Lucien Francoeur, figure marquante de la culture québécoise, est décédé le 5 novembre 2024 à l’âge de 76 ans. Né le 9 septembre 1948 à Montréal, il s'est distingué comme poète, chanteur et enseignant, contribuant à façonner le paysage artistique d’ici.
Dès son adolescence, Francoeur quitte l’école pour explorer des villes comme New York et La Nouvelle-Orléans, où il est marqué par la culture urbaine et le foisonnement artistique. De retour à Montréal en 1970, il s’inscrit en lettres au Cégep de Maisonneuve tout en travaillant comme chauffeur de taxi. Il y rencontre le poète Gaston Miron, qui publie ses premiers écrits à l'Hexagone, ouvrant la voie à sa carrière littéraire.
Ses textes abordent des thèmes sombres, comme la marginalité et la transgression, avec une sincérité brute. Son approche artistique est fortement imprégnée d'influences américaines, entre autres son idole Jim Morrison, mêlant des références littéraires à une énergie punk. En plus de 40 ans de carrière, Francoeur a toujours cherché à repousser les conventions, que ce soit dans sa musique ou dans ses écrits, avec un langage direct et un ton provocateur.
C’est au début des années 1970 qu’il cofonde Aut’Chose avec Pierre-André Gauthier, un groupe qui combine rock et poésie. Leurs albums, comme Ch't'aime Pis Ch't'en Veux (1975) et Une Nuit Comme Une Autre (1975), marquent la scène musicale québécoise. Leurs chansons, dont Le Freak de Montréal et Ambulance Francoeur, rencontrent un large succès, et l'approche novatrice du groupe laisse une empreinte durable.
Malgré le succès initial, les tensions internes mènent à la dissolution d’Aut’Chose en 1976. Francoeur poursuit une carrière solo, explorant de nouvelles sonorités et thèmes. Il s’essaie au hip-hop avec le fameux Rap-à-Billy et continue d’écrire et de publier.
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Il contribue également aux débuts de la scène punk effervescente à Montréal, ayant découvert le genre en même temps que l’héroïne, à Vancouver. Il ne cache jamais ses expériences, affirmant que la consommation faisait partie de son quotidien. À la fin des années 1970, Francoeur s’envole pour la France, où il est témoin de l’essor du punk européen. En 1980, il est même invité par les Ramones à faire leur première partie à Montréal.
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Au cours des années 1980, il reçoit plusieurs distinctions littéraires, dont le prix Émile-Nelligan pour Les Rockeurs Sanctifiés. Francoeur s’investit également dans l'enseignement, devenant professeur de littérature aux cégeps de Rosemont et John Abbott. Il anime également des émissions radio, notamment à CKOI, où il fait la promotion du rock et de la poésie contemporaine.
Au début des années 2000, Aut’Chose se reforme avec des membres de Grimskunk, Voivod et Groovy Aardvark, ce qui mène à des concerts et à l’album Chansons d'épouvantes en 2006, nominé à l'ADISQ. Le groupe continue de se produire sur scène, adaptant son répertoire pour une nouvelle génération.
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Parallèlement, Francoeur s’engage dans divers projets littéraires et médiatiques. Il signe des chroniques dans des publications comme Québec-Rock et participe à des projets musicaux qui mettent en musique ses poèmes. Ses expériences personnelles, y compris ses luttes contre des dépendances, sont documentées dans Francoeur: on achève bien les rockers, produit par sa fille, Virginie.
Lucien Francoeur laisse derrière lui une œuvre diversifiée et un héritage important, couvrant plus de cinq décennies de contributions au rock et à la poésie québécoise. Ses archives sont conservées à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, témoignant de son impact durable sur la culture et les arts.