La dernière fois que le chanteur et producteur Ikky est monté sur scène à Montréal, c’était au bar Le Ritz PDB en février 2024 devant 250 personnes. Il se produira de nouveau dans la métropole québécoise ce samedi, cette fois devant plus de 10 000 spectateurs au Centre Bell, dans le cadre de la tournée It Was All a Dream en compagnie de la superstar Karan Aujla.
Ce qui a des allures de rêve, comme l'évoque le titre de leur tournée, est pourtant bien réel. Cumulant près 2 milliards d’écoutes en ligne à travers le monde, dont 11 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, Ikky surfe sur la vague de musique canado-pendjabie qui jouit d’un succès sans précédent au Canada et ailleurs dans le monde.
Ayant d’abord fait une percée dans le Canada anglophone, le mouvement prend d’assaut le Québec avec le passage des deux artistes à Montréal. «Pour moi, la vague a commencé il y a déjà un certain temps, confie en entrevue l’artiste dont le nom complet est Ikwinder Singh. Il y a un momentum, on ne veut surtout pas casser la vague!» ajoute-t-il en riant.
Le 11 juillet dernier, Ikky a lancé Renaissance, un EP créé à quatre mains avec l’étoile britannique d’origine pendjabie Raf Saperra. Leurs cinq chansons mettent de l’avant le mélange diablement accrocheur qui caractérise cette mouvance musicale aux confins de la musique traditionnelle pendjabie, du hip-hop et de la pop.
La tournée It Was All a Dream, amorcée l’été dernier, s’est arrêtée notamment au Royaume-Uni, au Brésil, en Inde, en Australie et Nouvelle-Zélande. En plus de performer en première partie, Ikky assure la direction musicale et la production du spectacle de son compatriote Karan Aujla, devenu un des visages les plus connus de la mouvance pendjabie canadienne qui prend la planète pop d’assaut. Les deux artistes ont fait paraître ensemble l’album Making Memories en 2023, dont certains titres, comme Softly et Admirin’ You, cumulent des centaines de millions d’écoutes. Après leur arrêt en sol montréalais, ils poursuivront leur tournée en Europe, notamment à Paris, à Amsterdam et à Milan.
En plus de sa carrière d’artiste, Ikky est à la barre du label 91 North, qui fait le pont entre les artistes de l'étiquette Warner au Canada et en Inde dans le but de promouvoir leurs talents sur la scène internationale. Je souligne que son parcours est épatant pour un artiste dans la mi-vingtaine. «Je n’y pense pas trop, même si les gens me rappellent constamment mon jeune âge! Ma carrière est encore jeune, ça me permet de prendre des risques», dit-il humblement.
Natif de l’Ontario, Ikky a grandi en écoutant presque exclusivement de la musique pendjabie. «On n’écoutait aucune musique en anglais à la maison. La première fois que j’ai entendu du rap, c’était du Drake au secondaire», raconte-t-il. Le métissage de ses différentes influences lui ont permis de se démarquer en créant son propre son. «Parce que je suis Canadien, j’ai voulu mélanger ces genres de la façon la plus authentique possible», précise-t-il.
Ambitieux, le jeune artiste souhaite que la vague pendjabie prenne de l’ampleur et transcende les publics, à l’instar de la K-pop. «On sait que c’est gros au Canada grâce à l’importante diaspora d’origine indienne, dit-il. On a encore beaucoup de travail à faire pour rejoindre les masses. Rendu où on est, on en veut plus.»