Ceci est la traduction adaptée d’un article de Cheyenne Roundtree et Nancy Dillon, originalement publié par Rolling Stone le 27 mai 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Sean Combs’ Ex-Employee Says Mogul Threatened to Kill Kid Cudi avec la permission de ses autrices. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.
Capricorn Clark, ancienne employée de Sean Combs, a témoigné mardi que le magnat de la musique était muni d’une arme à feu et avait déclaré vouloir «tuer» le rappeur Kid Cudi après avoir découvert sa relation avec Casandra «Cassie» Ventura, en décembre 2011.
À la barre des témoins lors du procès pour trafic sexuel et racket de Combs à New York, Clark a raconté aux jurés que Combs avait commencé à cogner à sa porte ce matin-là, dans une rage incontrôlable, le pantalon déchiré, laissant paraître ses sous-vêtements.
«Habille-toi, on va aller tuer ce n****», lui aurait ordonné Combs. Clark a dit avoir tenté de protester, mais Combs lui aurait répondu: «Je me fous de ce que tu veux faire.» Elle a ajouté que Combs était «hors de lui» parce qu’elle ne lui avait pas révélé la relation entre Cudi, de son vrai nom Scott Mescudi, et Ventura, l’une des femmes que Combs est accusé d’avoir exploitées sexuellement.
Bien que Clark ait affirmé que Combs l’avait déjà menacée auparavant, c’était la première fois qu’il se présentait chez elle, selon son témoignage. «Je ne l’avais jamais vu avec une arme», a-t-elle précisé. Clark a affirmé qu’elle, Combs et un garde de sécurité s’étaient rendus chez Mescudi à Los Angeles, Combs tenant l’arme sur ses genoux. Une fois sur place, Combs et le garde seraient entrés dans la maison, tandis que Clark serait restée dans la voiture pour appeler Ventura afin de la prévenir. Elle a dit avoir «prié» pour que Cudi ne soit pas à la maison, selon les médias.
Clark a raconté avoir supplié Ventura d’empêcher Mescudi de confronter Combs. «Cassie, arrête-le, il va se faire tuer», l’aurait-elle avertie. Peu de temps après, Mescudi serait arrivé en voiture à côté de l’Escalade de Combs, garée devant la maison. Mescudi aurait alors pris la fuite, avec Combs à sa poursuite.
«Ça m’a semblé durer une éternité, mais ça ne pouvait pas durer plus d’une minute», a déclaré Clark à propos de cette poursuite, qui aurait pris fin à la vue d’un véhicule de police. Plus tard, Combs l’aurait forcée à appeler Ventura et à servir d’appât. «Il m’a», se rappelle-t-elle avoir dit à Ventura. «Il ne va pas me laisser partir.» Ventura aurait accepté de les rencontrer. Clark a dit que Combs leur aurait ordonné d’empêcher Mescudi de signaler l’intrusion et l’implication de Combs à la police, sinon tous les trois subiraient des représailles physiques.
«Je vais tous vous tuer, bande d’enfoirés», aurait menacé Combs. Clark a éclaté en sanglots en racontant comment elle avait vu Combs frapper Ventura à répétition dans une ruelle. Elle a dit que Combs «défonçait Cassie à coups de pied» de toutes ses forces, et que Ventura s’était recroquevillée en position fœtale. Combs lui aurait alors lancé: «Dégage d’ici» si elle ne voulait pas se faire battre elle aussi.
Clark a expliqué avoir tenté de faire intervenir deux gardes du corps de Combs, en vain. Elle a également affirmé avoir contacté la mère de Ventura pour lui demander de «venir l’aider». Elle a soutenu que Combs avait continué à les menacer, elle et Ventura, à de multiples reprises après l’incident. «Je devrais vous tuer, toutes les deux, et je devrais lui lacérer le visage», aurait-il dit.
Âgée de 46 ans, Clark est considérée comme une témoin clé du procès, appelée pour corroborer les faits présentés dans l’acte d’accusation. Les procureurs affirment que Combs l’a kidnappée pour la mener à l’intrusion chez Mescudi, puis aurait fait incendier la voiture du rappeur quelques semaines plus tard.
Combs nie les accusations d’enlèvement et d’incendie criminel, et plaide non-coupable aux cinq chefs d’accusation criminels. L’un d’eux affirme qu’il aurait exploité sexuellement Ventura en la forçant à participer à des relations sexuelles alimentées par la drogue avec des escorts masculins. Combs soutient que ces rencontres, qu’il appelait des freak-offs, étaient consensuelles. Contre-interrogée, Clark a témoigné de sa perception du couple Combs-Ventura: «Je trouvais que leur relation était toxique.»
Ventura a dit aux jurés que Combs avait découvert sa relation avec Mescudi en fouillant son téléphone pendant un freak-off à Los Angeles, et qu’il y avait trouvé des courriels échangés avec Clark, dont un concernant son nécessaire de toilette qu’elle prévoyait amener chez Mescudi le lendemain. Elle a affirmé que Combs était entré dans une rage folle. Il aurait placé un tire-bouchon entre ses doigts et l’aurait chargée. «Ses yeux sont devenus noirs, il était fou de rage», a-t-elle dit.
