bonheur, de l'amour. Dieu sait qu'on en a besoin».

Le programme principal s’est conclu avec les trois derniers mouvements de L’Oiseau de feu du célèbre Stravinsky : Danse infernale, Berceuse et Final. Une œuvre grandiose tout en contrastes et en intensité, marquée de nombreuses ruptures de ton. Un choix parfait pour conclure ce concert en force.

Pierre Lapointe

Mais l’OM avait réservé une surprise annoncée seulement la veille : Pierre Lapointe. Un choix judicieusement réfléchi pour célébrer le dixième anniversaire des concerts au pied du mont Royal, puisque l’orchestre a donné sa toute première représentation gratuite à grand déploiement avec le grand-duc des âmes sensibles. C’était en 2007, à la Place des Arts, et ce spectacle mémorable marquait alors la fin de la tournée accompagnant l’album devenu culte de Lapointe, La forêt des mal-aimés.

Plutôt que de puiser dans le répertoire de cette époque ou dans ses chansons plus connues – ce qui aurait sans doute été apprécié par une frange du public –, Pierre Lapointe a interprété mercredi soir trois titres de son plus récent album, Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé. Bien qu’efficace dans sa livraison, nous avons déjà vu le chanteur en plus grande forme. Il a d’ailleurs dû interrompre son dernier morceau, Hymne pour ceux qui ne s’excusent pas, pour cause de «chat dans la gorge». Heureusement, sa répartie et son charisme lui ont permis de bien s’en tirer.

Principal bémol à cette soirée autrement presque parfaite : la piètre qualité de la retransmission vidéo. Dans une foule aussi vaste, plusieurs spectateurs ne peuvent compter que sur l’écran géant pour apprécier de visu la virtuosité des musiciens à l’œuvre. Or, un manque de fluidité et de trop nombreux mouvements de caméra brusques ont rendu l’exercice périlleux. L’organisation gagnerait à soigner cet aspect.

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