Ceci est la traduction adaptée d’un article de Cheyenne Roundtree et Nancy Dillon, originalement publié par Rolling Stone le 29 mai 2025. Nous republions l'article originalement intitulé Sean Combs’ Ex-Assistant Testifies He Sexually Assaulted Her avec la permission de ses autrices. Notez que certaines subtilités et nuances peuvent différer de la version originale.
Une ancienne assistante personnelle de Sean Combs a témoigné jeudi à la barre, affirmant aux jurés que le fondateur de Bad Boy, connu par son personnel sous le nom de Puff, l’a fait travailler sans relâche et l’a agressée sexuellement durant son emploi, de 2009 à 2017.
«Les hauts étaient très hauts et les bas très bas. L’humeur de Puff dictait l’ambiance», a-t-elle déclaré, selon NBC News. «Il me lançait des objets, me jetait contre le mur, me poussait dans la piscine.» Elle affirme également que Combs lui a lancé un seau à glace à la tête et l’a «agressée sexuellement» à plusieurs reprises.
Identifiée sous le pseudonyme Mia, la femme est désignée comme Victime-4 dans l’acte d’accusation pénale du district sud de New York contre Combs. Ses allégations sont liées à l’accusation de racket visant le magnat de la musique. (Combs a plaidé non coupable aux cinq chefs d’accusation criminels.)
Mia a raconté aux jurés avoir obtenu le poste après avoir déménagé à New York, où elle a d’abord travaillé pour la designer de mode Georgina Chapman, puis comme assistante de l’acteur Mike Myers. Elle affirme que Combs l’a accueillie en sous-vêtements lors de leur premier entretien et qu’elle a travaillé 24 heures d’affilée dès son premier jour. Elle dit avoir déjà travaillé cinq jours sans dormir, s’appuyant sur une drogue de performance, l’Adderall, pour tenir le coup. Son poste comprenait aussi des fonctions de développement stratégique chez Revolt Films. Elle n’avait pas le droit de quitter son poste sans l’autorisation de Combs. Celui-ci pouvait lui demander de lui faire craquer les jointures, d’écrire un scénario ou de faire ses impôts, selon son témoignage.
«J’ai eu un effondrement physique, j’ai perdu l’ouïe, j’avais l’impression d’être sous l’eau, mon équilibre était perturbé, ma vision était floue, j’étais en crise de larmes incontrôlable», a-t-elle dit, toujours selon NBC News. «À ce moment-là, Puff a dit que je pouvais aller dormir.»
Selon les procureurs, Combs a utilisé sa richesse considérable et son «empire commercial aux multiples facettes» pour satisfaire ses désirs sexuels, commettant des crimes allant de la traite sexuelle aux agressions physiques, en passant par les menaces, le travail forcé, l’enlèvement, l’incendie criminel, la corruption et l’entrave à la justice. Il aurait contraint ses employés épuisés à exécuter ses ordres en recourant à la violence physique et à des menaces financières et réputationnelles.
Les procureurs soutiennent que Combs a exploité Mia «jusqu’à l’os» et l’a agressée sexuellement. Pendant son emploi, «l’accusé s’est imposé sexuellement à elle, glissant la main sous sa robe, déboutonnant son pantalon et la forçant à lui faire une fellation, puis se glissant dans son lit pour la pénétrer contre son gré», a déclaré la procureure fédérale Emily A. Johnson lors de son exposé d’ouverture.
Pendant des vacances dans les îles Turques-et-Caïques, Combs aurait tiré Mia, endormie, hors de son lit pour tenter de lui arracher son téléphone, a témoigné Casandra «Cassie» Ventura durant la première semaine du procès.
Mia est l’une des deux témoins à qui la cour permet l’utilisation d’un pseudonyme, après qu’elle eut déclaré que témoigner sous son vrai nom au sujet de détails «extrêmement sensibles» entraînerait une publicité «humiliante et traumatisante». Ses avocats ont aussi souligné qu’elle craignait des représailles et du harcèlement de la part de Combs ou de ses partisans.