Ventura aurait fui la scène et appelé Mescudi, qui serait venu la chercher. Témoignant jeudi dernier, Mescudi a raconté avoir amené Ventura à l’hôtel Sunset Marquis pour la protéger. Ils auraient parlé avec Clark au téléphone, qui leur aurait dit qu’elle avait été «forcée d’accompagner» Combs à la maison de Mescudi, dans les collines d’Hollywood.
«Elle m’a dit que Sean Combs et un affilié s’étaient présentés chez elle et l’avaient obligée à monter dans la voiture pour venir chez moi», a témoigné Mescudi. «Ils l’ont forcée physiquement.»
Mescudi a affirmé que Clark lui avait dit que Combs était entré dans la maison pendant qu’elle attendait dans la voiture. «Elle avait très peur, elle semblait au bord des larmes», a-t-il dit.
Mescudi et Ventura ont tous deux affirmé que Clark était une amie, qu’ils voyaient régulièrement avant l’intrusion alléguée. Ventura a dit qu’ils avaient rencontré Clark après l’incident pour lui expliquer «tout ce qui s’était passé». Elle a ensuite écrit un courriel à sa mère et à Clark, le 23 décembre 2011, pour garder une trace des menaces présumées de Combs, disant qu’il avait menacé de diffuser deux «vidéos sexuelles explicites de moi» et de «faire du mal à moi et à Scott Mescudi».
Dans sa déclaration d’ouverture le 12 mai, la procureure Emily A. Johnson a soutenu que Combs avait «kidnappé» Clark avant de se rendre chez Mescudi. En défense, l’avocate Teny Geragos a dépeint Clark comme une employée de longue date qui avait continué à travailler pour Combs après les faits allégués. «Posez-vous la question en écoutant son témoignage: est-ce que cette personne a vraiment été kidnappée? Je m’attends à ce que les preuves démontrent que, même après l’ouverture d’une enquête criminelle contre Combs, elle a demandé à retravailler pour lui 12 ans après son licenciement.»
Après que Ventura eut intenté une poursuite civile contre Combs en novembre 2023, Clark aurait qualifié Combs de «diable» dans une publication privée sur Twitter, aujourd’hui X. «Les femmes noires finissent toujours par être sacrifiées. Durant les 11 dernières années, j’ai dû composer avec la fidélité insensée de tout le monde envers le diable. Je prie pour que ça finisse. Je ne pense pas du bien de vous. Vous ne pouvez plus faire semblant que tout est correct. Faites mieux», écrivait-elle.
Mardi, Clark a dit que la poursuite de Ventura l’avait «traumatisée». Elle a raconté l’évolution de sa carrière auprès de Combs, affirmant qu’elle avait commencé et terminé sous la menace. Elle a dit qu’à son premier jour de travail, en 2004, Combs l’avait emmenée à Central Park après la tombée de la nuit et l’avait mise en garde parce qu’elle avait déjà travaillé pour Death Row Records, le label hip-hop rival dirigé par Suge Knight.
«Il m’a dit qu’il ne savait pas que j’avais travaillé avec Suge Knight, et que si quoi que ce soit arrivait, il allait devoir me tuer», a-t-elle raconté au procureur Mitzi Steiner.
Clark a également dit que Combs avait déjà évoqué l’usage de la force létale en parlant de 50 Cent. Selon elle, Combs aurait dit dans un ascenseur: «Je n’aime pas les confrontations. Je ne fais pas ça. Moi, j’aime les armes.»
Clark a aussi raconté que Combs l’avait accusée à tort d’avoir volé des bijoux prêtés par un joaillier. Il aurait fait fouiller son appartement, l’aurait enfermée dans un bureau et lui aurait imposé plusieurs jours de tests au détecteur de mensonges. L’un des gardes l’aurait prévenue: «Si tu ne te calmes pas assez pour obtenir une bonne lecture, ils vont te jeter dans l’East River.» Clark a accepté les tests parce qu’elle croyait que c’était le seul moyen de prouver son innocence. «J’étais terrorisée», a-t-elle dit, précisant que son poste, payé 65 000 $ par année, lui avait causé de l’alopécie liée au stress.
Clark a ajouté qu’une fois à Miami, Combs lui avait foncé dessus après qu’elle se soit plainte à un chef cuisinier de ses conditions de travail. «T’aimes pas ça ici?», lui aurait-il lancé avant de la pousser violemment sur près de 30 mètres. Un garde serait intervenu. Clark a quitté son emploi après cet incident, disant que cela avait «franchi une limite». Lorsqu’il l’a renvoyée en août 2012, Combs lui aurait dit qu’elle ne «travaillerait plus jamais».
Contre-interrogée, Clark a confirmé avoir rencontré deux avocats de Combs le 10 avril 2024 pour discuter d’un possible retour comme chef de cabinet. Elle était accompagnée de Bryan Freeman, avocat de célébrités représentant notamment les frères Menendez et Justin Baldoni. Elle n’est toutefois pas retournée travailler pour Combs.
Clark a aussi exprimé de l’émotion en parlant de ses débuts avec Combs et des succès professionnels qu’ils ont partagés. Elle a affirmé qu’il avait «brisé le plafond de verre» pour de nombreuses personnes noires dans l’industrie musicale. La défense lui a confronté un message qu’elle avait envoyé à Combs en juin 2021, où elle disait avoir eu un «gros crush» sur lui avant de travailler avec lui. Clark a été catégorique: leur relation était toujours restée «1000 %» platonique.