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Avec «Ain't No Damn Way», Kaytranada revisite l'histoire de la dance music

Le producteur montréalais revient à la charge avec un album qui le voit revenir vers ses débuts.

Avec «Ain't No Damn Way», Kaytranada revisite l'histoire de la dance music
Liam MacRae

Ceci est la traduction adaptée d’un article de Michaelangelo Matos, originalement publié par Rolling Stone le 15 août 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Kaytranada’s ‘Ain’t No Damn Way’ Is an Airy Amble Through Dance Music History avec la permission de son auteur. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.

Kaytranada compose une musique pensée pour les systèmes de sonorisation des clubs, mais qui trouve aussi un écho chez ceux qui n’y mettent jamais les pieds. Né à Port-au-Prince et élevé à Montréal, il s’inscrit dans la lignée de maîtres du beat comme J Dilla, Madlib et Flying Lotus. La chaleur de ses productions se distingue toutefois: moins «analogique poussiéreux» que chez les deux premiers, moins maximaliste en 3D que chez FlyLo, elle évoque plutôt une patine numérique adoucie.


Avec Ain’t No Damn Way!, son cinquième album (en comptant Kaytraminé, sa collaboration de 2023 avec Aminé), Kaytranada dit vouloir renouer délibérément avec les morceaux orientés DJ qui ont bâti sa réputation: des remixs nerveux et précis de Janet Jackson ou Teedra Moses qui ont embrasé les pistes de danse au milieu des années 2010, bien avant la sortie de 99.9% en 2016. Même si l’essentiel de Ain’t No Damn Way! repose sur des rythmes house, l’album s’écoute aussi avec aisance en dehors du club: il propose une traversée aérée de l’histoire de la musique de danse, loin de l’exubérance des festivals EDM ou de la frénésie des nuits berlinoises.

Dès l’ouverture, le ton est donné: Space Invader s’inspire du néo-rave de 1992 avec ses synthés incisifs, ses boîtes à rythmes évoquant les débuts de Run-DMC et son refrain vocal répétitif. Ces éclats électroniques resurgissent ailleurs sur Ain’t No Damn Way!, dans des contextes plus tempérés: Home, avec sa ligne de basse qui plonge en profondeur, ou Things, dont la démarche souple est perturbée par des zébrures sonores extraterrestres et des machines stridentes rappelant des cris d’oiseaux. On pourrait sans peine l’imaginer sur la trame sonore de Miami Vice — la série, pas le film. Target Joint adopte une mélodie bondissante sertie d’éclats électroniques lumineux qui se désagrègent en périphérie.

Une bonne part de Ain’t No Damn Way! baigne dans une atmosphère disco, quoique profondément remodelée. Championship juxtapose un échantillon vocal étouffé («doot-doot-doot») à des claviers électriques étincelants qui rappellent les années 1970, mais son battement à quatre temps semble plus méditatif que dansant, et Kaytranada brouille le tout d’accrocs sonores inattendus. Sur Blackboy, or Shine Your Light for We, il revisite Barry White, maître du disco opulent, en modulant ses cordes pour leur donner une teinte mélancolique nouvelle. Chez Kaytranada, le disco cesse d’être une simple célébration pour devenir matière à réinvention nuancée.

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