Avant le témoignage de Mia, on savait peu de choses sur cette employée, bien que son nom ait été mentionné à quelques reprises pendant le témoignage de Ventura. Les deux femmes étaient amies, selon Ventura, qui raconte qu’elles passaient du temps ensemble, notamment lors d’un séjour d’une semaine en Afrique du Sud en 2015, pendant un tournage.
Pendant ses quatre jours à la barre, Ventura a déclaré que Mia était présente physiquement lors de plusieurs agressions, notamment lors de l’attaque d’août 2013, qui avait nécessité des points de suture.
Quelques années auparavant, pendant la fin de semaine des Grammy Awards 2010, Ventura raconte qu’elle et Mia ont fui une fête dans la résidence de Prince, où elles s’étaient rendues sans l’autorisation de Combs. Ce dernier est soudainement apparu, visiblement en colère. «J’ai aperçu son visage, alors j’ai couru aussi vite que possible vers la cour avant», a dit Ventura, ajoutant que Mia avait quitté les lieux avec elle.
«C’est un peu flou, mais le souvenir le plus clair que j’ai, c’est de courir et de tomber dans les buissons à l’avant», a-t-elle ajouté. «Je ne sais pas s’il était sur moi à ce moment-là. Je n’en ai aucune idée. Je me souviens juste être tombée dans les buissons, puis m’être relevée rapidement pour rentrer à l’hôtel.»
Une fois à l’hôtel, Combs aurait fait irruption dans sa chambre et l’aurait battue, lui causant un œil au beurre noir, des bosses à la tête et une lèvre éclatée, selon Ventura et son amie, la maquilleuse de célébrités Mylah Morales.
Mercredi, Deonte Nash, styliste de célébrités et ami proche de Ventura, a lui aussi mentionné Mia, décrivant un épisode durant lequel lui et Mia auraient tenté, sans succès, de retenir Combs alors qu’il frappait Ventura endormie en août 2013. Combs les aurait projetés au sol tous les deux, avant de pousser Ventura contre le cadre de son lit, provoquant une profonde entaille à l’arcade sourcilière, qui a nécessité des points de suture.
Le gouvernement a déjà démontré que plusieurs employé·es de Combs et personnes sur sa liste de paie ont été témoins de violences physiques envers Ventura tout au long de leur relation. Les anciens assistants George Kaplan et Capricorn Clark, l’artiste de Bad Boy Dawn Richard, Morales et Nash ont tous témoigné avoir vu Combs attaquer violemment Ventura.
Mia est la quatrième ancienne assistante personnelle à témoigner contre son ancien patron. Son témoignage devrait rejoindre celui de Kaplan, David James et Clark, qui ont tous affirmé avoir travaillé sans relâche et devoir rester disponibles à tout moment.
Clark a déclaré qu’elle dormait entre deux et quatre heures par nuit lorsqu’elle était l’assistante de Combs entre 2004 et 2006. Sur une période de trois mois, elle dit avoir accumulé 80 000 $ en heures supplémentaires. Lorsqu’on a présenté les documents à Combs, il les aurait déchirés.
Dans sa propre déclaration d’ouverture, l’avocate de Combs, Teny Geragos, a invité les jurés à remettre en question les motivations de Mia. «Quelles sont les raisons qui la poussent à dire ce qu’elle dit maintenant, qu’elle n’a jamais dit auparavant?», a-t-elle demandé. «Et surtout, qu’elle n’a jamais dit lorsqu’elle a commencé à coopérer avec le gouvernement?»
Les procureurs, de leur côté, soutiennent que Mia a mis des années à «assimiler» son expérience. «Mia vous expliquera comment elle ne pouvait pas parler de ce qu’elle a vécu avant récemment, comment elle voulait emporter le secret de ce que l’accusé lui a fait dans sa tombe», a déclaré la procureure Emily A. Johnson.